par the big boss » 18 Juil 2022, 07:09
Comparer le bio vs conventionnel c’est assez compliqué , parce que des conventionnels qui font un taff environnemental y’en a énormément , tout comme il reste beaucoup d’industriel pur et durs qui s’en tamponnent .
Ce qu’il faut savoir sur le bio c’est qu’il ne juge pas ( ou en tout cas pas prioritairement) de l’impact sanitaire ou environnemental . Il juge en premier lieu du non usage de substance chimique . C’est une nuance qui me semble très importante .
Alors oui , remplacer certaines matières chimiques par des naturelles va dans un sens très positif . Mais parfois , ce n’est pas le cas .
L’exemple le plus couramment utilisé pour pointer cet aspect des choses est le cuivre . C’est une substance naturelle , donc autorisée en bio . Mais c’est aussi un métaux lourd , pas du tout neutre et qui perdure dans les sols .
Le cuivre pour le coup est très efficace en action fongicide , mais sa persistance d’action est relativement faible (= il faut en mettre assez souvent )
En conventionnel on a des produits à persistance d’action beaucoup plus longue (= moins de traitement ) et bcp plus concentrés (= moins de lessivage de matière active dans les sols )
Alors les études sur la dangerosité de ces matières se poursuit , et il y a eu des retraits assez logiques , notamment Sur des produits qui persistaient trop longtemps dans la plante .
Mais pour autant , cet état de veille et de test tres très fort sur le conventionnel , on est loin de l’imposer au bio . A titre perso , j’ai pu mesurer les concentrations en cuivre dans les sols d’un pote vigneron depuis sa conversion en bio … spoiler , c’est une cata .
Après le cuivre est également très utilisé en conventionnel . Pcke ça reste une matière intéressante . Mais pour autant , ce que je cherche à montrer à travers cet exemple emblématique , c’est le fait que les deux modes de cultures ne sont pas suivis de la même manière . Et que le poncif « c’est naturel donc c’est bon pour la nature et votre santé » ne peut pas être aussi simple que ça .
Et évidement il y’a les pertes de rendement . De nombreux aigris seraient prêt à les supporter ; si ils étaient convaincu de la pertinence du label . Mais aujourd’hui , qui peut accepter de tels pertes de rendement pour un gain environnemental non mesuré , et reposant quasi exclusivement sur l’appel à la nature ?
Pour la forme , je prend un autre exemple édifiant , cette fois dans ma partie ( horticulture ) c’est d’ailleurs ce point qui m’a fait changer d’avis sur le bio il y a quelques temps . Je parle un peu de moi du coup . Désolé si c’est long .
Mon père est un vrai écolo . J’ai longtemps trouvé qu’il était hypocrite de le prétendre , pcke il refusait systématiquement la conversion bio .
N’empêche , il avais mis en place des mesures de toxicités sur ses sorties d’eau usées , réduit à quasi 0 tout les pesticides ( remplacés par de la PBI pour le coup en horti on a de belles solutions non polluantes ) et ce il y a plus de 30 ans ( bien avant que ce ne soit la « mode » )
Pour autant 2 choses lui ont interdit le label bio : son positionnement sur les engrais et le plastique . Je vais un peu synthétiser , et même prendre des raccourcis mais je peut bien sûr être plus précis si nécessaire .
En gros il y a 15 ans ; les engrais bios étaient très peu performant dans leur libération contrôlée . C’est à dire que pour une quantité apportée , il était très compliqué de savoir ce qui était consommé par la plante et ce qui était lessivé dans les eaux de sorties .
Qu’on apporte un engrais « bio » ou un chimique , la seule chose qui change dans les éléments apportés à la plantes c’est le mode de fabrication . Mais dans tout les cas on veut apporter basiquement du NPK .
Et bien l’entrais plébiscité en bio , libérais dans les nappes , environ 70% d’azote de plus que sa formulation chimique . Donc on se retrouvait à devoir imposer un engrais moins efficace et plus polluant dans les nappes ; uniquement pcke ses composés étaient d’origines naturelles . ( mais il y a quand même une transformation en usine pour faire du granulés ependable … allez comprendre ) alors j’utilise le passé car les nouveaux engrais bio sont très efficace . Du coup , il commence a les utiliser .
Sur le plastique c’est plus simple : on a toujours dit que plastique = cata environnementale . Et c’est vrai sur bien des aspects . Du coup en horti , le bio impose des godets en fibre de tourbe ou de coco par exemple . 100% biodégradable .
Sur ce point , c’est la fabrication qui pose souci : de la tourbe et du coco , quand on sait comment ça arrive chez nous , est ce que c’est mieux que du plastique point de vue carbone ?
Alors que le plastique , depuis 30 ans , mon vieux il arrive à récupérer plus de 85% de ce qu’il utilise . Il le remet en culture directement , ou il le revend à un fournisseur de pot .
En l’espèce aucune des deux solutions ne sont idéales , pcke rien ne permet de se passer d’énergie fossiles , même si à des stades différents de la chaîne de production . Pour autant , je trouve que ce point mérite d’être souligné , quand on parle de dogmatisme : à l’échelle de l’exploitation de mes parents , le choix de rester au plastique à crée et pérennisé 3 emplois ( faut bien tout trier , et le plastique de recup est peu mécanisable ) et les achats en volume de plastique ont baissés de 60% en 15 ans , alors que le volume de production a été multiplié par 5 .
La synthèse de ce très très long post , c’est de dire qu’en agri , quand on promet une solution simple et efficace , basée sur « c’est bon c’est naturel » y’a souvent des centaines de paramètres à prendre en compte ( je n’ai qu’effleure le sujet ) et je trouve que prendre le meilleur de la technologie avec le meilleur du naturel serait une approche bcp plus rationnelle est sécuritaire que le retour à la nature débilisant qu’on cherche a nous vendre à longueur de spot pub
Et clairement sur le bio non harmonise y’a un vrai sujet . Mais c’est une autre histoire . Et je trouve qu’avant de chercher à l’harmoniser , il faudrait déjà rendre ce label réellement vertueux . Sur des critères bien moins subjectifs .