fourcroy a écrit:pouget, tu penses qu'il y a la moindre chance qu'ils obtiennent vraiment un meilleur partage des richesses ?
Ils ont au moins le mérite de se bouger le cul pour cela, quand d'autres :
- se contentent de pester, installés dans le confort du canapé.
- défendent ce système inique qui concentre la moitié des richesses mondiales dans les mains de 26 personnes, sur la base "c'est mérité, ils ont travaillé, ils ne doivent rien à personne".
Autrement dit des attitudes que l'on peut voir ici ou ailleurs (je ne te vise pas).
Hier je suis allé à République pour voir ce que donnait la "nuit jaune". J'avais mon gilet. Honnêtement, c'était inintéressant. Pas de débat, de la musique au centre, des jeunes un peu excités sur les routes, face aux forces de l'ordre. Bref, rien d'utile. Je préférais nettement les manifestations dans des avenues qui symbolisent le vrai pouvoir.
J'ai vu une petite vingtaine de bouteilles en verre jetées (pas la peine de préciser vers qui), une poubelle brûlée et une vitrine à peine attaquée (Yves Rocher me semble-t-il). Quelques slogans hostiles ("Tout le monde déteste la police"). Je trouvais l'attitude des forces de l'ordre plutôt apaisante. Ils ont chargé quand quelques types s'en sont pris à la vitrine, et c'est tout.
Puis soudainement, charge massive vers le centre de la place. Évidemment, les courageux excités à l'avant garde du mouvement se sont en 5 secondes retrouvés derrière nous, qui nous marchions.
Et là le chaos : des grenades assourdissantes et de désencerclement qui tombent à nos pieds (pas une métaphore), des tirs de grenades lacrymo, et même de LBD, alors même que nous étions en train de fuir (comme on pouvait, pas évident de voir quelque chose quand on est noyé dans la lacrymo).
Les gens s'enfuient donc de la place et arrivent vers une sortie tenue par des CRS. Réponse : canon à eau. Mouvement de foule en sens inverse, vers des baqueux qui tirent au LBD. Le tout en 60 secondes. On voit un type au sol, on ne sait pas ce qu'il a pris, on essaie de le tirer, les baqueux avancent vers nous et continuent de tirer lacrymo, grenades et LBD. On voit des gens qui boitent, des couples en pleurs, bref, le chaos.
On arrive vers une petite rue tenue par une quinzaine de CRS, en pleurs. Ils se sont fait gazer eux aussi, visiblement par surprise. Le ton monte : "barrez-vous de l'autre côté". "Vos collègues nous tirent dessus et nous gazent, où peut-on sortir ?". Ils n'en savaient rien. On demande un peu énervé si on peut sortir par leur côté, l'officier nous dit "je vais demander les instructions". Réponse "Négatif, ils ne sortent pas par là". On palabre en essayant de détendre un peu le truc, je propose du sérum à l'officier (qui d'ailleurs a chopé son jeune collègue par le col pour lui dire "tu ne gazes que si je t'en donne l'ordre"). Eux mêmes en avaient plein le cul du commandement.
Du coup, on se retrouve coincé entre le marteau et l'enclume, et dans les deux cas, ce sont des bleus qui tiennent les armes. Deux ou trois personnes désespérées et énervées ont foncé vers la quinzaine de CRS pour forcer le barrage, repoussées à coup de matraque.
La bac avance alors vers nous. Tellement énervé je suis allé au devant. Une merde m'a mis en joue avec son LBD, pendant que son collègue me pointait sa lumière dans la gueule. "Tu vas me tirer dessus alors que je suis à 4 mètres de toi, comme si j'étais un terroriste ?" J'ai hurlé à plusieurs reprises. L'un d'entre eux a daigné me répondre : "On ne fait que répondre et se défendre". "Tu te défends de quoi ? Je suis mains nues, visage découvert, tu as un casque, un bouclier, un tonfas et ton LBD." Après coup, je n'ai qu'un regret, ne pas lui voir demandé "Et qui va me défendre de toi ?".
Là, il aurait vraiment pas fallu que j'ai un pavé dans la main, parce que je lui envoyais en pleine gueule, alors que 15 minutes avant, je critiquais les chants hostiles à la police en expliquant qu'on ne peut jamais rien gagner en attaquant des gens armés, formés, assermentés. Le vrai chant subversif : "La police avec nous".
Finalement, on trouve un point où l'on peut sortir un peu plus loin. Les bleus nous demandent d'ouvrir les sacs et de retirer le GJ. Encore énervé : "Vos collègues nous tirent dessus en se défendant, je n'ai que des livres et une trousse dans mon sac". Je passe. J'en croise un autre en retrait, "Dites à Castaner d'aller se faire mettre. Il est temps de gueuler contre votre hiérarchie qui vous utilise comme de la viande".
Depuis 2016 et le tournant Valls, on a plus ou moins admis qu'il était désormais dans la norme de se faire gazer en manifestation, légale comme illégale.
Que les forces de l'ordre chargent pour évacuer une place occupée illégalement, c'est plutôt normal. Mais qu'on laisse une porte de sortie aux manifestants, et que l'on ne tire pas à tort et à travers au LBD, sur des gens qui s'enfuient (c'est contraire aux procédures). Les gens se sont enfuis juste en voyant la charge. Cela suffisait nettement.
J'ai eu le sentiment d'être un pigeon volant au milieu d'un stand de tir.
Modifié en dernier par Rob77 le 27 Jan 2019, 13:27, modifié 3 fois.