par Rob77 » 20 Jan 2019, 11:56
Il y a toujours ça, même lorsque le mouvement social est encadré par les syndicats (que l'on amalgame aux casseurs au printemps dernier, et que l'on vient chercher aujourd'hui pour encadrer...). C'est toujours dommageable et c'est toujours une stratégie gouvernementale de communication que de se concentrer davantage sur les violences (ou sur les blocages et les malheureux usagés "pris en otage" lors des grèves) que sur les revendications.
Je ne m'attends pas à autre chose de la part des gouvernants en situation de mouvement social, même si j'en suis à chaque fois peiné. J'ai quand même en tant que citoyen ayant manifesté en jaune, été traité de factieux, d'haineux, de violent, de porteur de chemise brune. A force de crier au loup, ces gens risquent d'en créer un de toute pièce, ou à défaut, d'en faire grandir un qui jusqu'à présent n'était qu'un louveteau.
J'attends autre chose de la part des grands médias dans un pays démocratique. J'attends un traitement équilibré et il n'existe pas. Depuis plus d'un mois, ils transforment chaque gilet jaune invité ou interrogé, en juge (condamnez vous ?). Chaque manifestation est couverte sous l'angle de la violence. Elle existe et c'est toujours dommageable. Cependant :
1- Les gilets jaunes n'en ont pas le monopole. Et les médias n'en parlent que très rarement, et lorsqu'ils en parlent, c'est avec un deux poids deux mesures effarant (le boxeur de CRS vs le gendarme boxeur de manifestant -> un cas idéal-typique).
2- La violence n'est ni la raison d'être de mouvement, ni la chose qui s'y donne le plus à voir.
3- La violence n'est pas que physique ou matérielle. Elle est aussi sociale, économique et symbolique. Ces violences là traversent la société, mais sont invisibles bien souvent, dans les reportages des grands médias.
Aux urgences, j'ai vu un type faire les poubelles et racler les fonds de gobelets de café jetés par les patients, il bouffait les restes de sandwich poison en triangle. C'est pas violent ça ?
Il y a deux semaines, j'ai vu une famille entière avec enfants et retraité faire les poubelles devant un monoprix. C'est pas violent ça ?
84 000 personnes dans les rues hier (soit une personne pour un flic, pour que l'on puisse se faire une idée des chiffres invoqués par l'intérieur...) : toutes violentes ? Majoritairement violentes ? La réponse ne peut être que non.
Alors pourquoi la majorité de la couverture médiatique de ce mouvement est depuis un mois et demi consacrée à la minorité violente ?
Soif du sang ?
Intérêt financier (collusion entre les propriétaires des groupes de presse et la politique gouvernementale) ?
Idéologie ?
Peu importe, c'est juste dégueulasse. Et une partie des violences qui s'expriment à l'endroit des journalistes de terrain trouve sa (dé)raison d'être là dedans.
Sur un simple forum, je trouve normal que l'on parle des violences et que l'on s'en inquiète. Mais ne parler que de ça me fait chier, car j'ai l'impression d'être sur BFM TV. Et c'est ce que j'essayais de dire hier à Dragan, et un discours que je tiens depuis pas mal de temps.
Concernant les revendications nombreuses et multiples, je pense qu'il y a quand même un clair consensus à l'intérieur de ce mouvement sur quelques thématiques : pouvoir d'achat, justice fiscale et territoriale, et représentation politique. Sur ces trois sujets, la politique gouvernementale est clairement attaquée et responsable. Est-ce une mauvaise chose que l'on parle aujourd'hui de ces choses là, sous l'action d'un mouvement social ?
Derrière, c'est aux gouvernants de faire des propositions, et de les soumettre aux citoyen.ne.s. Le grand débat répondra-t-il à ces problèmes soulevés par le mouvement social ? Permettez moi d'en douter.
Modifié en dernier par Rob77 le 20 Jan 2019, 12:04, modifié 1 fois.