par fourcroy » 03 Oct 2019, 13:44
boodream, ta réponse n'est pas pertinente car elle ignore le bilan de la page précédente : c'est toujours l'autre qui est agressif et qui tient des propos déplacés. Rob, dont la sincérité est évidente, s'est senti insulté par mes propos et les tiens et pense juste avoir réagi de manière un peu virile, peut-être, mais correcte. Et c'est bien là que se situe le problème de communication. Dans l'ensemble, les gens qui débattent ici sont à peu près de bonne foi, le font de leur plein gré sans objectif prosélyte pour le plaisir de discuter. Ca se passe parfois bien, parfois mal, comme en l'espèce.
Quand j'écris "c'est une politesse classique (que l'on peut contester, notamment parce qu'elle est le signe d'une attitude peu rationnelle face à la mort) de ne pas agresser un cadavre encore frais." Rob lit une attaque violente. Pas moi ; je prends même la peine de préciser entre parenthèses qu'on peut ne pas partager cette vision de la décence vis-à-vis de la mort immédiate et de justifier comment on peut en arriver à penser l'inverse de ce que je pense, moi !
Cela posé, ce qu'a fait Rob, et a fortiori un site comme Mediapart, c'est bien d'agresser un cadavre encore frais. La formulation est dure, imagée, mais c'est une réalité. Et l'on est en droit de penser, comme un certain nombre ici, qu'il n'y a pas de problème en cela. Ce qu'on ne peut pas ignorer, c'est qu'on va choquer ceux qui respectent ce délai de décence, mais ce n'est peut-être pas une raison non plus - en tout cas, ça se discute. Ensuite, Rob, à ses yeux, ne fait que rebondir sur une phrase qui l'a vexé et qu'il juge imméritée ; pour moi, il pourrit le débat. On ne peut donc pas se comprendre et ça part (un peu) en sucette.
Je pense que la probabilité que les mêmes tensions surgissent entre, disons, toi et moi, est beaucoup plus faible. Pour une raison purement psychologique qui n'a rien à voir avec des considérations sociologiques : c'est que nous partageons le même humour (et nous savons pourquoi) ; on va donc naturellement mieux se comprendre.
Le deuxième point qui crée inévitablement des tensions, c'est quand l'autre n'énonce pas seulement une opinion contraire, mais part d'une pétition de principe qu'un autre va juger absurde et qu'il ne va donc pas accepter. C'est le cas de la mention du suicide de cette collègue. J'ai beau retourner la chose dans tous les sens, je ne vois pas comment on peut rattacher le silence du Ministère à ce sujet (à vrai dire, je ne sais pas s'il a communiqué ou non, mais on en a à tout le moins très peu entendu parler) à l'hommage proposé aux établissements le jour de deuil national à l'occasion de la mort de Chirac. Ce deuil est systématique pour un ancien Président, l'Ecole de la République s'y associe ; c'est juste une évidence. Aucun rapport avec les manques de l'EN, la détérioration du service éducatif, tous sujets importants, mais indépendants. Ce n'est pas l'hommage à un ancien Président qui empêche quoi que ce soit.
Bref, comme ce parallèle est absurde à mes yeux, je réagis et suis logiquement choqué par le message de Rob. Toi aussi. Pas Superolive, qui, lui, comme Rob, trouve le parallèle pertinent. Et qui se trouvent, en retour, logiquement choqués par notre réaction.
Bon, évidemment, on s'éloigne du sujet des faits divers, mais parler des conditions de possibilités de la communication me semble en soi intéressant. On est quand même là pour ça (communiquer).
"La société de surconsommation, fruit d'un capitalisme dérégulé, relève d'une logique compulsionnelle dénuée de réflexion, qui croit que le maximum est l'optimum et l'addiction, la plénitude." Cynthia Fleury