par drogba the best » 29 Aoû 2005, 12:53
RLD est serein pour l'OM
Recrutement : les arrivées de Gimenez, Cana et d'un défenseur (Dragutinovic ?) le rassurent.
Budget : il explique les difficultés de la saison passée par une augmentation (30%) de la masse salariale.
Vélodrome : il révèle l'existance d'un gros investisseur intéressé par le projet de couverture.
LOUIS DREYFUS : "PAS INQUIET"
L'actionnaire majoritaire de l'OM ne s'était plus exprimé depuis des mois. Il a accepté de se livrer à L.P., en compagnie de Louis acariès.
Il est 9 h 30. En tenue de supporter de l'OM, sac de sport sur l'épaule, Robert Louis-Dreyfus apparaît dans le hall du Sofitel Palm Beach. Louis Acariès est déjà attablé devant un café. Les deux hommes paraissent sereins, en dépit de la dernière place occupée par l'OM après cinq journées de championnat.
"J'estime que José Anigo et Pape Diouf ont effectué un bon recrutement, attaque l'actionnaire majoritaire en anticipant sur la première question. Il manquait trois éléments, un attaquant, un milieu et un défenseur. Gimenez est venu pour marquer et il le fait, Cana a besoin d'un minimum de temps d'adaptation et lorsque le défenseur aura signé, on pourra dire que l'effectif est plus que correct.
La base est meilleure que l'année dernière et les joueurs vont bien à l'OM, ils sont davantage dans l'esprit souhaité. "
Certes, mais l'équipe a récolté deux points sur quinze depuis le début du championnat...
"Nos résultats en dents de scie ne sont pas dûs à la Coupe Intertoto. Il existe des raisons plus profondes. Je ne crois pas à la fatalité. L'OM devrait compter 7 points au lieu de 2."
"Nous prenons trop de buts sur des centres, nous ne sommes pas bien placés sur les coups de pied arrêtés... Il y a des fondamentaux à travailler."
"Par le passé, des joueurs comme Beye et Méité étaient plus performants et je suis persuadé qu'ils vont le redevenir."
Sacré contraste entre cette triste soirée de championnat et celle de mardi dernier où, pour la première fois depuis 9 ans, Robert Louis-Dreyfus avait dansé sur la pelouse avec ses joueurs.
"C'était pour moi une très grande joie. A la mi-temps, je dois avouer que je n 'y croyais guère. Alors, après le coup de sifflet final, Louis m'a dit "Vas-y puisque tu en as envie". Et j'ai foncé sur le terrain."
Louis Acariès connaît son ami mieux que quiconque. "Il était comme les 60 000 autres spectateurs. Il n'y avait aucune raison de ne pas partager ce grand moment tous ensemble."
"Louis a un rôle de président, mais il ne veut pas l'être"
RLD semble s'enhardir avec Acariès à ses côtés. A moins qu'il n'ose tout simplement exprimer sa nature profonde.
"Les supporters doivent se persuader que nous aimons autant l'OM qu'eux, reprend l'actionnaire. Sans quoi, je ne serais pas là. Je n'ai aucun intérêt personnel en jeu ni une volonté quelconque d'être connu ou reconnu. Je suis là par passion, mais les gens ne s'en rendent pas compte. Le fait de ne pas être expansif ne signifie pas que l'on manque d'enthousiasme."
Depuis le mois de novembre dernier, progressivement, l'arrivée de Louis Acariès dans le jeu olympien a sensiblement modifié la donne. Le principal reproche fait à l'actionnaire était son éloignement de Marseille, assimilé à un détachement. Aujourd'hui, Louis Acariès n'est plus seulement les yeux et les oreilles du big boss, mais aussi sa voix.
"Notre fonctionnement est atypique, comme nous, dit Acariès. Moi, je suis là pour que les décisions prises par Robert soient appliquées, ce qui n'était pas toujours le cas. Désormais, il faut compter avec son avis."
La formule de Louis-Dreyfus est plus directe et fait tordre le nez à son ami. "Louis a en quelque sorte un rôle de président, mais il ne veut pas l 'être. "
"Ecoutez, reprend l'ancien champion d'Europe de boxe, si Robert prenait sa retraite et venait s'installer dans la région, il n'occuperait pas un bureau à la Commanderie ? C'est pareil pour moi. Je ne suis pas un employé. Je me tiens au courant de tout ce qui se passe et j'essaie de faire en sorte que le club marche droit. Robert et moi, nous ne faisons qu'un, c'est comme s'il était présent à Marseille tous les jours."
"La masse salariale est passée de 55 % à 85% !"
Concrètement, ces derniers mois, l'actionnaire n'a jamais eu l'intention de remettre de l'argent cash dans le club, ainsi qu'il l'a plusieurs fois affirmé, mais il se porte toujours caution d'un éventuel déficit. Ce qui reste vital pour l'OM, même après la vente d'un Didier Drogba à Chelsea.
Où sont passés les 33 millions d'euros du transfert ? Dans le comblement d'un déficit ?
