C'est la crise entre les supporters du PSG
LE PSG se serait bien passé de ce nouveau dossier encombrant. Il doit pourtant gérer aujourd'hui le lourd différend opposant deux de ses associations officielles : les Tigris Mystic (virage Auteuil) et les Boulogne Boys (kop Boulogne). Un affrontement se programme à l'occasion du déplacement à Marseille.
Le message des Boulogne Boys est explicite : « La situation ne pourra pas s'apaiser tant que les Tigris Mystic continueront de fréquenter les tribunes parisiennes. »
Comment en est-on arrivé là ?
En 2003-2004, Les Tigris Mystic ont fêté leurs dix ans en déployant au Parc des Princes cette banderole : « L'avenir est à nous ». Les Boulogne Boys, qui existent depuis 1985, n'ont pas apprécié. Les deux associations se sont affrontées à plusieurs reprises en déplacement. Les rivaux ont fait cause commune la saison passée pour obtenir le départ de Jean-Pierre Larrue, ancien responsable de la sécurité. Le 27 août dernier, avant PSG - Nice, les Boulogne Boys n'ont pas respecté la minute de silence en hommage aux Africains décédés dans l'incendie d'un immeuble du XIII e arrondissement. Les Tigris Mystic, qui revendiquent leurs origines multiethniques, ont stigmatisé ce comportement lors du déplacement au Mans, le 24 septembre. Des affrontements ont éclaté à la mi-temps, puis au retour des bus au Parc des Princes. Un membre des Boulogne Boys a été laissé sans connaissance. Des opérations de représailles ont eu lieu il y a deux semaines avant PSG - Nantes.
Où en est-on aujourd'hui ?
Le PSG n'a pas encore mis en vente les mille places dont il dispose pour Marseille. Les Tigris Mystic souhaiteraient en obtenir deux cents mais n'ont pas effectué de demande officielle. Les Boulogne Boys seront une centaine. « Nous irons à Marseille mais on ne sait pas comment ça va se passer, témoigne Pierre-Louis Dupont, leur président. En cas de rencontre entre les deux groupes, il y a de fortes chances pour que chacun soit en demande . Les ressentiments sont tels que si on se croise, il y a des gros risques. »
Le club a-t-il les moyens d'éviter un affrontement ?
Face à des incidents programmés, le PSG écarte pour l'instant la possibilité de ne pas distribuer son quota de billets. « Nous travaillerons avec les associations qui viendront nous demander des places, assure Jean-Philippe D'Hallivillée, directeur de la communication et responsable du département supporters. On attend des nouvelles des Tigris. » Autre solution : couper en deux la tribune visiteurs au Vélodrome. « On verra, ajoute-t-il. Nous allons travailler avec l'OM et les pouvoirs publics. » A partir de l'aire d'autoroute de Peypin à 45 km de Marseille, les stadiers du PSG encadreront les supporters parisiens, placés sous escorte policière. Mais les possibilités d'incidents avant ce point de ralliement ou lors du trajet retour ne sont pas à exclure.
Ce conflit va-t-il pourrir la saison ?
Après dix journées, les vieilles rancoeurs ont donc ressurgi. « Avant le déplacement au Mans, il n'y avait pas de problème, raconte Pierre-Louis Dupont. Nous fonctionnons chacun dans notre coin. En moins de quatre mois, on s'est remis dans la même merde. C'est très bête de leur part. » Désormais, le risque d'incident plane sur chaque rencontre du PSG. « Seule la dissolution des Tigris permettra de ramener la stabilité », conclut le président des Boulogne Boys. L'association d'Auteuil se réunit ce matin.
Le club est mis devant ses responsabilités
QUI ENDOSSERAIT la responsabilité d'éventuels affrontements entre supporters officiels du PSG ? « Le club visiteur est responsable du comportement de ses supporters à l'intérieur du stade », répond Jacques Thébault, directeur général de la Ligue de football professionnel (LFP). Si le club qui reçoit est chargé de coordonner le dispositif de sécurité, notamment lors des matchs sensibles, il laisse la gestion de l'espace visiteurs à son hôte. « Récemment, on a eu des soucis avec nos supporters à Nice et on a écopé de 45 000 € d'amendes, rappelle Guy Cazadamont, directeur de la sécurité de l'OM.
Alors quand nous recevons au Stade-Vélodrome, il est normal que nous ne soyons pas sanctionnés pour ce que font les supporters visiteurs. » Pour encadrer ses supporters avant, pendant et après le match de dimanche à Marseille, le PSG envisage de mobiliser une quarantaine de stadiers. L'affaire est sérieuse, car le panel de sanctions dont dispose la commission de discipline de la LFP va de la simple amende au match à huis clos. Le 26 février dernier, le club de la capitale avait déjà été contraint de recevoir Bastia dans un stade vide et la perte financière avait dépassé le million d'euros.
Un large périmètre de sécurité
Mais le risque d'incidents s'étend hors de l'enceinte du Stade-Vélodrome. Sur le trajet entre Paris et Marseille, les autorités policières de tous les départements traversés sont en alerte pour repérer les zones à risques. Dans les Bouches-du-Rhône, un large périmètre de sécurité et un dispositif conséquent laissent peu d'espoir aux supporters venus en découdre. « Nous sommes préparés à intervenir de manière chirurgicale, prévient le commandant Mercier, responsable du groupe de violence urbaine de la police marseillaise. S'il y a effectivement des bagarres entre supporters parisiens nous n'hésiterons pas à procéder à des interpellations et à les présenter au procureur. Ça ne me gêne pas de les envoyer à la prison des Baumettes vêtus de leur maillot du PSG.
![Applause =D>](http://www.massalialive.com/forum/images/smilies/eusa_clap.gif)
» La vraie difficulté consiste souvent à identifier les fauteurs de troubles. La vidéosurveillance, rendue obligatoire dans les stades de L 1, n'est pas encore infaillible. Afin d'être mis hors de cause et dans un souci de citoyenneté, les clubs collaborent généralement avec les autorités policières et judiciaires, qui peuvent prononcer des peines allant de l'interdiction de stade à la prison ferme.