Les 1 % les plus riches de la planète ont épuisé leur budget carbone 2025 en seulement 10 jours, Bernard Arnault en 2h15À titre de comparaison, il faudrait près de trois ans à une personne appartenant à la moitié la plus pauvre de la population mondiale pour épuiser sa part du budget carbone annuel mondial, selon une étude de l’ONG Oxfam.C’est un chiffre à faire tourner la tête. Selon une nouvelle étude de l’ONG Oxfam, publiée ce vendredi 10 janvier, les 1 % les plus riches du monde ont déjà épuisé leur part du budget carbone annuel mondial, soit la quantité de CO2 qui peut être ajoutée à l’atmosphère sans que les températures mondiales n’augmentent de plus de 1,5 °C.
En France, la palme revient à Bernard Arnault, patron de LVMH et homme le plus riche du pays, qui avait cramé son budget carbone de l’année le 1er janvier à 2h15. A titre de comparaison, il faudrait près de trois ans (1 022 jours) à une personne appartenant à la moitié la plus pauvre de la population mondiale pour épuiser sa part du budget carbone annuel mondial.
Pour identifier cette journée charnière, baptisée « Journée des Pollutocrates », Oxfam s’est basé sur les recherches menées par le Stockholm Environment Institute concernant les émissions de consommation associées aux revenus de 2019, année la plus récente pour laquelle des données sont disponibles. L’ONG montre ainsi que les 1 % les plus riches, soit 77 millions de personnes, dont les milliardaires, les millionnaires et ceux qui gagnent plus de 140 000 dollars par an, étaient responsables de 15,9 % des émissions mondiales de CO2 cette année-là.
Réduire les émissions des plus riches de 97 % d’ici à 2030« Dans le monde, tout le monde ne pollue pas de la même manière. Et ce rapport montre que la dégradation du climat est, de manière disproportionnée, le fait de la consommation des super-riches », souligne Elise Naccarato, responsable de campagne Inégalités climatiques chez Oxfam. Si les émissions de CO2 diffèrent entre les riches et les plus pauvres, elles se creusent surtout « entre les 1 % et le reste de la planète ».
Et pour cause : alors qu’un milliardaire parmi les 50 personnes les plus riches du monde émet en moyenne 7 746 tonnes de CO2 par an rien qu’avec sa consommation de jets et yachts, une personne figurant parmi les 50 % les plus pauvres de l’humanité émet 1,01 tonne de CO2 par an avec sa consommation, rappelait Oxfam en octobre 2024. Bernard Arnault émet 1 200 fois plus d’émissions de CO2 qu’un Français moyen, quand l’empreinte carbone de consommation de l’homme le plus riche du monde, Elon Musk, s’élève à 5 947 tonnes de CO2 et équivaut à 834 années d’émissions pour une personne moyenne dans le monde ou à 5 437 années pour une personne faisant partie des 50 % les plus pauvres de la planète.
Ces chiffres s’expliquent par le mode de vie « extrêmement dispendieux des ultra-riches », mais aussi par leur patrimoine financier. « Leurs investissements dans des entreprises fortement émettrices représentent le poste le plus important de l’empreinte carbone totale de ces ultra-riches », explique Elise Naccarato. Des émissions « invisibles mais qui façonnent la société ».
Finalement, si tout le monde avait le même mode de consommation que le milliardaire moyen, le budget carbone mondial serait épuisé en moins de deux jours, indiquait Oxfam en octobre 2024. « Réduire les inégalités permettra de réduire les émissions », tance Elise Naccarato qui propose, pour y parvenir, de faire contribuer davantage les riches pollueurs en taxant de manière dissuasive les consommations de luxe. Et ce, sans plus attendre. Car, pour limiter le réchauffement planétaire à 1,5 °C par rapport à l’ère préindustrielle, l’objectif le plus ambitieux de l’accord de Paris sur le climat, « les 1 % les plus riches doivent réduire leurs émissions de 97 % d’ici à 2030 ».
Margaux Otter, Nouvel Obs
https://www.nouvelobs.com/ecologie/2025 ... -2h15.html