Gastibelza a écrit:Cela ne manque pas de me rappeler la discussion que nous avions eu avec Bood' sur les sciences sociales et humaines à propos de leur degré de "scientificité". Or, qu'a t-on observé avec cette crise du covid ? Malgré la prise de positions d'éminents savants du monde entier, malgré de nombreuses études, de débats, les grandes questions des traitements sont aussi contestées que certaines théories émises en économie ou en sociologie. Et elles ont souffert de la lutte d'ego et d'enjeux idéologiques flagrants (pêle-mêle : savoir confisqué par les élites, puissance de l'argent et du Big Pharma, disparité des traitements entre pays riches et pays pauvres, parisianisme vs décentralisation,...). Où est la réponse claire et probante qu'une science dite exacte ou pure est censée nous apporter ?
Et si au final, on en concluait que ce qui fait la scientificité d'une discipline, ce n'est pas tant le résultat en lui-même mais la démarche et la rigueur intellectuelle qui conduit à un résultat ?
Je ne suis pas vraiment OK avec ce raccourci intellectuel et ce nivellement des "sciences".
Ce que démontre cette crise, c'est que la science et particulièrement la médecine, repose sur des temps longs. Des temps de l'analyse, de l'étude, de l'expérience puis de l'analyse à nouveau, avant de parvenir à une solution thérapeutique pas forcément optimale.
Les cancers existent depuis la nuit des temps. On avance mais combien sont aujourd'hui guéris comme un rhume ?
La grippe n'a pas de traitement de fond optimal, on en meurt toujours.
Etc.
A l'échelle de ce temps long, qui plus est s'agissant d'une nouvelle maladie, l'humanité a avancé à bons de géant pour la découverte de traitements adaptés et surtout de candidats vaccins, en un temps record. Le pronostic vital d'un patient sévère est largement meilleur aujourd'hui qu'en mars. L'épidémie recule, on en apprend davantage chaque jour.
Ce qui est AUSSI vrai, c'est qu'à une époque de l'immédiateté, où les chaînes info bombardent de breaking news, où on a la Fibre, twitter, 350 chaînes de télévision, le temps scientifique est incompatible avec les désirs de solution immédiate d'une humanité incapable de patience et de résilience (du moins dans les pays occidentaux).
Cette épidémie renvoie les enfants que nous sommes devenus, ces monstres pourris gâtés qui se pensaient débarrassés de la mort, avides de consommation et de plaisir immédiat, à leur statut d'être humains, mortels et ne sachant pas tout.
Voici mon avis. Puisque nous sommes tous devenus experts de tous les sujets, que nos émotions fortes valent bien plus qu'un avis argumenté, qu'on n'a plus le temps de rien et surtout pas de réfléchir, cet avis vaut bien celui d'un autre.