carma a écrit:Ca dépend qui rédige le certificat de décès j'imagine. Néanmoins il y a des chances qu'ils soient comptabilisés dans les morts du Covid. Et alors ? Sans le Covid, peut-être auraient-ils vécu 3 mois de plus, contrairement à ce que raconte Raoult, c'est quand même difficile, même avec des scores cliniques, d'établir précisément l'espérance de vie de ces malades. Il en va de même pour les malades immunodéprimés, avec des comorbidités pulmonaires, etc... Les pathologies sont toujours intriquées chez les patients polypathologiques, l'une faisant décompenser les autres, sinon, on peut juste dire que tous les décès en France sont du à un arrêt cardiovasculaire. C'est techniquement 100% vrai. Dans l'exemple cité par Remind, on parle d'un accident de la route, ce qui est cette fois-ci complétement ridicule.
A la question, il y-a-t-il une surmortalité globale en France, la réponse est clairement oui.
D'accord de A à Z.
J'ai commencé ma garde dimanche en 15 en signant 6 certificats de décès dans 2 maisons de retraites du secteur (2 + 4).
Tous les patients étaient Covid + mais âgés et porteurs de polypathologies. Impossible de savoir si c'est le virus qui les a tués directement ou s'il a provoqué des défaillances multiples d'organes déjà fragiles, mais en pratique on s'en fout, c'est la même chose.
C'est ce que font la grippe, les pneumopathies communautaires et autres pathologies infectieuses et on les comptabilise comme causes de la mort, mais là on n'est plus sur la même échelle.
Ce jour-là, pour la 4è fois, on a été obligés de fermer le standard en début d'après-midi. Plus d'appels que ce qu'on pouvait matériellement traiter, même en débordant nos horaires prévus à chaque garde. Plusieurs labos du secteur refusent d'aller faire des prélèvements à domicile faute de préleveurs dispos et demandent aux malades de se trouver une infirmière libérale pour venir faire là prise de sang, mais de nombreux patients se plaignent de ne pas trouver d'infirmière pour leurs soins à domicile : beaucoup sont au max de ce qu'elles peuvent faire et n'acceptent plus de patients. Sans parler des médecins traitants qui répondent quand ils peuvent...
On est un pays démocratique et on peut décider de vivre normalement et advienne ce que pourra. Ça peut s'entendre. Allons au bar, allons surfer, allons gentiment consommer dans les commerces, et fêtons Noël tous ensemble, pourquoi pas ?
Mais il faudra alors accepter d'être pris en charge moins vite, moins bien, être prêt à voir mourir des proches, (même si ce ne sont que des aînés
) et à subir soi-même les conséquences quand on est malade (de ça ou d'autre chose, d'ailleurs) d'un système de soins qui ne peut répondre à la demande. C'est l'un OU l'autre, on ne peut pas avoir le beurre, l'argent du beurre et le cul de la crémière. Ou on pourrait si...
Si Juppé n'avait pas réduit drastiquement le numerus clausus en première année de médecine il y a 20 ans parce que moins de médecins = moins de dépenses de santé, bien sûr
. Ou si tous les gouvernements successifs n'avaient pas démantelé l'hôpital public à coups de restrictions budgétaires purement comptables qui ne tiennent aucun compte des besoins et de la réalité d'un service public.
Il ne s'agit pas de faire peur pour le plaisir, c'est juste une réalité. Ça n'est pas parce qu'on ne voit pas les dégâts dans son entourage propre qu'il faut en déduire que c'est une vue de l'esprit et qu'on doit écouter plus volontiers ceux qui expliquent que la terre est plate et que les "big pharmas" nous tracent grâce à la 5G et aux nanoparticules dans les vaccins.
Bref, désolé pour le coup de gueule, mais j'ai comme un chtit coup de Calgon ces jours-ci. Léger burn-out probablement. Mais ça va aller mieux, j'ai ouvert un bon Bordeaux pour le déjeuner.
Ah, au passage et pour être juste, les big pharmas qui font du lobbying sur les politiques de santé, ça c'est bien réel. (Exemple : les fameux et fumeux Gilead qui ont réussi à imposer l'AMM pour leur Remdésivir très cher et pas d'une efficacité supérieure statistiquement évidente, entre autres "arnaques"). Plutôt que de lire des conneries à ce sujet sur les RS, voir le chouette documentaire "Big Pharma" sur Arte.