la Rumeur

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Messagepar Invité » 15 Nov 2004, 11:22

suite a l'emission de FR3 hier soir

Le procès du rappeur du groupe parisien La Rumeur, Hamé, poursuivi vendredi 12 novembre devant le tribunal correctionnel de Paris par le ministère de l'intérieur, a tourné au débat sur la légitimité d'une dénonciation, même outrancière, des violences commises par la police.

Hamé, le rappeur du groupe La Rumeur comparaissait vendredi sur plainte du ministère pour avoir, dans un fanzine diffusé parallèlement à la sortie d'un album du groupe en avril 2002, dénoncé "les humiliations policières régulières" infligées aux jeunes de banlieue.


Il est également prévenu de diffamation à l'égard des forces de l'ordre pour avoir écrit que "les rapports du ministère de l'intérieur ne feront jamais état des centaines de nos frères abattus par les forces de police sans qu'aucun des assassins n'ait été inquiété".



"LA QUESTION DES ABUS POLICIERS DOIT ÊTRE POSÉE"


Devant le tribunal, Hamé, calme et posé, a expliqué n'avoir pas voulu "faire de la police un bouc émissaire". "Je dis juste qu'elle est l'un des éléments parmi d'autres qui empoisonnent la vie des quartiers populaires", a-t-il dit dans une salle d'audience archi-comble. "La question des abus policiers doit être posée", a-t-il affirmé, assurant s'être référé aux expériences subies par "trois générations de populations immigrées encore vivantes" qui, du 17 octobre 1961 (répression d'une manifestation d'Algériens à Paris) en passant par le décès emblématique de Malik Oussékine jusqu'à des bavures plus récentes, "ensanglantent la mémoire collective des quartiers populaires".


L'historien Maurice Rafjus, cité à la barre par la défense, a souligné que "175 décès des suites d'une intervention policière étaient survenus entre 1977 et 2002". Parmi ces décès, "on trouve une majorité de jeunes d'origine maghrébine", a-t-il relevé. Pour un autre témoin de la défense, Fabien Jobard, chercheur en sociologie au CNRS, le débat doit se focaliser sur "l'opacité de l'institution policière" concernant les bavures. "Comment s'étonner de l'outrance lorsque de l'autre côté, on ne trouve que le déni ?", s'est-il interrogé.


"L'OUTRANCE CONTRE L'OUTRANCE"


L'avocat du prévenu, Me Dominique Tricaud, a quant à lui vivement attaqué l'ancien ministre de l'intérieur, Nicolas Sarkozy, en poste lors du dépôt de la plainte. "M. Sarkozy s'en moque, des policiers. Il a déposé cette plainte pour deux raisons : d'abord parce qu'il subissait la forte pression de syndicats de police d'extrême droite, et d'autre part parce qu'il voulait interdire que l'on parle des bavures parce que c'est un problème pour son plan de carrière", a-t-il estimé.


Rappelant le contexte dans lequel ont été rédigés les propos du rappeur - "une campagne électorale pour la présidentielle hystérique contre ceux qu'on appelle les jeunes à casquette" -, Me Tricaud a demandé au tribunal la relaxe pour son client car "ce n'était plus l'outrance contre le déni, mais l'outrance contre l'outrance".


Le ministère public, représenté par la procureure Sandrine Alimi-Uzan, a implicitement requis la relaxe. S'agissant du passage évoquant des "centaines de nos frères abattus par les forces de police", elle a estimé que la diffamation était constituée, notamment en raison du caractère "globalisant" du propos, mais que la bonne foi du prévenu "pourrait être retenue" car ses écrits se situaient dans le cadre d'un débat "pas illégitime". S'agissant des "humiliations policières régulières", la diffamation n'est pas constituée, a-t-elle déclaré.


Le jugement du rappeur aura lieu le 17 décembre.
source: afp

La police contre la plume du rappeur

Hamé, du groupe la Rumeur, comparaissait pour diffamation à l'égard des forces de l'ordre.


