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Edouard Philippe procède aux ultimes réglages en vue du premier « sas de déconfinement »
Le Premier ministre dévoilera lors d'une conférence de presse ce jeudi les derniers détails de la première phase du déconfinement. La carte des départements verts ou rouges sera également arrêtée. Edouard Philippe a redit son opposition à « atténuer la responsabilité des décideurs. »
Le 7 mai. C'était la borne qu'Edouard Philippe avait fixée pour enclencher, si les indicateurs sanitaires le permettent, la première phase du déconfinement à compter du lundi 11 mai. Ce jeudi après-midi, le Premier ministre, lors d'une conférence de presse, fera un « point à date » dixit Matignon, « avec des règles très opérationnelles, très quotidiennes sur l'après-11 mai », entouré des ministres en première ligne (santé, école, transports, sécurité, travail, économie).
De quoi tenter de rassurer ou du moins mettre un peu de clarté sur cette nouvelle étape qui inquiète les Français mais pour laquelle l'adhésion aux règles, martèle l'exécutif, est essentielle. « Leur comportement est la clef de voûte », a insisté mercredi Jean Castex, Monsieur Déconfinement, au Sénat, soulignant « un petit relâchement » avec à la clef un risque de rechute et de reconfinement.
Nouvelles habilitations
La carte des départements verts et rouges selon les trois indicateurs sanitaires retenus sera présentée ce jeudi. Un Conseil de défense suivi d'un Conseil des ministres est aussi prévu jeudi en amont, avec la présentation d'un nouveau projet de loi comprenant une trentaine d'habilitations à légiférer par ordonnance pour faire face à la crise. Elles concerneront, entre autres, le report d'entrée en vigueur de réformes ou d'expérimentations.
« Pas de faux suspense », indique Matignon, « nous allons bien vers une première étape du déconfinement qui commence ce lundi ». Un point sanitaire sera fait avant un état des lieux « très concret » dans chacun des domaines touchés par ce « premier sas de déconfinement » dixit Jean Castex : la santé (tests, etc.), les écoles, les transports, le travail, les commerces, la sécurité, etc.
100 km à vol d'oiseau et plages fermées
Au Sénat ce mercredi, le Premier ministre a repris l'image d'un « chemin de crête entre deux à-pics vertigineux » qui « impose de tenir un équilibre entre la sécurité sanitaire et la reprise. » « Si nous donnons la priorité à l'un en oubliant l'autre, nous nous exposons à des catastrophes », a-t-il continué, quand Jean Castex a insisté sur la progressivité et l'adaptabilité du processus.
Ce dernier anticipe « quelques jours de calage » à partir du 11 mai, tant pour la réouverture progressive des écoles que pour les transports en commun, l'un des sujets les plus épineux. Il y aura peu de différences, pour cette première phase, entre les départements verts - les parcs et jardins pourront rouvrir ainsi que les collèges à partir du 18 mai - et les départements rouges. Les plages resteront fermées dans les départements verts. « Surtout pas de tentations dans cette première phase , a mis en garde Jean Castex. Nous n'avons rien contre les migrations de personnes mais contre le transport du virus. » La règle des 100 kilomètres « à vol d'oiseau », selon lui, sera aussi précisée.
Refus d'atténuer la responsabilité
En revanche, sur la responsabilité des élus , des responsables publics et d'association, des chefs d'entreprise, le Premier ministre a redit son hostilité à l'« atténuer », comme l'a voté le Sénat dans la nuit de mardi à mercredi. Il a souligné que le dispositif existant est « bon », et s'est dit ouvert à préciser, pour la responsabilité civile et pénale, la jurisprudence, et à ajouter - un amendement du Modem - « l'état des connaissances scientifiques au moment des faits ». « Y compris dans ces moments d'angoisse, que penseraient nos concitoyens ? » a-t-il cinglé face au risque, en ces temps de défiance extrême, de laisser penser à l'opinion que les décideurs sont en train de s'organiser une amnistie généralisée.