Dans les milieux économiques, on l'appelle "Dr Doom", en raison de ses prévisions souvent pessimistes. Nouriel Roubini, célèbre professeur d'économie américain, récidive : il prédit la prochaine crise économique mondiale pour l'année 2020, dans une tribune publiée ce vendredi dans plusieurs quotidiens internationaux, dont Les Echos en France.
Concrètement, l'économiste estime que le prochain "krach" mondial pourrait être entraîné par une série de plusieurs facteurs, dont la montée des prix du pétrole, celle des déficits budgétaires, le ralentissement de la croissance chinoise et l'impuissance des politiques monétaires. "La crise et la récession de demain pourraient se révéler encore plus sévères et prolongées que celles d'hier", tonne le professeur. Mais faut-il trembler avec lui ?
Des prévisions déjà réalisées...
Oui, car plusieurs de ses prévisions se sont déjà avérées. Professeur d'économie à la School of Business de l'Université de New York, il dispose d'une aura internationale pour avoir annoncé la crise de 2008. Dès septembre 2006, devant une audience de spécialistes sceptiques du FMI, il avait prévenu qu'une crise économique était en gestation. La bulle immobilière associée à la dette croissante des États-Unis laissaient craindre, disait-il, un effondrement de l'économie. Soit, précisément, ce qui s'est produit l'année suivante. Cette prédiction a fait de lui le "prophète" de l'économie, selon un mot célèbre du macroéconomiste Prakash Loungani.
Et ce n'est pas tout. Prophète de malheur, Nouriel Roubini a également anticipé la crise européenne de 2012 après avoir observé la solvabilité en chute libre de la Grèce et de l'Italie.
... et de fausses alertes
Mais le "Dr Catastrophe" n'a pas, heureusement, toujours eu raison. Concernant la crise de la zone euro, il a estimé en 2012 que l'Union européenne devrait forcément, pour en sortir, contraindre la Grèce à revenir à son ancienne monnaie, la drachme. D'ici l'année suivante, assurait-il, l'Italie et la Finlande allaient devoir lui emboîter le pas. Or, rien de cela ne s'est produit.
Le professeur, pas forcément infaillible, a encore déclaré que la surcapacité des moyens de production chinois allait mener l'Empire du Milieu à sa perte pour 2013. Or, cinq ans plus tard, les usines de ce pays ne connaissent toujours pas la crise.
Ou peut-être Nouriel Roubini a-t-il simplement eu raison trop tôt, et ses prédictions finiront par se réaliser juste un peu plus tard ? Le constat de crise prochaine qu'il publie ce vendredi est, en tout cas, partagé par d'autres de ses collègues. Ainsi, le Britannique Steve Keen estime lui aussi que "le cercle vicieux que constituent la dette, la baisse de la consommation, la baisse de l'activité et le chômage" est en train de créer un "monstre". Sans être aussi précis, il annonce donc lui aussi un effondrement à venir. Ce qui n'aurait, non plus, rien de bon.