La période géologique du Permien, dernière période de l’ère Paléozoïque, s’étend de 299 à 252 millions d’années avant notre ère. Cette période est marquée par des bouleversements géologiques, climatiques et biologiques de grande ampleur qui transformeront la planète. Elle succède au Carbonifère et précède le Trias, débutant ainsi l’ère Mésozoïque. La fin du Permien est également tristement célèbre pour avoir vu l'une des plus grandes extinctions de masse de l’histoire de la Terre, qui anéantit environ 95 % des espèces marines et terrestres.
Contexte et subdivisions du Permien
La période du Permien se divise en trois époques majeures :
Cisuralien (299 à 273 millions d’années)
Guadalupien (273 à 259 millions d’années)
Lopingien (259 à 252 millions d’années)
Ces subdivisions correspondent à des changements importants dans la géologie, la biodiversité et le climat, ce qui témoigne de l’instabilité écologique de cette période.
La géographie du Permien : le supercontinent Pangée
Durant le Permien, les mouvements tectoniques aboutissent à la formation de Pangée, un supercontinent massif qui regroupe la quasi-totalité des terres émergées. Ce supercontinent s’étend d’un pôle à l’autre, laissant un vaste océan mondial, appelé Panthalassa, recouvrir le reste du globe. À l'est, un autre océan plus restreint, le Téthys, commence à se former entre les plaques de Pangée.
Les effets de la Pangée sur le climat et l’environnement
La formation de la Pangée entraîne des modifications climatiques importantes. Le supercontinent divisé en deux zones climatiques extrêmes :
Régions intérieures arides : La majeure partie de la Pangée est constituée de terres désertiques et arides, loin des effets tempérés de la mer. Les températures peuvent y être très élevées pendant la journée et très basses la nuit, créant des conditions de vie difficiles pour la faune et la flore.
Zones côtières et marines plus humides : Les bords continentaux de la Pangée, plus proches de l’océan, bénéficient d'un climat un peu plus clément et favorable au développement de la vie.
Les vastes zones arides de la Pangée ont contribué à la formation d'importants dépôts de sédiments rouges, souvent associés aux environnements désertiques. Ce phénomène marque l’apparition des red beds, des formations rocheuses qui témoignent de l'aridité et des vents violents qui érodent les sols.
La vie durant le Permien : diversification et adaptation
Malgré un climat souvent hostile, la période permienne voit une grande diversité d’espèces animales et végétales. Les écosystèmes terrestres, qui avaient déjà commencé à se complexifier au Carbonifère, continuent de se développer. En mer, de nouveaux groupes d’organismes marins apparaissent et se diversifient.
La faune marine
Dans les océans, la vie est particulièrement riche. Plusieurs groupes marins, tels que les brachiopodes, les bryozoaires et les éponges, prospèrent et jouent un rôle important dans les récifs coralliens, qui continuent de se développer. Les trilobites, bien que moins abondants qu’auparavant, sont toujours présents, tandis que les ammonites se diversifient.
Foraminifères : Ces micro-organismes marins deviennent très abondants et servent aujourd'hui d’indicateurs pour les géologues, car ils laissent des traces fossiles abondantes.
Poissons cartilagineux et osseux : Ces groupes continuent de s’adapter aux conditions marines variées, ce qui leur permet de se diversifier.
La vie terrestre : l’âge des reptiles et l’apparition des premiers mammifères
La faune terrestre connaît une transformation majeure durant le Permien. Les forêts marécageuses du Carbonifère cèdent la place à des paysages plus secs, où les gymnospermes (plantes à graines non protégées, telles que les conifères) remplacent progressivement les fougères géantes. Les espèces terrestres les plus marquantes de cette période sont les synapsides et les thérapsides, des groupes qui annoncent l’évolution des mammifères.
Synapsides : Également appelés “reptiles mammaliens”, ils dominent les écosystèmes terrestres du Permien. Le Dimetrodon, avec sa grande voile dorsale, est l'un des synapsides les plus célèbres.
