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Frappe meurtrière sur le Golan annexé par Israël : ce que l’on sait des tirs de roquettes qui ont fait 12 morts parmi de jeunes enfants et une trentaine de blessés
L’armée israélienne accuse le Hezbollah libanais d’être l’auteur de cette frappe, mais ce dernier nie. Le Premier ministre Netanyahou a promis que le mouvement islamiste libanais paiera « le prix fort ».
Des tirs de roquettes sur le plateau du Golan, annexé par Israël, ont fait 12 morts et une trentaine de blessés samedi, selon les autorités israéliennes. Israël impute cette frappe au Hezbollah libanais, soutenu par l’Iran et allié du Hamas. Le mouvement islamiste libanais a nié en être l’auteur. On fait le point.
Que s’est-il passé ?
La police israélienne et l’armée ont indiqué que des roquettes avaient touché plusieurs sites sur le plateau syrien du Golan occupé par Israël, dont une a atteint Majdal Shams. Cette ville, peuplée de Druzes d’environ 11 000 habitants, est située aux confins du nord d’Israël et du sud du Liban, et est frontalière de la Syrie.
Douze « jeunes garçons et filles », âgés de 10 à 16 ans qui jouaient sur un terrain de football à Majdal Shams, ont été tués par une frappe, selon le dernier bilan fourni par le contre-amiral Daniel Hagari, porte-parole de l’armée israélienne. Environ 30 blessés étaient encore hospitalisés en Israël dimanche matin.
Des hélicoptères, ambulances et des unités de soins intensifs mobiles ont été déployés sur le site, a indiqué l’armée israélienne. « Nous sommes arrivés sur un terrain de football et avons vu des destructions et des objets en feu. Des blessés étaient allongés sur l’herbe », a déclaré le secouriste Idan Avshalom, dans un communiqué publié par le Magen David Adom, l’équivalent israélien de la Croix-Rouge.
Un correspondant de l’AFP a rapporté que des médecins transportaient des blessés sur des brancards depuis le site touché par la roquette à Majdal Shams, ajoutant que plusieurs membres des forces de sécurité israéliennes avaient été rapidement déployés dans la zone.
Qui est derrière cette frappe meurtrière ?
L’armée israélienne a affirmé que la roquette a été tirée par le Hezbollah, allié du Hamas contre lequel Israël combat dans la bande de Gaza, depuis le Liban, de l’autre côté de la frontière. « D’après l’analyse des systèmes opérationnels de Tsahal, le lancement de roquettes au centre de Majdal Shams a été effectué depuis une zone située au nord du village de Chebaa, dans le sud du Liban. Selon des informations de renseignement fiables en possession de Tsahal, le Hezbollah est derrière cette attaque », écrit l’armée sur X.
Le mouvement islamiste libanais a immédiatement refuté être l’auteur de la frappe. Dans un communiqué, le mouvement pro iranien a dit « nier catégoriquement les allégations rapportées par certains médias ennemis et diverses plateformes médiatiques concernant le ciblage de Majdal Shams », et « confirmer que la Résistance islamique n’a aucun lien avec les faits ».
Comment a réagi Israël ?
« Nous allons nous préparer à répondre au Hezbollah », a déclaré le porte-parole de l’armée, le contre-amiral Daniel Hagari. « Il s’agit de l’attaque la plus meurtrière contre des civils israéliens depuis le 7 octobre », a-t-il ajouté lors d’une conférence de presse.
Le Premier ministre Benyamin Netanyahou a indiqué qu’Israël ne laisserait « pas cette attaque meurtrière sans réponse » et que le Hezbollah en « paierait le prix fort, un prix qu’il n’a jamais payé auparavant », selon un communiqué de son bureau. Selon ce dernier, il a décidé de rentrer en Israël « le plus rapidement possible » depuis les États-Unis, où il était en voyage officiel, et qu’il participerait à une réunion de son cabinet de sécurité à son retour.
« Les terroristes du Hezbollah ont violemment attaqué et tué des enfants aujourd’hui, dont le seul crime était de sortir jouer au football. Ils ne sont pas revenus », a déclaré de son côté le président israélien, Isaac Herzog. Le ministre israélien de la Défense, Yoav Gallant, qui s’est rendu à Majdal Shams dimanche, a lui aussi promis dimanche de « frapper l’ennemi avec force ».
« Le massacre de samedi constitue le franchissement de toutes les lignes rouges par le Hezbollah. Il ne s’agit pas d’une armée qui combat une autre armée, mais d’une organisation terroriste qui tire délibérément sur des civils », a déclaré le ministre israélien des Affaires étrangères, Israël Katz, dans un communiqué dimanche. « La roquette qui a tué nos garçons et nos filles était une roquette iranienne, et le Hezbollah est la seule organisation terroriste qui en possède dans son arsenal », a-t-il assuré, soulignant qu’« Israël exercera son droit et son devoir d’autodéfense et répondra à ce massacre ».
Quelles sont les réactions à l’international ?
La France a condamné, ce dimanche matin, « avec la plus grande fermeté » cette attaque. Le chef de la diplomatie européenne, Josep Borrell, a lui dénoncé un « bain de sang ». Il avait déploré quelques heures plus tôt une frappe imputée à Israël sur une école de Gaza, faisant 30 morts.
L’ONU a exhorté « les parties à faire preuve de la plus grande retenue », dans un communiqué conjoint de la coordinatrice spéciale des Nations unies pour le Liban, Jeanine Hennis-Plasschaert et le chef de la Force intérimaire des Nations unies au Liban (Finul), Aroldo Lazaro.
Les États-Unis ont réaffirmé leur « soutien indéfectible » à Israël après cette attaque meurtrière. « Rien ne justifie le terrorisme, et toutes les indications montrent que les roquettes provenaient du Hezbollah ou que la roquette provenait du Hezbollah », a renchéri dimanche le secrétaire d’État américain Antony Blinken, lors d’une conférence de presse à Tokyo.
De son côté, l’Iran, qui soutient le Hezbollah libanais, a mis en garde Israël contre « les conséquences et des réactions imprévisibles à un tel comportement stupide ». « Toute action (…) du régime sioniste peut conduire à l’aggravation de l’instabilité, de l’insécurité et de la guerre dans la région », a déclaré le porte-parole du ministère iranien des Affaires étrangères, Nasser Kanani.
Quel est le contexte de cette frappe ?
Le tir de roquette est intervenu après l’annonce par une source de sécurité libanaise que quatre combattants du mouvement islamiste libanais Hezbollah, soutenu par l’Iran, avaient été tués par une frappe israélienne dans le sud du Liban. Une information confirmée par le Hezbollah.
Le mouvement échange presque quotidiennement des tirs transfrontaliers avec l’armée israélienne depuis le début de la guerre dans la bande de Gaza, déclenchée par l’attaque lancée le 7 octobre par le Hamas en Israël. Le gouvernement libanais a dit samedi « condamner toutes les attaques contre les civils ». Dans un communiqué, il a « appelé à la cessation immédiate des hostilités sur tous les fronts ».