"Non, répond RLD. Lorsque Didier Drogba a été vendu, les comptes étaient à l'équilibre. Le problème, c'est que dans la foulée, le poids de la masse salariale est passé de 55% à 85%. Ajoutez-y le montant des transferts de Luyindula, Pedretti, Costa... et vous vous retrouvez en difficulté, d'autant que le recrutement n'a pas été à la hauteur. C'est pourquoi cette année, il y a eu un gros travail de José Anigo pour dégraisser l'effectif. "
En clair, le manque de moyens de l'OM cette année tient essentiellement aux dérapages de la saison passée. Le recrutement actuel n'en est pas moins correct et même prometteur, mais il faut encore tout reprendre à zéro, sans ossature. La faute à qui ? Au plus haut, sans doute à Robert Louis-Dreyfus qui, par l'entremise de Louis Acariès, fait enfin entendre sa voix de patron, tout en laissant à chacun sa part de responsabilités.
"Cette année, pour la première fois, on m'a demandé mon avis sur l'essentiel des nouveaux joueurs, explique RLD. Je participe. L'an dernier, j'avais proposé de recruter Oruma et on avait pris Costa. Là, j'ai par exemple suggéré le nom du défenseur central qui devrait signer sous peu (Ivica Dragutinovic, du Standard de Liège ). Je l'ai souvent vu jouer. II est intelligent, bon de la tête. Un vrai patron de défense."
Si l'actionnaire entend jouer un rôle plus actif, fort de ses relations et de ses connaissances, il ne va pas pour autant se substituer à ses techniciens.
"Nous avons mis en place un correspondant en Amérique du Sud"
"Louis Acariès doit mettre en place une structure de recrutement plus performante. C'est une priorité depuis longtemps, mais nous n'y sommes toujours pas parvenus. On devrait voir un maximum de compétitions dans les catégories de 17 et 19 ans et faire suivre les joueurs intéressants à sept ou huit reprises par quatre ou cinq personnes différentes.
Il nous faut aussi des relais à l'étranger. Nous venons d'ailleurs de mettre en place un correspondant en Amérique du Sud, chargé de prospecter pour le compte de l'OM (il s'agit de Chico Gimenez, ancien collaborateur de Luis Fernandez, ndlr). "Je reviens du Brésil où j'étais en voyage d'affaires, et je peux vous dire que les meilleurs Brésiliens entre 22 et 27 ans sont déjà en Europe. Là-bas, les clubs se retournent vers l'Argentine où il faut se rendre."
Un regard vers l'extérieur qui n'exclut pas la formation... "Là aussi, on doit tout remettre à plat. Depuis mon arrivée à l'OM, la formation a coûté entre 2 et 3,5 millions d'euros par an. Nous avons sorti Flamini, Nasri, Laurenti, Gavanon, Guillaume Deschamps... C'est peu. Le retour sur investissement n'est pas bon."
Des remises en cause, des projets, des souhaits qui semblent viser le long terme et ne cadrent pas avec les rumeurs de rachat du club par des financiers du Qatar ou de Russie... "
"II n'y a pas de repreneur et je ne suis pas vendeur"
"Je n'ai reçu aucun proposition, affirme Robert Louis-Dreyfus. Ce ne sont que des rumeurs. J'ai toujours envie de gagner quelque chose avec l'OM, et comme ce n'est pas le cas... De toute manière, il faudrait avoir les poches très profondes pour espérer acquérir le club. Je ne le laisserai pas à de petits aventuriers. Il n'y a donc ni proposition ni volonté de vendre."
Sans doute la rumeur a-t-elle été alimentée par la perspective du procès des comptes de l'OM envisagé en janvier 2006 ?
"Je ne me vois pas partir à cause d'une convocation au tribunal. Ce ne sont, là encore, que des bruits. Il n'y a vraiment aucune relation entre les deux. Je trouverais assez bas de vouloir influencer la justice française en laissant entendre que je pourrais foutre le camp. Je ne pratique jamais la confusion des genres. Je respecte la justice et je ne suis pas inquiet."
Un dernier mot sur le stade Vélodrome. Comment le patron de l'OM juge-t-il le projet d'agrandissement et de couverture porté par l'adjoint aux sports de la Ville de Marseille, Robert Villani ?
"J'ai trouvé un investisseur pour le Vélodrome"
"C'est un beau projet pour lequel on peut trouver un financement intelligent. Un gros investisseur étranger est intéressé, afin que la part du public soit minime dans l'affaire.
Il faut maintenant une volonté politique d'aboutir. Depuis la Coupe du monde 1998. la conception des stades et les techniques ont beaucoup évolué. Les enceintes sont devenues de véritables lieux de vie et je crois qu'il ne faut jeter la pierre à personne pour le Vélodrome. En dix ans, tout a beaucoup changé..."
Sauf peut-être le public, toujours aussi fidèle...
"Il reste derrière son équipe et il n'y en a pas beaucoup comme celui-là dans toute l'Europe. Contre La Corogne, il a vraiment pesé et constitué le douzième homme".
II lui faudrait toutefois quelques satisfactions en championnat. "Il n'y a aucune raison pour que l'équipe ne se mette pas à tourner. Je ne suis pas inquiet, là non plus". conclut Robert Louis-Dreyfus.
"Nous ne sommes pas inquiets", appuie Louis Acariès.
La Provence