La Réunion de Marseille réunit tout le gratin de la boxe française et internationale. Avec le Championnat du monde WBA des super-coq qui oppose Mahyar Monshipour et Shigeru Nakazato et le Championnat du monde WBA des super-légers avec Myriam Lamare et Elena Tverkholev sur le ring, comme "poings" d’orgue de la soirée.
INTERVIEW DE MAYAR MONSHIPOUR par Christian Delcourt
Tu es aujourd’hui considéré par beaucoup comme le meilleur boxeur au monde chez les super-coq… Que signifie pour toi cette reconnaissance ?
Elle me renvoie à mon enfance. J’ai toujours rêvé, voulu être le premier. C’est un peu la culture iranienne inculquée très jeune. Il faut être premier à lever la main pour donner une bonne réponse à l’école, il faut franchir la ligne, le premier, à la course à pied… Cette compétition m’a forgé un mental de battant, même si je suis parti très tôt de ce pays. Je resterai à vie le premier boxeur d’origine iranienne à avoir conquis un titre mondial. C’est une grande fierté.
C’est aussi donner un sens à sa vie ?
J’ai toujours voulu exister. Encore plus en arrivant en France. Il le fallait d’une façon ou d’une autre. Socialement, professionnellement, ça a toujours été un de mes vœux et de mes objectifs. Mais plus encore, je voulais devenir champion de quelque chose. De boxe, finalement, cela me convient parfaitement !
Connais-tu tes limites dans ce domaine ?
Je suis en constante progression. S’il n’y a pas d’accident, de défaite, je donne d’ailleurs rendez-vous à tout le monde dans deux ou trois combats pour apprécier encore un peu plus mon évolution. Techniquement, je ne sais pas où j’en serai car ma progression est énorme !
Techniquement, justement, l’évolution est… frappante !
Défensivement déjà, ma garde est vraiment hermétique et me permet d’être efficace offensivement. Je frappe fort. Les enchaînements sont courts, variés et nombreux. A chaque combat, on travaille de nouvelles séries. A ce niveau, je suis un boxeur différent. Le travail technique n’est jamais le même. C’est ce qui me permet d’avancer, de progresser et aussi de surprendre l’adversaire… et les spectateurs.
Tu as affronté un Thaïlandais lors de ton dernier combat. Vois-tu une différence avec la boxe japonaise ?
Autant je ne connais pas grand-chose des différentes cuisines asiatiques, autant je distingue désormais parfaitement les différentes boxes asiatiques ! Il n’y a rien à voir entre les Japonais et les Thaïlandais. Les Japonais sont assez rustres techniquement, très forts physiquement. Ce sont des "rentre-dedans" qui y vont pour gagner, le buste droit et la tête haute. Et en plus, ils sont extrêmement fiers. Quand j’ai découvert mon Nakazato sur cassette, je me suis revu cinq ans en arrière, avant de rencontrer mon entraîneur Mohammed Bennama ! Les Japonais n’ont pas une culture très lointaine de la boxe anglaise. Il leur manque un passé pugilistique. Ils sont souvent limités techniquement et assez exposés… Mais toujours très dangereux. Alors attention tout de même.
Rendez-vous, donc, à Marseille le vendredi 29 avril. Une ville et une salle qui devraient t’aller comme un gant ?
Je ne veux penser aussi qu’au positif. Marseille, cela me convient parfaitement. Je n’aurai pas le décalage horaire à surmonter alors que Nakazato en aura. Quand je vois l’accueil réservé à Mormeck ou à Sahnoune lors de leurs championnats du monde ces dernières années, je me dis qu’ils vont, en plus, adorer mon style de battant. J’aime enflammer les salles et pour mon premier combat à Marseille, je me prépare au meilleur.
Justement, l’entraînement a-t-il été un peu modifié ?
Forcément dans le rythme avec la semaine de décalage horaire en moins à surmonter. Mes mises de gants sont différenciées. Le planning a été aussitôt modifié à Blagnac, avec, notamment, trois premières semaines d’entraînement avec quatre rounds de gants par jour au lieu de deux semaines. Le réajustement est bien fait. Ne vous inquiétez pas, je suis de toute façon toujours prêt !