A la sortie du tribunal, Hamé, rappeur du groupe la Rumeur, n'en revient pas. De son vrai nom Mohamed Boroukba, il comparaissait hier devant la 17e chambre correctionnelle du tribunal de grande instance de Paris, pour diffamation publique à l'égard de la police nationale : «Je m'attendais à ce que cette salle d'audience soit une excroissance du ministère de l'Intérieur, à ce que le ton soit inquisiteur. Eh bien non. Ce ne fut pas le cas.» Et la salle a même dû refuser l'accès à de nombreux fans de la Rumeur.

Fanzine. L'affaire remonte à avril 2002. A l'époque sort le premier album de son groupe, l'Ombre sur la mesure. Le disque est accompagné d'un fanzine rédigé par les rappeurs, distribué dans les salles de concerts. Hamé y écrit un article de deux pages intitulé : «L'insécurité sous la plume d'un barbare». Quelques semaines plus tard, le ministre de l'Intérieur reproche à trois passages de ce billet d'humeur de «porter atteinte à l'honneur et à la considération de la police nationale en ce qu'il insinue l'existence de conduites illégales de la part des forces de police». Dans le texte, on peut lire, entre autres : «Les rapports du ministère de l'Intérieur ne feront jamais état des centaines de nos frères abattus par les forces de police sans qu'aucun des assassins n'ait été inquiété.» Ou, un peu plus loin : «La réalité est que vivre aujourd'hui dans nos quartiers, c'est avoir plus de chances de vivre des situations d'abandon économique, de fragilisation psychologique, de discrimination à l'embauche, de précarité du logement, d'humiliations policières régulières...»

A la barre, le rappeur s'explique : «On était au plus fort de la campagne présidentielle 2002 et on décrivait les jeunes des quartiers comme des hordes de barbares, des sauvages. Dans cet article, je voulais dénoncer les insécurités qui frappent les populations les plus fragiles, le chômage, l'alcool, l'échec scolaire... Les humiliations policières ne sont qu'une insécurité supplémentaire. Dans mon article, je n'ai pas cherché à faire de la police un bouc émissaire.» La présidente du tribunal lit l'article à voix haute. Puis elle commente : «Je ne sais pas ce que cela donnerait en rap mais c'est une belle plume. Nous sommes déjà au milieu de l'article, nous n'avons toujours pas abordé le sujet de la police.» Elle demande alors à cet étudiant détenteur d'une maîtrise en recherche audiovisuelle ce qui, dans ses expériences, a pu nourrir sa réflexion.

17 octobre 1961. Né à Perpignan il y a vingt-neuf ans, Hamé est le sixième enfant d'un ouvrier agricole d'origine algérienne. Son arrière-grand-père est mort lors de la Première Guerre mondiale, son grand-père au retour d'un camp de prisonniers. Il raconte : «Mon père a été ratonné à la fin des années 50. Mais c'est après mon bac, en habitant à Nanterre puis à Argenteuil, que j'ai fait l'expérience des vexations quotidiennes, lors des contrôles de routine. Puis la mémoire collective dans ces quartiers est ensanglantée par le 17 octobre 1961. Les grands frères nous ont raconté la police des années 70. A 20 ans, au début des années 90, il a fallu se familiariser avec les bavures policières... Quand je parle de centaines de morts, je fais référence aux quatre dernières décennies.»

L'historien Maurice Rajfsus vient étayer son propos. Entre 1977 et 2002, il affirme avoir recensé 196 morts suite à une intervention policière. Lors de son réquisitoire, la substitut a reconnu la bonne foi du prévenu, son manque d'animosité envers la police nationale, mais a retenu le caractère général de la première citation comme source de diffamation. Très confiante, la défense demande la relaxe.

Jugement le 17 décembre.
source: libé

avec ce jugement les choses seront mises au grd jour et je pressens la relaxe

ps: le fanzin est dispo
Invité
 

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