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« Pas peur de tourner le dos à Acariès »
25 mai 2005 - à Marseille - Olivier DE LOS BUEIS
Louis Acariès, l’homme de main de Robert Louis-Dreyfus, espèrerait associer la saison prochaine Pape Diouf et José Anigo à la tête du club. Une solution que pourrait accepter, à ses conditions, Pape Diouf qui affirme avoir aujourd’hui confiance en Acariès…
Pape Diouf, on lit ici ou là qu’il y a un rapprochement qui s’opère avec José Anigo ?
Il faut replacer les problèmes dans leur contexte. En l’occurrence, Louis Acariès a la volonté manifeste de trouver des solutions pour essayer de pacifier définitivement la situation qui prévaut aujourd’hui à l’OM, où pour le moins tout n’est pas comme ça devrait être. Il y a des discussions qu’il a menées de part et de d’autre. Notamment avec moi, en me proposant un plan d’action dans lequel il intègre José Anigo. Je dirai simplement que ce type de plan d’action est déjà quasiment un plan d’action que j’avais mis en place. José, lui-même, serait le premier à en témoigner. Ce n’est pas d’aujourd’hui que date mon intention de faire quelque chose avec lui. Je l’avais déjà prévu depuis longtemps.
Pourquoi n’avoir pas agi ?
Nous avons passé une année pour le moins assez mouvementée pour que nous n’ayons pas eu à changer les règles du jeu en cours de partie. Je souhaitais simplement attendre la fin de la saison pour voir comment nous allions nous y prendre pour resserrer les boulons. Il y a eu entre temps beaucoup de choses de dites qui ont peut-être vicié l’atmosphère et les relations. Aujourd’hui, il y a un préalable à tout, Louis Acariès le sait. Quand je suis venu ici, c’était dans des attributions très précises. Il est évident que rien dans mes attributions, si je dois rester, ne sera soustrait. Absolument rien. Je resterai celui que j’étais dans la responsabilité qui était la mienne, avec les prérogatives qui étaient les miennes et que je vous rappelle : je suis le responsable des entraîneurs et donc de leur nomination. Je suis le responsable des joueurs, du recrutement, du staff médical et des intendances. J’admets une idée : l’analyse se partage toujours, mais la décision jamais. En l’occurrence dans quelque configuration dans laquelle nous serions la saison prochaine avec moi comme pilote, la décision serait forcément mienne, totalement mienne.
C’est un ultimatum ?
Absolument pas. Vous connaissez mon caractère de cochon : j’agace, j’énerve. Je ne dis pas des choses que je ne penserais pas. Dans une tâche ingrate et difficile, Louis Acariès essaie d’une manière volontaire de trouver des solutions. Je réponds toujours présent à la bonne volonté. Je ne suis pas sourd à sa démarche ni à ses propos. Nous discutons actuellement. Nous essayons de voir à l’intérieur de l’OM quelle démarche serait la mieux indiquée pour que le club puisse poursuivre son activité dans les meilleurs termes et que nous puissions préparer de la meilleure des manières la saison à venir. Ce n’est donc pas un ultimatum, mais simplement un rappel. Ce qui intéresse les gens dans ce duo Diouf-Anigo, c’est de savoir qui sera la tête pensante, celui qui va décider. Ce problème-là n’est pas posé puisque j’ai dit que dans quelque configuration qu’on puisse mettre en place, si je suis là, c’est pour assumer dans leur plénitude les attributions qui sont les miennes. Mes prérogatives sont contractuelles. Tout est négociable, sauf ça.
« Anigo n’est pas un rival »
Vous n’excluez donc pas de travailler avec José Anigo ?
Je ne peux pas l’exclure car nous avons fait un long chemin ensemble. C’est un garçon auprès duquel je me suis trouvé quand il en a eu besoin. Le contraire est vrai aussi. Je ne peux pas avoir subitement une animosité envers lui ou en faire un rival. Il peut y avoir des malentendus. Il revient à tout le monde de voir d’où sont parties ces incompréhensions. Je n’exclue rien, mais il y a un préalable : c’est que mes attributions restent ce qu’elles sont.
Pourrait-il devenir directeur sportif ?
Je ne suis pas là pour faire l’organigramme. Mais rappelez-vous d’une chose. Quand José a quitté l’équipe et que son contrat stipulait qu’il pouvait retourner au centre de formation, c’est moi qui aie choisi qu’il reste à côté de moi. Aujourd’hui, il a quand même comme titre celui de « conseiller technique du manager général », il ne faut pas l’oublier. On est féru de titres ronflants…
Entre conseiller technique et directeur sportif, ce n’est pas pareil…
Il y a une nuance que les mots ne traduisent pas.
Vous seriez d’accord ?
