par fourcroy » 23 Fév 2022, 17:35
Lo Provençau, je ne crois pas m'appuyer tant que ça sur mon opinion. Ce qui relève de l'opinion, c'est la place que l'on souhaite donner aux langues régionales, question sur laquelle nos opinions respectives sont effectivement opposées, mais ce n'est pas le sujet ici. La situation des langues régionales, elle, relève du fait historique et sociologique, pas toujours évident à cerner, certes, d'où une différence d'appréhension plus que d'opinion.
Que le français se soit imposé face au latin comme langue officielle (Villers-Cotterêts) et face aux langues régionales comme langue du peuple (l'école de la IIIème république), dans les deux cas de manière contraignante, c'est un fait. Que les langues régionales aient été les langues principalement en usage jusqu'au début du XXème siècle, je n'ai pas dit le contraire. Que le corse soit toujours parlé abondamment, je le sais aussi et je l'ai constaté quand je suis allé en Corse, et à Marseille. Je ne connais pas le pays basque et, puisque tu dis connaître bien le sujet et observer une montée de la pratique de la langue basque, je n'ai pas de raison de ne pas te croire. Au reste, ce que j'en disais, c'était que les Basques, quelque proportion d'entre eux qui parlent le basque, fût-ce au quotidien, parlent aussi dans leur totalité le français et que cela contribue à faire d'eux des Français. Des Français Basques, mais des Français quand même.
Je ne comprends pas trop ton dernier paragraphe. L'Allemagne a annexé deux fois l'Alsace et la Lorraine en arguant que c'étaient des régions germaniques ; elle n'est plus trop dans ce genre de dispositions aujourd'hui, mais cela fait partie de l'Histoire. L'intérêt de l'Italie et des Pays Bas à défendre des langues régionales qui ne sont pas les leurs m'échappe. Poutine est sur une ligne éculée de l'histoire mondiale, ce qu'il fait n'a rien d'original. Cela ne suffit pas pour l'approuver.
Cela dit, il n'y a pas que la langue. Le sentiment national est plus important, même si, à mon sens, il est en partie lié à la langue. A titre d'exemple, les Tyroliens du sud que j'ai rencontrés étaient tous de langue maternelle allemande, mais aucun ne militait pour le rattachement du Südtirol à l'Autriche. En 1919, l'annexion à l'Italie s'est faite en revanche contre le sentiment populaire.
"La société de surconsommation, fruit d'un capitalisme dérégulé, relève d'une logique compulsionnelle dénuée de réflexion, qui croit que le maximum est l'optimum et l'addiction, la plénitude." Cynthia Fleury