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SABRINA AGRESTI-ROUBACHE; "Je suis ministre de Marseille en grand !" chargée de la ville s'exprime sur la venue du pape, la crise à l'OM, le logement et les municipales. Interview. La secrétaire d'État
L'OM vit une grave crise. Son président Pablo Longoria, sous pression, raconte dans les colonnes de "La Provence" compter ses soutiens sur les doigts d'une main. Peu de politiques ont réagi, hormis Renaud Muselier, le président de la Région Provence-Alpes- Côte d'Azur, pour qui "on ne peut menacer les dirigeants et leur famille". Comment réagissez-vous ?
Ce que j'espère, c'est que tout cela se réglera vite, parce que ce n'est bon pour personne. Ni pour la ville, ni pour les supporters, ni pour le foot, ni bien sûr pour l'OM. Je ne veux pas commenter le fond de l'affaire, que je ne connais pas suffisamment. Mais il faut avancer vite, pour l'image et le moral de la ville, pour les nombreux supporters. J'espère que l'on trouvera une voie apaisée, car Marseille le mérite.
L'actualité à Marseille, c'est aussi la venue du pape, qu'est-ce que cela vous inspire ?
C'est un événement historique. La première fois qu'on voit un pape à Marseille depuis Clément VII, en 1533, pour venir marier sa nièce, Catherine de Médicis ! Marseille devient ce week-end le centre du monde. Accueillir le pape en tant que Marseillaise et ministre, ce sera un grand moment.
Le pape arrive avec un message à destination des migrants. Depuis le début de son pontificat, on voit un pape à la fois très humaniste et progressiste sur cette question, ce qui n'est pas sans faire réagir une partie de la droite et surtout de l'extrême droite, dont certains représentants ont annoncé qu'ils boycottaient sa visite. Vous en pensez quoi ?
Être d'extrême droite, c'est être amnésique. Moi, je suis hypermnésique. Le pape François est un homme de paix, la plus haute autorité dans l'Église catholique. Il a raison, dans son rôle à lui, d'envoyer des messages.
Même si ce n'est pas une visite officielle, le pape François va rencontrer le chef de l'État, Emmanuel Macron, est-ce que cela peut avoir une influence sur la politique migratoire ?
Vous confondez plusieurs choses. Le pape est dans son rôle de pape. C'est vrai, le pape est aussi un chef d'État, mais quand il vient parler de ce que peut être l'accueil des migrants, il a surtout un message de paix, de générosité. Il nous encourage, selon ce que je lis de ses déclarations, à regarder ceux qui souffrent, à mieux partager les richesses. Emmanuel Macron est lui président de la République. Ce n'est pas exactement la même chose. Il y a des questions politiques qui me dépassent, d'une part, par ailleurs ce n'est pas qu'un problème franco-français, mais européen et même mondial.
On va parler de l'insécurité à Marseille. Socayna, 24 ans, a été tuée dans sa chambre dans la cité Saint-Thys, victime innocente d'une rafale de kalachnikov tirée en l'air. On ne vous a pas encore entendu sur cette affaire. Quelle est votre réaction ?
De par ses fonctions, le ministre de l'Intérieur, est plus à même de s'exprimer sur cette question et il l'a fait. Personnellement, je ressens une profonde tristesse. J'ai grandi dans une cité, donc forcément on s'identifie, en tant que femme, en tant que mère. J'adresse mes plus sincères condoléances à la famille, à la mère de Socayna. Ce qu'elle vit est inacceptable. Elle n'en guérira jamais. Concernant le trafic de drogue, Gérald Darmanin, le ministre de l'Intérieur, comme la préfète de police ont raison sur les opérations de pilonnage. Avec cette tactique, on a stoppé 70 points de deal. Ils ne se sont pas recréés ailleurs.
Un nouveau point d'étape de Marseille en grand va être dévoilé, est-ce que vous pourriez nous en donner un aperçu ?
Nous sommes en train de préparer des annonces pour mi-octobre. On se laisse le temps avec Benoît Payan, le maire de Marseille ; avec Martine Vassal, la présidente de la Métropole ; avec Renaud Muselier, le président de la Région, de formaliser l'acte deux du Marseille en grand. C'est quoi Marseille en grand ? Un plan inédit de cinq milliards initié par le président de la République, un grand plan de sauvetage de la ville de Marseille, en réalité. Cela comprend la rénovation partielle ou totale de 188 écoles...
Quand verra-t-on aboutir ces travaux dans les écoles ? Les Marseillais trouvent le temps long....
On ne peut pas construire des écoles avec une baguette magique. Il faut se concerter avec tout le monde. À cet effet, le Président et la Première ministre ont décidé de me donner, sous la tutelle du ministre de l'Intérieur, l'exécution du plan Marseille en grand.
Vous êtes donc la ministre de Marseille...
Je suis, entre autres, ministre de Marseille (rires). Plus sérieusement, je suis ministre de Marseille en grand. Ça, c'est vrai. Et pour revenir aux grands dossiers, il faut du temps. Est-ce que vous pensez qu'on peut reloger 9 000 personnes d'un coup de baguette magique ? Il faut faire des concertations et que tout le monde soit aligné. Cela dit, je vais aller beaucoup plus vite, et c'est l'esprit de la présentation de l'acte deux.
On vous surnomme déjà la ministre de Marseille, est-ce que vous songez à devenir maire de Marseille ?
Je songe modestement à réussir tous les chantiers en cours dans mon ministère. Vous imaginez l'honneur pour moi d'être ministre, de tous les moyens que j'ai à disposition pour toutes les villes de France. Aider les Marseillais, c'est aussi le fait de nommer une Marseillaise ministre de la ville, ce qui n'était pas arrivé depuis Jean-Claude Gaudin.
On parle des municipales, qui se préparent déjà. Renaud Muselier a commencé à s'organiser avec les différentes composantes de la droite. Pour vous, c'est trop tôt ?
Je n'en pense pas grand-chose. Je vois des convergences autour du président de la République, pour Marseille. Pour le reste, je ne fais pas de la politique politicienne.
Il y a une poussée du Rassemblement national, dans le pays comme dans la région, cela vous inquiète ?
Quand l'extrême droite gagne, je suis terrorisée. J'ai gagné difficilement contre un candidat d'extrême droite, de 500 voix, face à quelqu'un qui n'avait pas besoin de faire campagne, contrairement à moi. Il est urgent d'aller parler aux gens de leurs problèmes.
La Provence