Après plusieurs semaines d'incertitude, le président du directoire de l'Olympique de Marseille (OM), Pape Diouf, a annoncé, jeudi 2 juin, qu'il était nommé président de plein titre du club de football, que José Anigo devenait directeur sportif, et a confirmé qu'il mettait fin à la "mission" de l'entraîneur Philippe Troussier. Le sort du coach marseillais était scellé depuis longtemps, au vu notamment de l'échec sportif de l'OM (5e), mais aucune communication officielle du club n'avait fait état de son départ.
Le nouvel organigramme de l'OM a été officialisé lors d'un conseil de surveillance du club tenu jeudi après-midi à Paris, dans le 8e arrondissement. "Je suis devenu président du club dans son acception générale avec la totalité des charges inhérentes à cette fonction. Thierry de La Brosse a été confirmé comme directeur général. Sur ma proposition José Anigo a été nommé directeur sportif", a déclaré Pape Diouf à sa sortie du conseil de surveillance.
Le poste d'entraîneur de l'OM actuellement occupé par Philippe Troussier, devrait également changer de propriétaire. "Nous allons travailler là-dessus la semaine prochaine", a confié Diouf, confirmant que la mission de Troussier arrivait "en fin de parcours". Pape Diouf a refusé de citer des noms, reconnaissant toutefois que "les pistes étaient dans la presse [Jean Fernandez, Guy Lacombe et Bruno Metsu]. On va réfléchir à cela. Sur proposition du directeur sportif, je validerai". Selon toute vraisemblance, il s'agira de Jean Fernandez, actuel entraîneur de Metz, très attiré par le défi marseillais. Ce dernier a indiqué jeudi qu'il attendait "qu'on [le] recontacte ou non".
DEMI-SURPRISE
A leur sortie du conseil, José Anigo et Louis Acaries ne se sont pas exprimés. La double décision du conseil de surveillance de confirmer Pape Diouf comme président tout en nomment José Anigo directeur sportif est une demi-surprise, car les observateurs estimaient difficile leur cohabitation.
Arrivé au club en mai 2004 comme manageur général, Pape Diouf, ancien agent, était devenu président du directoire le 5 janvier, quelques semaines après l'éviction de Christophe Bouchet. José Anigo, ancien entraîneur du club qui avait redressé la trajectoire de l'OM en 2003-2004, avait démissionné de son poste le 23 novembre en raison des mauvais résultats. Il avait été remplacé par Philippe Troussier. Après de bons débuts, l'ancien sélectionneur du Japon n'a pas réussi à qualifier le club (5e de L1), ni pour la Ligue des champions ni pour l'UEFA.
Des contacts sérieux ont été établis avec Jean Fernandez, qu'apprécient à la fois Anigo et Diouf. L'entraîneur de Metz "réfléchit". Le nom de Guy Lacombe, ex-entraîneur de Sochaux, est également cité, comme celui de Bruno Metsu, ancien sélectionneur du Sénégal ou de Raynald Denoueix, ex-coach de Nantes et de la Real Sociedad (1re div. espagnole). Anigo apparaît ainsi comme le grand gagnant de cette journée décisive, sept mois après avoir démissionné de son poste d'entraîneur à la suite d'une série de contre-performances et notamment d'un double échec face au Paris SG.
Depuis quelques semaines, Diouf, président du directoire, ne cessait en effet de répéter qu'il refuserait de céder la moindre de ses "prérogatives", martelant notamment qu'il était le seul patron du secteur sportif. Si le communiqué officiel lui attribue "la totalité des responsabilités du club" et précise que c'est sur sa "proposition" qu'Anigo a été nommé, il n'en reste pas moins que le pouvoir sportif lui échappera désormais largement, même si, en tant que président, il ne saurait être totalement écarté des décisions.
Un léger flou sémantique émane d'ailleurs du communiqué du club. Il y est en effet écrit que Diouf est confirmé "président de l'OM". Or, celui-ci était déjà président du directoire. Son titre de "président" lui vaut-il désormais, dans l'esprit du conseil de surveillance, des compétences élargies alors que la présidence du directoire constitue déjà le plus haut poste de responsabilité du club ? Auquel cas, pourquoi employer le terme "confirmer" ? S'agit-il d'un titre flatteur pour rassurer Diouf ? L'intéressé a, lui, assuré : "Avant j'étais président du directoire. C'était plus une mesure juridique alors qu'aujourd'hui, je remplis le rôle de président dans sa plénitude."
Anigo, présent au conseil de surveillance, voit en tout cas exaucé son souhait ardent : demeurer au service de son club de toujours. C'est cette fibre-là qu'apprécie notamment"RLD", conscient du déficit d'image de l'OM après une valse permanente de dirigeants et responsables sportifs qui renvoie l'impression d'un club sans racines. C'est ce qu'a aussi compris Louis Acariès, proche de l'actionnaire principal qui lui avait confié un audit du club en décembre dernier, et artisan du rapprochement entre les deux hommes. "Le consensus est réussi, Pape et José vont travailler ensemble, je suis heureux", a-t-il lancé à l'issue de la réunion.
"Il y a de la place pour tout le monde", estimait de son côté Anigo avant ce rendez-vous, dans le souci manifeste de ne pas apparaître comme un opposant à Diouf. Les deux hommes se partagent désormais les clés. Dans le but de rouvrir les portes de la Ligue des champions la saison prochaine. Ce qui était déjà l'objectif de la saison écoulée
SOURCE LE MONDE.