Je n’ai pas dit ça. J’ai simplement dit que c’est moi qui l’ai nommé conseiller technique auprès de moi.
« Acariès a eu une démarche raisonnable et sympathique à mon égard »
Est-ce qu’un organigramme a déjà été décidé ?
Non, nous sommes dans la réflexion et dans la décision. J’ai une idée là-dessus, une idée assez précise. J’en ai parlé avec Acariès puisque nous nous sommes rencontrés. Cela relève de ma compétence du moins l’organigramme touchant au sportif.
Vous avez discuté avec Acariès avez-vous fait de même avec José Anigo pour vos répartir les rôles ?
Nous n’en sommes pas encore là même si j’ai entamé avec José une discussion très longue. Nous n’en sommes pas encore au stade de la définition d’un poste pour l’un ou pour l’autre.
Vous semblez avoir évolué concernant Acariès…
La question qui m’était posée concernant Acariès quand j’ai dit que je n’avais pas de compte à lui rendre était très précise. J’y avais répondu. Je sais observer les choses. A partir du moment où lui - l’actionnaire majoritaire en a convenu lui-même - représentait l’actionnaire, a eu envers moi une démarche raisonnable et même sympathique à mon égard, à partir de du moment où j’ai senti chez lui beaucoup de sincérité quand il me parle, que j’ai senti que sa démarche allait dans le sens des intérêts de l’OM, il était de mon devoir de l’écouter. Je l’ai fait. A l’époque j’ai juste dit qu’on ne m’imposerait bien : les choses peuvent se passer en toute intelligence entre Acariès et moi. C’est le cas. C’est un de ceux qui disent toujours clairement ce qu’ils pensent en face. Je n’ai pas peur de lui tourner le dos. Je n’en dirais pas ainsi pour tout le monde.
« J’ai beaucoup d’insuffisances, mais pas celui de l’imprévoyance »
Avez-vous rencontré Philippe Troussier ?
Philippe Troussier, à qui je rends hommage, puisqu’il est venu dans des conditions difficiles, ne s’attendait pas à une situation si compliquée. Il a tenu son poste jusqu’au bout. Je pense que ça n’a pas toujours été simple pour lui. Nous avions tenté un pari de six mois. Il arrive à terme. Il y a encore un match important. Nous aurons l’occasion de discuter. Mais si une décision le concernant doit être prise, j’aurais la courtoisie de lui en faire part d’abord à lui.
Pour bien préparer la saison prochaine et démarrer le recrutement il serait bion que tout soit fixé rapidement…
J’ai beaucoup d’insuffisances, mais pas celui de l’imprévoyance. A la place où je suis, il est certain que la saison à venir, je l’ai déjà intégrée totalement dans ma réflexion et ma démarche. Je ne saurai être pris de court. Il y a évidemment des problèmes. D’abord d’ordre financier et économique. Il faut savoir qu’il est beaucoup plus facile de parler du recrutement que de l’opérer. Si aujourd’hui j’avais la latitude totale sur le plan économique et financier pour prendre des joueurs, peut-être qu’avant le match face à Bordeaux je pourrais vous dire quels joueurs il faudrait prendre. Malheureusement, vous savez qu’il y a des contraintes financières qui font que nous sommes obligés d’en tenir compte. Ca peut même abréger des contacts que nous avons depuis un bout de temps.
Avec qui ?
Nous suivions des joueurs avant qu’ils ne se signalent à l’attention de l’Europe du football… Je citerai un seul nom, celui de Bouma à Eindhoven. Mes scouts m’en ont parlé en tout début de saison. On savait qu’il était libre. Nous pouvions nous placer sur lui. Aujourd’hui l’inventaire des joueurs qui nous intéresse est fait, mais il y a cette contrainte-là qui fait qu’on ne peut pas faire comme on a envie de faire au moment où nous avons envie de le faire. Ce n’est pas la mise en place de l’organigramme qui va accélérer le recrutement. Il faut faire le point aussi sur le plan financier pour savoir ce que nous pouvons faire ou pas.
Pape n’en avez-vous pas marre de devoir gérer tous ces problèmes de personnes qui vous écartent du terrain en fait…
Quand il y a des difficultés, il y a deux choix : les laisser et partir ou essayer de les résoudre. Mon parcours a toujours été de combattre. Rien n’a jamais été facile pour moi en France, vous pouvez l’imaginer. A partir du moment où j’ai la volonté d’aller de l’avant, j’y vais. Mais je ne suis pas un surhomme, cela peut arriver qu’un jour on se dise : « ce n’est plus faisable. » Là, je consacrerai mon énergie à autre chose et ailleurs. Mais tant que j’ai la volonté et la conviction que les choses peuvent évoluer, j’essaie de les faire évoluer.