par Dragan » 14 Sep 2022, 10:41
Information
Affrontements meurtriers dans le Caucase
L'Arménie et l'Azerbaïdjan se sont livrés les combats les plus violents depuis la guerre entre les deux pays en 2020.
CAUCASE La nuit a été sanglante le long de la frontière entre l'Azerbaïdjan et l'Arménie. Selon un bilan provisoire donné mardi par le premier ministre Nikol Pachinian, 49 soldats arméniens ont été tués. Il s'agit de la plus forte montée de tension entre ces deux Républiques du Caucase du Sud depuis le cessez-le-feu du 9 novembre 2020, qui mettait fin à la guerre de 44 jours autour du Haut-Karabakh dont l'Azerbaïdjan était sorti vainqueur, reprenant les territoires « occupés » autour de la province sécessionniste et quelques morceaux de celle-ci.
Ce mardi, juste après minuit, les forces azerbaïdjanaises ont attaqué à l'artillerie, avec des armes de gros calibre ainsi que des drones, diverses positions en territoire arménien comme Vardenis, Sotk, Goris ou encore Djermouk. Des vidéos circulaient mardi sur les réseaux sociaux confirmant l'ampleur des violences de la nuit. La plupart des cibles semblent avoir été militaires.
Bakou, qui avait fait monter la pression depuis 48 heures en invoquant des provocations arméniennes, prétend qu'elle a dû prendre les devants après que des commandos arméniens ont tenté de miner des routes d'approvisionnement des forces azerbaïdjanaises dans les territoires anciennement « occupés » (jusqu'à fin 2020) autour du Haut-Karabakh. « Le côté arménien a en effet miné diverses zones, près du corridor de Latchine, pour protéger certaines de ses positions. Il nous est impossible de vérifier si cela a été à nouveau le cas ces derniers jours et si c'est en effet la raison de la réaction de Bakou, qui de toute façon est disproportionnée », explique un diplomate européen très informé.
Mardi en milieu d'après-midi, l'Azerbaïdjan affirmait avoir « rempli tous ses objectifs ». La déclaration survient quelques heures après l'annonce d'un cessez-le-feu qui aurait été négocié par Moscou. « Ce sont des sources arméniennes qui ont parlé de ce cessez-le-feu négocié par les Russes. Le ministère azerbaïdjanais de la Défense, lui, a fait savoir qu'il avait mis fin à ses opérations de lui-même. La question des zones minées est réelle, mais c'est une raison technique. Les vraies raisons de ces tensions ont à voir avec la non-mise en oeuvre de certains articles du cessez-le-feu du 9 novembre 2020 », estime Ahmad Alili, directeur du Caucasus Policy Analysis Center, à Bakou.
Statut du Haut-Karabakh
Si la montée de tension de ce mardi est la plus sérieuse enregistrée depuis la fin de la « seconde guerre du Karabakh », elle n'est pas la seule. En novembre 2021 par exemple, une vingtaine de soldats arméniens et azerbaïdjanais avaient été tués à l'occasion d'une percée azerbaïdjanaise en territoire arménien. « Ilham Aliev (le président azerbaïdjanais, NDLR) s'impatiente de ne pas voir avancer certains points de la déclaration de cessez-le-feu du 9 novembre 2020, selon son interprétation du texte. Qu'il s'agisse par exemple de la route qui doit passer par le territoire arménien et permettre à l'Azerbaïdjan d'être directement relié à sa région autonome du Nakhitchevan, ou du désarmement complet des Arméniens présents au Haut-Karabakh », précise le diplomate européen.
L'interprétation des textes est en effet problématique. Un des points de tension concerne le futur du Haut-Karabakh, et notamment son statut. « Le premier ministre arménien, Nikol Pachinian, a été sans ambiguïté depuis des mois et dit que son pays n'avait pas d'autre choix que de reconnaître l'intégrité territoriale de l'Azerbaïdjan. Malgré tout, M. Aliev met la pression en disant que la question est réglée mais sans jamais donner la moindre garantie, ou ne serait-ce qu'une promesse pour commencer, au sujet de l'avenir qu'il réserve aux Arméniens qui vivent au Haut-Karabakh », déplore Olesya Vartanian, analyste pour le Caucase du Sud de l'International Crisis Group.
Les inquiétants événements de la nuit passée, et d'autres échauffourées ces dernières semaines, interviennent alors que depuis le printemps Nikol Pachinian et Ilham Aliev entretiennent un dialogue sous l'égide de l'UE faisant entrevoir une possible conclusion pacifique du conflit au Haut-Karabakh, vieux de trois décennies. « Les deux se sont réunis pour la quatrième fois en moins de six mois à Bruxelles ce 31 août. Malgré les échauffourées d'août, Aliev est venu. Il avait prévu de parler deux heures avec Pachinian, mais il est finalement resté cinq heures », témoigne le diplomate européen. Mais faire la paix est chose difficile, tant les parties, notamment les Arméniens qui ont perdu la guerre de 2020, ont de lourdes concessions à faire.
Le Figaro
Samba / Renan Lodi, Lacroix, Mbemba, Clauss / Lemar, Kondogbia, Guendouzi, Is. Sarr / Alexis, Aubameyang
Blanco / J. Firpo, Gigot, Seidu, R. Pereira / Harit, Soumaré, Ounahi, Mughe/ Ndiaye, Vitinha
Ventes : Touré, Balerdi, Lopez, Rongier, Veretout, Amavi, Lirola