Victor Wembanyama a rencontré ses premiers obstacles à Las Vegas cette semaine, entre une prestation mitigée pour ses débuts avec les San Antonio Spurs vendredi et « l'affaire Britney Spears » qui a pollué l'extrasportif.
Même à Paradise (Nevada), la vie n'est pas un long fleuve tranquille. Victor Wembanyama l'a appris à ses dépens, vendredi soir, à l'occasion de son premier match avec les Spurs, dans cette ville de 200 000 habitants située au sud de Las Vegas. Le T & M Center et sa salle voisine du Cox Pavilion avaient des airs de marmite en ébullition dès le début d'après-midi, où quelque 22 000 fans de basket avaient pris place pour l'ouverture de la Summer League.
Le quatrième match du jour opposant les Trail Blazers de Scoot Henderson aux Rockets d'Amen Thompson, respectivement numéros 3 et 4 de la draft 2023, a traîné en longueur, allongeant l'attente autour de Wembanyama, censé faire ses grands débuts avec les Spurs à 18 heures (heure locale), face à Charlotte. « Pousse, pousse ! Mets de la vitesse ! », lui a crié son préparateur physique Guillaume Alquier, alors que « Wemby » enchaînait les pompes à l'échauffement dans le couloir exigu qui menait au parquet.
Le prodige français de 19 ans a pu enfin entrer en scène aux alentours de 18 h 10, suscitant une émotion folle dans la salle, sous les yeux d'anciennes gloires, comme Kareem Abdul-Jabbar, et de joueurs actuels, à l'instar de DeMar DeRozan. La grande première de Wembanyama sous le maillot des Spurs n'a néanmoins pas été celle dont il avait rêvé. Le natif du Chesnay (Yvelines) a manqué ses deux premiers tirs, et a été bougé sous le cercle par Kai Jones, le jeune intérieur des Hornets (22 ans) au profil musculeux (2,11 m, 100 kg).
Le numéro 1 de la dernière draft a en revanche pu faire apprécier sa dextérité et son toucher de balle en première mi-temps, remontant le cuir et distribuant des offrandes comme s'il jouait au poste de meneur (3 passes décisives au total). « Il y a beaucoup d'expérimentations et on me laisse beaucoup de liberté. C'est l'animation qui est bâtie comme ça, on essaie de se trouver le plus rapidement possible », confiait le joueur après la rencontre.
S'il y avait un enseignement positif à tirer de ce premier match, c'est que « Wemby » fait déjà peur à ses adversaires défensivement. Le Français a capté huit rebonds et réalisé cinq contres en 27 minutes, avec notamment un block impressionnant sur Brandon Miller. L'action a fait lever les 19 500 spectateurs du T & M Center, qui semblaient beaucoup moins intéressés par la prestation du numéro 2 de la draft (16 points, 11 rebonds) que par celle du Français.
La deuxième mi-temps a été plus compliquée pour Wembanyama, en manque d'adresse (9 points inscrits à 2/13 au tir, dont 1/6 à 3 points). De quoi agacer certains fans, bien impatients et en attente de miracles à chaque prise de balle. « C'était une configuration particulière. Nous n'avions pas beaucoup de temps pour nous échauffer avant le match. Ce n'était pas notre meilleur match au tir en général (adresse globale à 33,3 % pour les Spurs, 29,9 % pour les Hornets) », a justifié l'ancien intérieur des Mets après coup.
Embarqué dans la culture de l'instant et du « highlight » si propres à la NBA, Wembanyama était du mauvais côté vendredi. En cause, un dunk de Kai Jones, qui a manqué de le faire tomber au sol dans le troisième quart-temps. Bien qu'anecdotique, le « poster » est devenu viral sur les réseaux sociaux, couronnant une prestation contrastée pour le phénomène. « Ils ne jouent pas de la même manière en France, il va devoir apprendre notre style de jeu. Il faut être patient », commentait Abdul-Jabbar après la rencontre. Un avis partagé par le principal intéressé. « Je suis globalement satisfait qu'on ait gagné ce match (76-68). À titre personnel, pour être honnête, je me suis demandé ce que je faisais sur le terrain ce soir (vendredi). Mais j'essaie d'apprendre pour les prochains matches. »
Une « hype » qui le dépasse parfois
Wembanyama est passé en seulement quelques semaines d'inconnu à véritable rock star aux États-Unis. À New York, dans les jours précédant la draft, il avait pris un bain de foule dans le métro, avant de se faire arracher une chaussure par des fans un peu trop insistants dans la rue. Les mêmes scènes de liesse l'ont accompagné à son arrivée à San Antonio, puis à Las Vegas, où des petits malins ont trouvé l'adresse de son hôtel et l'attendent tous les jours pour des autographes.
Mais la « hype » a fini par le dépasser mercredi soir, lorsque « Wemby » a attiré l'attention de la chanteuse américaine Britney Spears, alors qu'il se rendait dans un restaurant du Strip. Repoussée vivement par la sécurité du joueur alors qu'elle souhaitait prendre une photo avec lui, la star américaine a décidé de porter plainte le lendemain, expliquant avoir été giflée et exigeant des excuses. Un épisode rocambolesque dont l'international français a dû se dépatouiller seul le lendemain, face à la presse qui l'attendait à la sortie de l'entraînement. « J'ai senti une personne m'attraper par-derrière. Tout ce que je sais, c'est que la sécurité l'a repoussée ensuite, et je ne sais pas avec quel degré de force », a-t-il justifié.
Si la police de Las Vegas a annoncé qu'elle ne poursuivrait pas l'agent de sécurité mis en cause, cet épisode a causé bien du souci à Wembanyama et ses agents. Une nouvelle réalité pour le joueur, surexposé médiatiquement depuis son arrivée sur le sol américain. « Ç'a été une période particulière depuis la fin de ma saison en France, avec ensuite la draft, puis la Summer League. Le repos viendra ensuite », a-t-il soufflé vendredi, avant d'ajouter : « Ce soir, il y a des fois où je suis retourné sur le banc très fatigué. » Les fans l'attendront pourtant au tournant dès la nuit de dimanche à lundi, puisque les Spurs doivent affronter Portland à 2 heures du matin (heure française).
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