Un article des Echos du jour.
Coronavirus : la France va tester trois candidats médicaments
Un essai clinique portant sur 800 patients en France et plus de 3.000 en Europe permettra de tester l'efficacité de molécules initialement développées contre Ebola ou le VIH. Une vingtaine de projets de recherche ont par ailleurs été lancés dans l'Hexagone pour étudier tous les aspects du coronavirus et de la pandémie.
Sciences & Prospectives
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En France, une cinquantaine d'équipes de recherche travaillent spécifiquement sur le nouveau coronavirus à l'origine de l'actuelle pandémie mondiale. (JOHN THYS/AFP)
Par Yann Verdo
Publié le 11 mars 2020 à 18h56Mis à jour le 11 mars 2020 à 19h18
Une enveloppe spécifique de 8 millions d'euros auxquels s'ajoutent 4,6 millions d'euros venant de financements européens, un fonds d'amorçage de 1 million d'euros ayant permis la sélection et le lancement de 20 projets de recherche, le démarrage imminent d'un vaste essai clinique paneuropéen pour tester trois candidats médicaments… Alors que l'Organisation mondiale de la santé (OMS) s'apprêtait à annoncer officiellement qu'elle requalifiait l'épidémie de Covid-19 en pandémie, un point-presse était organisé au ministère de la Recherche pour montrer que, dans l'Hexagone, tout était en ordre de bataille pour permettre à la cinquantaine d'équipes de recherche françaises concernées de participer efficacement à la lutte contre le nouveau coronavirus Sars-CoV-2.
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« En temps d'épidémie, la recherche fait partie de la réponse », a rappelé en ouverture de son propos le Pr Yazdan Yazdanpanah, chef du service maladies infectieuses à l'hôpital Bichat et président de REACTing, le consortium créé en 2013 après l'épidémie de chikungunya pour coordonner l'action des différents laboratoires à l'échelle nationale lors de la survenue d'une épidémie.
800 patients
Principale nouveauté annoncée ce mercredi au ministère de la Recherche : le lancement « d'ici à la fin de la semaine ou au début de la semaine suivante », selon Yazdan Yazdanpanah, d'un ambitieux essai clinique appelé Discovery et visant à tester trois candidats médicaments - « ceux considérés comme prioritaires par l'OMS », a précisé l'infectiologue. Au total, 800 patients y participeront en France, 3.200 au total sur l'ensemble des pays européens associés à cet essai.
Celui-ci se subdivisera en quatre groupes, un groupe témoin ne recevant pas de médicament spécifique et trois autres en recevant. L'un testera le remdesivir, un antiviral expérimental initialement développé par le laboratoire Gilead pour traiter Ebola. L'autre, le kaletra, antirétroviral mis au point par AbbVie pour le VIH et associant du lopinavir et du ritonavir. Le quatrième groupe recevra une association kaletra-interféron bêta (ce dernier sorti des laboratoires Merck), au cas où le traitement par antirétroviral seul se révélait insuffisant. On notera au passage que la chloroquine, l'anti-paludéen dont l'utilisation contre le coronavirus est défendue, en France, par le Pr Didier Raoult, n'a pas été retenue dans cet essai.
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Autre annonce phare : le lancement immédiat, grâce à un fonds d'amorçage dédié, de vingt projets de recherche, sélectionnés parmi trente-trois par le conseil scientifique de REACTing. Dans le détail, sept concernent la recherche fondamentale, six les aspects diagnostiques, cliniques et thérapeutiques, trois l'épidémiologie et quatre les sciences humaines et sociales - avec notamment, pour ces dernières, des projets concernant l'étude de la propagation des rumeurs ou de l'acceptabilité des mesures barrières individuelles.
Développer un test sérologique
Les pouvoirs publics attendent beaucoup de ces initiatives de recherche, pour lesquelles d'autres financements plus classiques doivent venir prendre le relais. Ainsi du projet visant à développer un test sérologique, complémentaire du test par prélèvement nasal pratiqué aujourd'hui.
Alors que le test par prélèvement ne peut que dire si, au moment du test, le patient est porteur ou non du virus, un test sérologique permet seul de savoir si un individu a été infecté par le passé (auquel cas il en reste une trace dans son sérum). En appliquant ces tests à la banque de données de l'Etablissement français du sang, on pourra alors se faire une idée de la pénétration réelle du virus dans la population française. Et donc de déterminer son taux de létalité de façon plus précise.