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« Ce mec est trop rapide »... de l'Insep à l'équipe de France, Nolan Traoré, monstre de précocité
Avec une performance historique (45 points, 9 passes), le meneur de 17 ans a envoyé le Pôle France en finale de l'Euroligue juniors (12h30). Le point final d'une saison qui l'a vu exploser jusqu'à être appelé comme partenaire d'entraînement en équipe de France cet été.
Quoi de mieux qu'une salle de concert pour livrer le plus beau récital d'une jeune carrière ? Dans l'intimité du Uber Eats Music Hall de Berlin, transformé en salle de basket provisoire pour l'épilogue de l'Euroligue juniors (U18), Nolan Traoré a fait danser toute la défense du FC Barcelone (101-96). Une symphonie historique (45 points, record en phase finale, et 9 passes) mêlant premier pas foudroyant, altruisme et paniers assassins à trois points pour ouvrir les portes de la finale au Pôle France (dimanche 12h30 contre le Real Madrid).
Le dernier match du jeune meneur (17 ans) en tant que pensionnaire de l'Insep après trois ans d'apprentissage jusqu'à devenir un monstre de précocité. Mi-mai, son frère aîné Armel Traoré (21 ans), joueur de Blois la saison dernière, et l'entraîneur Lamine Kébé lui remettait un maillot lors de la cérémonie des sortants du Pôle France. Mais le natif de Créteil avait aussi l'esprit ailleurs, tourné vers Saint-Quentin et les play-offs de Betclic Élite.
Appelé comme pigiste médical par le SQBB en avril, Traoré a dépossédé Antoine Rigaudeau du record de points inscrits par un mineur dans l'élite (25 à Chalon, le 4 mai). Pas rassasié, le meneur a pris feu en play-offs avec les Phénix (19,5 points et 7 passes de moyenne), tout près de pousser l'Asvel au match d'appui en quarts de finale dimanche dernier. De quoi permettre un retour express à l'Insep pour préparer l'Euroligue juniors avec un vol Paris-Berlin mercredi.
« C'était un peu bizarre au début de redécouvrir ce qu'on faisait à l'Insep, mais peu de choses avaient changé depuis avril et je voulais vivre cette dernière aventure avec mes coéquipiers », confiait vendredi l'ancien pensionnaire du Saint-Charles Charenton, comme Evan Fournier avant lui.
Mike James et Kyrie Irving comme modèles
S'il a constaté qu'à l'étage professionnel le jeu était « plus rapide », Traoré a pu vérifier que son arme fatale fonctionnait peu importe le parquet. « Il s'est tout de suite démarqué par sa capacité à franchir, à changer de vitesse et à être un attaquant hors du commun. Même au niveau supérieur, il a gardé cette faculté et ce n'est pas forcément sur ses capacités athlétiques mais sur son analyse du jeu et son timing », expliquait Lamine Kébé vendredi.
Redescendu chez les juniors, l'ancien licencié de Chenevières, à 6 ans dans les pas de son frère - « Je n'ai jamais fait d'autre sport » -, était même inarrêtable samedi dès qu'il décidait d'agresser le cercle. En témoigne sa feuille de statistiques : 10 sur 14 à deux points et 16 lancers francs tentés. « C'est juste exceptionnel. Il a fait tout ce qu'il fallait, il a mis les gros tirs au bon moment, il remotivait ses gars quand l'Insep était dans le dur. Et ce mec est trop rapide, sur son premier pas après dribble », sourit l'ailier d'Ulm Noa Essengué (17 ans), autre grand espoir de la génération 2006, ami et ex-coéquipier de Traoré au Pôle France.
L'intéressé glissait, lui, s'inspirer de deux modèles : un de chaque côté de l'Atlantique. « En NBA, c'est Kyrie Irving (Dallas) et en Euroligue, Mike James (Monaco). J'aime leur jeu, tout ce que je vois d'eux sur le terrain », raconte Traoré, qui n'avait pas pu croiser le meneur monégasque, absent le 30 mars pour son premier match chez les professionnels.
En équipe de France dès cet été
Mais son jeu et ses coups de reins - à côté d'un shoot prometteur (42 % à trois points en Euroligue juniors) -, rappellent surtout aux observateurs le souvenir de Tony Parker, également passé par le Pôle France. « J'entends qu'on dit ça de moi et c'est un plaisir d'être comparé à lui, mais ça ne me monte pas à la tête, je reste normal », glisse-t-il en réponse. Traoré cultive aussi son leadership, renforcé après son passage à Saint-Quentin. « Contre Barcelone, il a parlé aux joueurs dans le vestiaire, il n'y a pas que les statistiques, il a une emprise sur l'équipe », raconte Lamine Kébé.
Après la finale de dimanche, la suite s'écrira à 100 % dans le monde professionnel avec une (probable) ultime saison européenne jusqu'à la draft NBA 2025. Saint-Quentin espère conserver la pépite, avec l'attrait du ticket en Ligue des champions obtenu pour la saison prochaine, alors que Paris, l'Asvel et la Ligue australienne (NBL) se montre aussi intéressés. Les Bleus ont également Traoré dans leur radar puisque l'élève du Pôle France commencera la préparation pour les Jeux Olympiques dans le costume de partenaire d'entraînement. Pour l'instant. « Nolan est différent de ces joueurs. C'est une grosse plus-value pour le futur de l'équipe de France. Il a été appelé par Vincent Collet et on ne sait jamais, il faut qu'il se donne à fond », sourit Kébé, jamais surpris de voir son pupille brûler les étapes.