Jester,
Tu déplaces le sujet. Les élèves ont-ils compris pourquoi ils se bougent ? Certains parmi eux, assurément. Sont-ils majoritaires, je n'en sais rien, peut être pas. Toujours est-il qu'il y a suffisamment matière à se bouger et c'était le cœur de mon premier message.
https://www.nicematin.com/greve-mouveme ... ils-282474Ce que tu dis ensuite sur l'échelon local, c'est le cœur de toutes les réformes d'ampleur de l'EN depuis une quinzaine d'années. L'autonomie est un mantra que l'on agite et que l'on associe immédiatement à une réussite plus conséquente des élèves et à un fonctionnement plus optimal des établissements. Les résultats des élèves qui doivent être notre seuls boussoles sont-ils meilleurs depuis que l'on marche dans cette direction ? Je ne crois pas. Le fonctionnement des établissements est-il optimisés, je n'en ai pas le sentiment. Et pourtant on nous fait croire que c'est la clé de toutes les réussites, à coup de projets d'établissement, de politique locale d'éducation et de blablablbalblablablbalbala. Nous sommes purement et simplement dans l'idéologie.
Nos expériences de terrain prouvent que c'est une galère sans nom pour les collègues de faire appliquer des réformes qui ne sont pas livrées clés en main. On va en formation face à des inspecteurs, des chefs d'établissements ou des formateurs qui ne répondent pas la même chose à la même question (véridique, j'étais référent de mon bahut pour la réforme des collèges de 2016). Comment voulez-vous après que ça ne soit pas le bordel ? Indépendamment de ce que l'on pense du contenu des réformes, la mise en œuvre, c'est du foutage de gueule. Que l'on soit d'accord avec le fond des réformes, cela s'entend. Mais je ne comprends pas comment l'on peut soutenir leur mise en oeuvre dans la précipitation. J'ai l'impression que Labrune est aux manettes de l'EN, et j'en ai plein le cul.
Ces réformes pondues dans la précipitation se traduisent par une surcharge de travail pour les collègues, des missions nouvelles (découper les progressions par cycle, faire des EPI -> l'idée est belle, la rémunération rare), un tas de réunions à la con pour lesquelles, bien évidemment, aucune rémunération complémentaire est prévue (paramétrage des logiciels d'évaluation par compétences pour le DNB, découpage des progressions par cycle, conseil école collège, réunions de fin de cycles...) et de l'incertitude pour les élèves et leurs parents.
Accessoirement on casse l'aspect
National de l'éducation et la solidarité entre collègues (je ne parlais pas du cloisonnement par matières au niveau pédagogique, les EPI ça me parle sur le papier, je parle des querelles pour des heures, le maintien des postes, les dédoublements ou le matériel / Je n'ai pas à me battre en tant qu'enseignant contre l'un de mes collègues d'une autre discipline pour des moyens supplémentaires). C'est grave.
Je l'ai vécu pour le collège (toi aussi me semble-t-il) et vous allez le vivre pour le lycée. Les premiers à en pâtir seront les élèves les premières années, et les collègues. C'est pour ça que j'ai tendance à en vouloir énormément à mes collègues grognards et inactifs. Ceux qui sont pour sont cohérents, pas les professionnels de la grogne.