Bon les copains, j'ai inauguré hier mes premiers coups de matraque (5 au total) en manifestation, avec une émotion non dissimulée.
Avec des collègues on rejoint le cortège pas loin de la fin et on défile jusqu'au Trocadero. Au bout de 5 minutes sur la place, un type de M6 veut m'interroger sur la journée. Ma réponse : "J'ai défilé 30 minutes, je ne suis peut être pas le mieux placé pour causer". Puis on voit un mouvement de foule, une quinzaine (et encore) de CRS fonce dans notre direction, à la poursuite de ce qui semblaient être des blacks blocs.
Va savoir pourquoi, je décide de les rejoindre au pied d'une statue où ils se sont retranchés tant bien que mal en leur disant de dégager car ils y mettaient tout le monde en danger. Les pierres commençaient à arriver, les tirs de LBD bien tendus partaient, de même que les grenades de désencerclement à 10 mètres sur ma gauche. Le bleu me répond: "on tiendra on est courageux". Ils ont attrapé un black bloc (visiblement), lequel est ensanglanté.
Son collègue situé sur sa gauche me signifie avec délicatesse que je dois dégager. Je vois une pierre à mes pieds, je dis au bleu de la mettre de son côté pour pas qu'elle ne soit ramassée. L'un des leur venait d'en prendre une dans la tête, heureusement qu'il était casqué.
Un type en jaune, lui aussi bien intentionné, arrive par derrière moi (sur ma droite) et balance un coup de pied dans le bouclier du bleu à 1 mètre de moi, j'essaie de le virer. Le CRS m'envoie alors quatre coups de matraque (avant bras gauche, main droite, cuisse gauche et cuisse droite). Je reste encore relativement calme en lui disant que je n'ai rien fait. Ce qu'un autre type en jaune confirme. Et là, bam, un bleu vient par derrière et m'envoie un bon coup de matraque sur l'arrière du crâne.
Un flash me gagne, je reste debout, les jambes branlantes, sonné. Des manifestants soignants me tirent vers l'arrière, alors que par un réflexe de boxeur à la con j'ai juste envie d'en découdre et d'avancer vers les bleus. Heureusement qu'ils m'ont retenu, sans quoi je finissais soit à l'hosto, soit en GAV.
A l'arrière, je me calme un peu, même si je suis encore dans un état second. Puis je vois un groupe de CRS retranchés sur la droite, à côté d'une sorte de kiosque. J'y vais, seul, les mains en l'air. Je balance mon masque de respiration par terre et viens les engueuler. On m'invite à dégager, je retourne l'invitation en les insultant de je ne sais plus trop quoi. Puis je m'en vais, dégoûté.
Morale de l'histoire :
- Ne plus essayer de s'interposer entre énervés. Rester en arrière, à l'abri.
J'ai une bonne grosse bosse derrière le crâne, et une cuisse qui a pris des couleurs. Plus de peur que de mal. J'ai dû après subir plus violent... Le regard et les paroles de ma femme.
- Continuer de manifester !