superolive a écrit:Rob77, très sérieusement, je suis content de voir que tu n'as pas du à subir les casseurs et/ou les CRS.
Surtout avec tes amis , ta femme et ton père...
J'avais très peur de cette journée à Paris...
Effectivement tu as raison , attendons maintenant les réponses et les annonces de notre Président (et oui..).
Je sais bien qu'on n'est pas du même bord (
![Mr. Green :mrgreen:](http://www.massalialive.com/forum/images/smilies/icon_mrgreen.gif)
) mais c'est vraiment pas le plus important.
Le ras le bol populaire des gilets jaunes est justifié. Même si ama Macron paie 20 ans d'immobilisme.
Au dela du fameux "Macron démission" (pour faire quoi après ?) il va effectivement falloir une vraie réponse de l'Etat, une feuille de route ...
On se rejoint sur l'essentiel.
Sinon, ça fait trois semaines que je vois (et donc subi) les affrontements devant moi, et ce n'est pas une figure de style. Des pastilles de lacrymogène sont tombées devant moi, sur l'avenue des champs hier, et les samedis précédents. J'ai failli dégobiller. Les canons à eau sont aussi utilisés et dans le même temps tu vois des pavés jetés en direction des bleus, et tombant parfois sur des gilets jaunes. On subit donc ces violences. Qui commence ? Va savoir, mais est-ce le plus important ? Manifester devient maintenant de plus en plus synonyme de violence et c'est problématique.
Dans le flot des événements, il est très difficile de garder la tête froide. T'en es réduit à hésiter à jeter les pavés toi même, oubliant que sous l'uniforme il y a un homme. Un homme insulté, violenté par la colère de certains manifestants, mais violenté aussi par leur ministère qui les utilise au delà de toute considération humaine. J'ai encore discuté hier avec un bleu. Il m'a dit qu'il était arrivé à 4h30 du matin. Je lui ai dis "Prenez le droit de faire grève bordel". A un autre, au moment du filtrage menant sur les champs, j'ai tenté une petite blague "D'une certaine manière, grâce à nous vous allez avoir une petite prime, comme quoi, votre pouvoir d'achat c'est aussi le nôtre". Le type me répond qu'on lui doit des tonnes et des tonnes d'heures supplémentaires. Quand ils lâcheront, il y aura la révolution. Jusqu'à quand ces gens tiendront-ils ?
Et malgré cette connaissance là, quand tu vois les pastilles de lacrymogène, ou les grenades jetés dans la direction de la foule dans laquelle sont mêlées des gens violents, tu hésites à renvoyer. L'homme sous l'uniforme a beau souffrir, il t'empêche quand même de te rendre directement visible à l'homme qui symbolise 30 ans de libéralisme plus ou moins assumé des gouvernants, et d'une certaine manière, il te violente par son arsenal (au delà même de toute discussion sur les bavures). Des gens non violents se radicalisent ou hésitent à le faire.
J'essaie de garder la tête froide, calmer certains de mes prochs. Mais c'est franchement pas évident.
Un exemple :
Hier, on sort de l'avenue des champs vers 17h, et on se rend à pied vers gare de l'est (36 stations de métro et de RER fermées quand même, il faut marcher) pour rentrer. On croise quelques cheminots et on se met à chanter avec eux :
"On est là, on est là;
Même si vous ne voulez pas nous on est là
Les gilets sont dans la rue
Car le peuple n'en peut plus
Même si vous ne voulez pas nous on est là".
Cela dure 5 à 10 minutes, une foule plus conséquente se forme sur le chemin, mêlant des gilets jaunes éparpillés et de simples passants, tous attirés par l'aspect plutôt convivial de cette petite foule.
On arrive rue Mathurin car juste avant des CRS nous ont orienté là bas en nous bloquant la rue sur laquelle nous étions.
Et là, en 20 secondes, charge de CRS, canon à eau et tout le bordel. Nous venions sans le savoir (en tout cas moi je ne le savais pas) d'arriver dans une zone où certain(e)s montaient un semblant de barricades.
Premier réflexe : ne pas courir, lever les mains. Je n'ai pas été cogné, juste un peu bousculé. Cela donne ensuite une scène surréaliste où je me retrouve seul à un croisement, entouré de CRS l'oeil assez méchant, sur trois accès, à la recherche de mes proches dispersés. J'ai fini par les retrouver.
Si j'avais vu ma femme au sol parce que visée par un canon à eau, j'aurais utilisé la violence.
On en est là.
Le président doit réagir.
Sinon, petite anecdote dont je ne suis pas peu fier : frappé par une furieuse envie de pisser, je me suis soulagé sur le Fouquets.
Modifié en dernier par Rob77 le 09 Déc 2018, 13:34, modifié 2 fois.