Thérapsides : Ces animaux se diversifient particulièrement durant le Permien. Ils présentent certaines caractéristiques qui les rapprochent des mammifères, telles que des dents différenciées (canines, molaires) et une posture plus droite. Ils sont les ancêtres directs des mammifères.
Cette période voit aussi l’apparition des premiers reptiles herbivores, tels que les pareiasaures, des créatures lourdes au corps massif qui se nourrissent de végétaux. Cette diversification des régimes alimentaires ouvre la voie à des chaînes alimentaires plus complexes sur terre.
L’évolution de la flore : des forêts de conifères aux paysages arides
Le climat aride du Permien entraîne une transformation majeure de la flore terrestre. Les forêts marécageuses, caractéristiques du Carbonifère, disparaissent progressivement pour laisser place à des forêts de conifères et de plantes à graines, mieux adaptées aux conditions sèches. Les espèces de gymnospermes dominent la flore, parmi lesquelles les conifères, les fougères à graines et les glossoptéridées, qui se développent particulièrement dans l’hémisphère sud.
Les glossoptéridées forment de vastes forêts dans le supercontinent Gondwana (partie méridionale de la Pangée). Leur apparition est marquée par une adaptation au froid, car elles se trouvent souvent dans des zones plus proches du pôle sud.
Climat et géologie : une période de changements extrêmes
Le climat du Permien varie considérablement, avec des périodes de glaciation et des phases de réchauffement global. À la fin du Permien, un événement géologique d’une ampleur sans précédent provoque l’une des plus grandes catastrophes biologiques de l’histoire de la Terre : l’extinction permienne.
Les hypothèses sur l’extinction permienne
Plusieurs théories tentent d'expliquer cette extinction massive :
Éruptions volcaniques massives : Les éruptions des trapps de Sibérie, un ensemble de coulées de lave situé en Russie actuelle, libèrent d'énormes quantités de dioxyde de carbone et de méthane dans l’atmosphère, provoquant un réchauffement global.
Anoxie marine : Le manque d’oxygène dans les océans entraîne une mortalité importante chez les espèces marines, contribuant à l'effondrement des écosystèmes aquatiques.
Acidification des océans : La forte concentration de dioxyde de carbone dans l’atmosphère entraîne l'acidification des océans, affectant gravement les organismes marins qui forment des coquilles, comme les coraux et les mollusques.
Changement climatique extrême : Le réchauffement global et les variations brutales de température perturbent les écosystèmes terrestres et marins, empêchant de nombreuses espèces de s’adapter.
Impact de l’extinction permienne
L'extinction permienne, qui marque la fin de cette période, est la plus importante des cinq grandes extinctions de masse. Elle touche environ 95 % des espèces marines et 70 % des espèces terrestres, provoquant la disparition de nombreuses familles d’invertébrés, de plantes et de vertébrés.
Cette crise écologique bouleverse les chaînes alimentaires et détruit les écosystèmes de manière généralisée, ouvrant la voie à de nouvelles formes de vie au début de l’ère Mésozoïque. Les espèces qui survivent à cette extinction sont souvent plus petites et plus résistantes aux conditions extrêmes, ce qui influencera l’évolution de la biodiversité durant le Trias.
Conclusion : l’héritage du Permien
La période du Permien est l’une des plus marquantes de l’histoire de la Terre. Elle est synonyme d’adaptations, de transformations géologiques et de climat rigoureux, mais aussi d’un bouleversement majeur pour la vie. En résumé, les événements clés du Permien sont les suivants :
Formation de la Pangée : La création de ce supercontinent entraîne des changements climatiques extrêmes.
Diversification des reptiles et des premiers ancêtres des mammifères : La faune terrestre évolue pour s’adapter aux environnements arides.
Expansion des conifères et des plantes à graines : Les paysages végétaux s’adaptent au climat sec, remplaçant les forêts humides du Carbonifère.
Extinction permienne : La plus grande extinction de masse qui anéantit une large proportion des espèces et qui façonne l’évolution de la vie pour les périodes suivantes.