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Covid : le pic de la septième vague est passé
Le nombre de cas recule rapidement. Les admissions à l'hôpital devraient bientôt suivre la même tendance.
SANTÉ PUBLIQUE La déferlante du variant BA.5, qui fait encore 94 000 nouveaux cas par jour, est en train de refluer. Pour la première fois, la France aura laissé le Covid circuler sans essayer d'en endiguer le flot par des mesures barrières imposées à la population. À ce stade, le bateau France semble avoir tenu le coup, même s'il est toujours délicat de tirer des bilans en cours de route. « Désormais, le nombre de reproduction R (qui reflète la dynamique de l'épidémie, NDLR) est nettement inférieur à 1, et continue de baisser : cela signifie que la décrue s'accélère » , décrypte Mircea Sofonea, maître de conférences en épidémiologie à Montpellier. En d'autres termes, la crête de cette septième vague semble bel et bien passée.
Ce qui a changé ? Une population désormais bien immunisée, tant par les infections naturelles que par la vaccination. Les experts estiment que 90 à 95 % de la population a désormais contracté le virus au moins une fois. Par ailleurs, environ 93 % des Français éligibles ont reçu les premières doses de vaccin, et les deux tiers ont reçu au moins une dose de rappel. La saison estivale, où l'on passe davantage de temps dehors, a pu également être considérée comme un facteur favorable, malgré quelques jours de canicule qui ont poussé les gens à privilégier l'intérieur.
Si la dynamique est incontestable, l'ampleur du nombre de personnes atteintes est vraisemblablement sous-estimée. En témoignent les données recueillies par le réseau de surveillance des eaux usées Obépine. « En Île-de-France, les concentrations sont montées à des niveaux proches de ce qu'on a connu cet hiver avec Omicron », explique Laurent Moulin, responsable du groupement d'intérêts Obépine. Or l'incidence maximale nationale avait été estimée à 3 800 cas pour 100 000 habitants fin janvier (contre, donc, 1 349 dénombrés cette fois). Cette décorrélation entre les données officielles et la circulation réelle du virus s'explique sans doute par la généralisation des autotests, dont le résultat n'est pas communiqué aux autorités sanitaires. Voire à l'absence totale de test devant un « rhume » ou une « crève » qui ne dérange que quelques jours.
Le Conseil scientifique, qui a publié mercredi son dernier avis avant sa dissolution, fin juillet (lire ci-dessous), prédit par ailleurs que « les hospitalisations vont continuer à augmenter et devraient atteindre leur pic au cours de la deuxième quinzaine de juillet ». « Il est encore trop tôt pour dire quelle sera l'ampleur du pic d'hospitalisations en soins conventionnels et en soins critiques, ainsi que le nombre de décès, poursuivent les experts. Il semblerait qu'on se rapproche des chiffres observés avec la vague BA.2, en avril dernier. »
« Vivre avec le virus »
Le P r Marc Gainnier, chef du service de réanimation à l'hôpital de La Timone à Marseille (AP-HM), observe une hausse « indéniable » des hospitalisations pour Covid, mais estime que cette vague « ne pèse pas sur l'hôpital public en l'état actuel des choses. Le vrai problème, ce sont les lits fermés par manque de personnel ». Dans son service, les malades pris en charge en raison d'un Covid sévère présentent tous de nombreuses comorbidités. « On a aucun malade sans antécédents, comme cela a pu être le cas au début de la pandémie. » Il ne s'agirait pas de penser, pour autant, que cette septième vague est « neutre » , met en garde Mircea Sofonea. « La mortalité est encore en train de croître, et à un rythme tel qu'elle pourrait encore doubler », prévient l'épidémiologiste. « C'est beaucoup. ».
Dans son dernier avis, le Conseil scientifique observe que les 25 000 décès liés au Covid enregistrés de janvier à fin mai n'ont « pour l'heure pas suscité de réaction particulièrement vive au sein de la population » . « Une stratégie de type «vivre avec le virus» se dessine de fait dans un nouveau contexte épidémique » , notent les experts. Un « changement notable » qui doit s'accompagner, si besoin, de « mesures de contrôle de la circulation virale, de type obligation du port du masque dans certains lieux, (...) pour diminuer l'impact sanitaire et économique, et mieux sécuriser certains lieux de vie essentiels où les plus fragiles doivent se rendre, comme les transports », défend-il.
Le Figaro