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beenie a écrit:Nebuluss, t un fan de ttc?
Trop vite réputés fantasques et glandeurs, après un premier album brouilleur de pistes – Ceci n’est pas un disque –, les membres de TTC sont sur le point de s’offrir l’un des plus jolis bonds en avant – ou de côté – de la courte histoire du hip-hop français. Véritable équipée sonique, Bâtards sensibles, leur époustouflant second album, est simplement le premier disque du genre à s’aventurer aussi loin dans l’expérimentation oblique et digitale, jusqu’ici chasse gardée des labels de pointe Lex ou Anticon.
Disque à la production pointue, léchée, complexe et aérienne, Bâtards sensibles ne se limite pas à une débauche d’invention digitale où s’entremêlent textes et sons. Dès son entame, avec les réjouissants Dans le club et Le Chant des hommes, l’album affiche aussi une belle ambition pop, une envie de côtoyer le futur tout en parvenant à s’enraciner dans le tout-venant. Prendre les chemins de traverse hip-hop tout en sautillant légèrement sur les plates-bandes de la variété, le pari est risqué. Mais sur ce Bâtards sensibles, qui cultive le paradoxe (rien qu’avec son titre), TTC parvient à emballer le tout avec une aisance et une fraîcheur déconcertantes.
Plus qu’une succession de banales digressions dichotomiques, ce petit jeu de construction-déconstruction fonctionne avec une incroyable efficacité sur la longueur, n’altérant jamais l’unité du propos. Pour preuve, Girlfriend et Bâtard sensible, deux titres sur lesquels les trois MC jouent au chat et à la souris avec leurs meilleures amies, les filles (thème récurrent du disque). Tout n’est pas si facile, tout ne tient qu’à un fil, semble vouloir dire Bâtards sensibles, qui, de haut en bas et de droite à gauche, sait explorer avec beaucoup d’humour ce vilain truc qu’il y a dans les hommes et qu’on appelle la veulerie. Qu’on rigole ou pas du tout, au final, après l’écoute heureuse de ce Bâtards sensibles, on a surtout une énorme envie, celle de prendre tous les TTC dans nos bras et de les serrer très fort. Pour les remercier de nous avoir enfin aidé à comprendre que, dans la vie, on ne peut jamais simplement choisir entre l’aile ou la cuisse – et qu’il faut plutôt apprendre, même si c’est dur, à avaler les deux en même temps.
On a longtemps cherché, dans la foulée de Ceci n’est pas un disque – joyeux premier album du trio hip-hop français TTC –, ce que voulait bien pouvoir dire cet étrange acronyme. Et naturellement, les propositions ont fusé de partout. Parfois drôles (Tabasse Ton Clébard), parfois moins drôles (Triture Ta Culotte), parfois vraiment graveleuses (Tire Ta Crampe) et parfois complètement navrantes (on n’ose même pas le dire). Mais depuis l’écoute de Bâtards sensibles, deuxième album de TTC, nous voilà complètement convaincus du sens profond à donner à la juxtaposition de ces trois lettres : TTC, aujourd’hui, veut tout simplement dire Très Très Classe. C’est moins drôle que pas mal d’explications, effectivement, mais c’est certainement la meilleure.
Car sur cet incroyable deuxième essai, TTC réussit, ni plus ni moins, ce qu’aucun groupe hexagonal n’était parvenu à accomplir : transporter enfin le hip-hop français dans ce satané XXIe siècle. Ingénieux, ludique, vicieux et oulipien, Bâtards sensibles est un disque de très haute volée, aux textes drôles et aiguisés, campés sur des productions léchées et aériennes, de la trempe de ce qui se fait de mieux chez les labels hip-hop de pointe (Lex en Angleterre ou Anticon aux USA). Autant dire qu’on est plus qu’impatients de voir très vite ce joyeux matériau prendre corps sur scène, dans le déluge de beats, de tchatche et de vannes que maîtrisent si bien en live les quatre TTC. Chouette, Très Très Chouette.
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