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Voile; Marseille s'est pris aux Jeux
Concentrés sur les plages du Prado, au large desquelles se déroulent les épreuves de voile, et ponctuellement au Vélodrome, les Jeux ont trouvé leur place et leur public à Marseille. Avant de traverser la France et d'illuminer le ciel parisien, c'est à Marseille que la flamme a débarqué dans l'Hexagone, le 8 mai dernier. Tout le monde se souvient ici de l'entrée majestueuse du Belem dans le Vieux-Port après son long périple en Méditerranée. L'empreinte des JO 2024 est gravée à jamais dans les eaux de la cité phocéenne.Depuis le premier match de l'équipe de France au Vélodrome le 24 juillet et l'ouverture des épreuves de voile le 28, la ville entière n'a certes pas mué comme Paris en scène géante. L'essentiel de la vie olympique se concentre au quotidien au niveau des plages du Prado.
Chaque jour, plus de 12 500 spectateurs payants viennent vivre les courses, profiter des brasseries éphémères, des animations (initiation à la voile, escale dans un mât) et s'installer sur les transats de ''Marina beach'', le nom de la plage qu'ils partagent avec la base d'envol des véliplanchistes et des kitefoilers.L'ambiance est bon enfant, festive, caniculairePour certains, le ''kiffe'' absolu est de piquer une tête puis de se poser tranquillement sur la ligne d'eau qui délimite la zone réservée aux athlètes. De ce poste d'observation insolite, ils assistent au départ puis au retour de ces engins taillés pour la vitesse, dressés sur leur appendice, capables de survoler les flots à plus de 25-30 noeuds.
L'ambiance est bonne enfant, festive, caniculaire avec, par moments, des exclamations saluant un kitefoiler qui s'envole et réalise une figure dans le bleu du ciel méditerranéen.lire aussiDéception pour les Bleus en Nacra et en 470Sur la digue voisine, remplie de fans, de curieux et de supporters de différents pays, l'embrasement n'est jamais loin lors de la sortie et du retour des équipages. L'atmosphère s'enflamme lors des finales dans un concert de cris, de chansons, de tambours. Mêlés à la foule, les proches, les entraîneurs, les membres des équipes nationales jouant la médaille rivalisent d'inventivité pour soutenir leurs protégés.Pierre Le Coq, médaillé de bronze à Rio devenu ambianceur« Paris 2024 a quand même fait un truc génial, tous les concurrents passent devant la digue des spectateurs tous les matins »« Il faut donner de la voix pour les Français, c'est unique d'avoir les JO en France et d'avoir un public aussi proche des ''voileux'', raconte Pierre Le Coq, médaillé de bronze à Rio devenu ambianceur du Carré Bleus le temps des Jeux. En voile, on est souvent dans notre bulle, ce privilège d'entendre le public est rare. Paris 2024 a quand même fait un truc génial, tous les concurrents passent devant la digue des spectateurs tous les matins. Je ne pouvais pas ne pas être là. L'objectif est d'entraîner avec nous le maximum de Français, même si du coup, les étrangers râlent un peu quand on se met à côté d'eux, poursuit-il. J'hallucine de voir la ferveur des Marseillais qui sont connus pour mettre le feu au Vélodrome. Hier, un supporter de l'OM me dit, ''vas-y lance tel hymne''. Comme je ne le connais pas, je lui tends le mégaphone et c'est parti. Beaucoup ne connaissent rien à la voile mais ils sont vraiment chauds. »
Afin d'aider à la compréhension des régates, certaines régates sont diffusées sur trois écrans géants, commentaire d'un spécialiste à l'appui. Des passionnés s'arment de jumelles afin d'observer au plus près les zones de course. Les plus chanceux sont parvenus à décrocher une place à bord de l'une des deux vedettes qui accompagnent des spectateurs sur l'eau (1000 places par jour).Au coeur de la rade, le décor naturel, entre roches blanches et bleu profond, a quelque chose de magique. D'autres choisissent de s'installer sur la Corniche Kennedy depuis laquelle la vue plongeante sur la marina olympique du Roucas Blanc et sur la rade sud est époustouflante. L'endroit devrait d'ailleurs être piétonnisé jeudi pour la finale du kitefoil.Deuxième centre névralgique des JO à Marseille, le Club 2024 de la ville, dressé à proximité de la plage du David et libre d'accès, fait quotidiennement le plein de 10 heures à 23 heures et jusqu'à minuit vendredi et samedi. Dédié aux Jeux dans leur globalité, l'espace propose aux visiteurs diverses animations et activités, piscine, escalade, handi-basket, BMX.
Une représentante de la ville
« C'est un lieu de vie autour des JO avec des foodtrucks, des bars et un écran géant. Le soir, ça ne désemplit pas »Vendredi, Charline Picon et Sarah Steyaert, médaillées de bronze en 49er FX, y ont rencontré un beau succès lors de leur passage. « Il y a une grosse affluence quotidienne avec beaucoup de Marseillais, mais aussi des étrangers, raconte une représentante de la ville. C'est un lieu de vie autour des JO avec des foodtrucks, des bars et un écran géant. Le soir, ça ne désemplit pas, les gens viennent pour regarder les autres épreuves. Le moment où il y a eu le plus d'émotion, c'est pour la natation avec Léon Marchand. »Même mesuré, le succès populaire est bien au rendez-vous. Quelques regrets néanmoins, liés aux éléments, plutôt capricieux. La faiblesse et l'instabilité du vent perturbe le déroulement et rend le spectacle moins dynamique. Quelques athlètes critiquent d'ailleurs la direction de course dans ses décisions de programmation. Des interrogations pointent enfin au sujet des choix de retransmission faits par les organisateurs. On a jusqu'à présent à peine vu les images de kitefoil, nouvelle discipline particulièrement spectaculaire.Cédric Dufoix, responsables des sites du sud de la France« Sur la période, 150 000 personnes seront passées sur les plages du Prado. Pour le Vélodrome, on devrait atteindre 350 000 au total »
« Sur la période, 150 000 personnes seront passées sur les plages du Prado, observe Cédric Dufoix, responsables des sites du sud de la France. L'expérience spectateurs est positive sur la voile où les athlètes ont été en contact avec les supporters, ce qui est rare. L'ambiance est vraiment bonne, on ressent l'esprit olympique, comme partout en France. Pour le Vélodrome, on devrait atteindre 350 000 au total sur les dix rencontres avec de grosses différences en fonction des affiches. La demie Maroc-Espagne, par exemple, a attiré 55 000 spectateurs. »Dans le reste de la ville, on n'observe que peu de traces de la présence des JO et certains commerçants et chauffeurs de taxis se plaignent de l'effet d'évitement des Jeux qui aurait fait fuir les touristes et des Marseillais. Mais force est de constater que la Cité Phocéenne n'en demeure pas moins branchée sur l'événement. Partout, au Vieux-Port, au Cours Estienne D'Orves, sur la Corniche, à la Pointe Rouge..., les télés occupent une place de choix sur les terrasses comme à l'intérieur de quasiment tous les restaurants et les bars.
L'Equipe