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J'ai pris un passe en famille pour la boccia, le goalball et le para-tennis_de_table. Deux adultes, avec ma sœur, et ses trois garçons de 15, 17 et 19 ans. Globalement, les jeunes, après avoir pris connaissance avec bonne volonté des différentes disciplines, se sont fait chier (l'aîné avec plus de classe que les deux autres, logique). Hier, je suis allé voir du volley-assis avec l'aîné et il me reste, mardi, une soirée d'athlé en solo.
Le
goalball est singulier : une sorte de suite de pénaltys de hand... entre aveugles. En fait, les sportifs ne sont pas tous aveugles — il y a des amblyopes — mais tous portent un masque entièrement aveuglant. Le ballon contient une petite cloche (bruit extrêmement faible) qui permet aux gardiens de s'orienter. Le but fait 9m de large, occupé par trois gardiens, réduits à un seul pour les pénos (je n'ai pas compris quand il y avait péno). Franchement, surtout pour moi qui, à bientôt 110 ans, n'entends plus la cloche, les mecs sont impressionnants : se guidant uniquement à l'oreille, ils partent du bon côté bien plus souvent que Mandanda ou Pau Lopez —
are you serious, Steve? Point négatif : une organisation absurde avec une sono à 130 dB, un arbitre qui siffle dans un micro à en déchirer les tympans de l'auditoire, alors qu'il est logiquement interdit de faire le moindre bruit dans le public pendant le match. Vu l'audition ultra-fine des joueurs et des joueuses, je pense que la sonorisation ne s'impose pas vraiment...
La
boccia est une sorte de pétanque à boules molles pour handisportifs. Ceux que j'ai vus avaient des bras (il y a une catégorie sans
) et avaient des handicaps cognitifs sur les jambes, les bras et le cerveau (coordination). C'est évidemment hyper-impressionnant de précision (tous me mettent une branlée sans aucun doute alors que je suis encore (pas pour longtemps sans doute) à peu près valide).
Pour le para-ping-pong, on n'a pas eu de chance. Les matchs les plus forts techniquement avaient lieu à l'autre bout de la salle et étaient à peine visibles.
Le volley assis regroupe des culs-de jatte, des amputés d'une jambe, voire aussi d'un bras. Ca ressemble pas mal au volley classique (le score, à tout le moins, les règles, à peu près). Le gainage nécessaire est hallucinant. On a vu un match féminin, puis un match masculin ; je pense que c'était le bon ordre. Les mecs jouent plus vite. Dans la mesure où tout saut est impossible (soulever les fesses du sol est une faute rédhibitoire), la taille est fondamentale. Pas un hasard si l'Iran, dont l'équipe comporte un géant, gagne tout.
En conclusion, la découverte est cool, le nombre de spectateurs est très inférieur à celui des JO, on se pose toujours la question des différences de handicaps, importantes entre adversaires d'une même catégorie. On est pris d'une certaine admiration pour tous ces sportifs, qui se motivent à mort pour transcender leur handicap, peuvent jouer au tennis de table sur une jambe, parviennent à une niveau de coordination invraisemblable alors qu'ils sont très lourdement handicapés, tout ça au milieu de tant de gens pas handicapés et dépressifs qui se contentent tranquillement de gâcher leur vie (et, parfois, celle des autres). A contrario, au delà d'un emballement médiadique impératif et forcé, il est manifeste que le niveau n'a, très souvent, rien à voir avec le niveau valide — parlons simplement du niveau technique et du spectacle.
Amha, la meilleure façon de montrer du para-sport reste de l'inclure à petite dose dans du sport de base. J'ai suivi la totalité des championnats du monde d'athlétisme au stade de France en 2003. Il y avait quelques compétitions de para-athlé incluses dans le lot. Un Français, s'il me souvient bien, avait gagné le 1500m, encouragé par les hurlements de 70000 supporteurs à fond criant "allez les bleus". Le mec n'avait jamais vu ça (itw) et ne l'a évidemment jamais revécu. C'est certainement de très loin le souvenir le plus fort de sa vie sportive.
Pour les JO, ce n'est pas possible, notamment pour des raisons d'organisation.
"La société de surconsommation, fruit d'un capitalisme dérégulé, relève d'une logique compulsionnelle dénuée de réflexion, qui croit que le maximum est l'optimum et l'addiction, la plénitude." Cynthia Fleury