Made in Marseille (bons plans, idees, news..)

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Re: Made in Marseille (bons plans, idees, news..)

Messagepar Dragan » 01 Mar 2023, 09:49

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Rodolphe Saadé : « La Provence » séduite mais pas transportée par son nouveau propriétaire

Racheté fin août par l’armateur CMA CGM, le quotidien méridional démarre doucement sa mue. Mais les syndicats redoutent que le nouvel actionnaire ne tienne pas parole, notamment sur les salaires.

De la déception. Dans le local syndical de la Provence, la journaliste Sophie Manelli, élue du Syndicat national des journalistes (SNJ), se remémore la venue de Rodolphe Saadé un an et demi plus tôt. Le milliardaire était descendu de la tour CMA CGM pour débarquer dans la petite pièce mal chauffée, au milieu des travaux qui redessinent le quartier marseillais de Bougainville. Avouant alors qu’il ne «connaît rien à la presse», Saadé écoute patiemment les élus SNJ, majoritaires dans la rédaction, déballer leurs frustrations à propos d’un journal sans investissement et sans projet, bloqué pendant huit ans dans les démêlés judiciaires de son propriétaire Bernard Tapie. Au moment de déposer son offre de reprise pour le quotidien au tribunal de commerce, l’armateur joint une série d’engagements pour renforcer l’indépendance du journal. «Un copié-collé des demandes du SNJ», dit Sophie Manelli. D’abord sceptiques face à ces promesses de «père Noël», les syndicats sont convaincus par leur inscription noir sur blanc.

Promesses de «Père Noël»

Depuis, Rodolphe Saadé a conquis la Provence, de haute lutte face à Xavier Niel, pour une centaine de millions d’euros au total. Un plan de redressement a ensuite été mis en place sous la houlette du directeur général Gabriel d’Harcourt, recruté de la Voix du Nord. Mais naissent aujourd’hui les premières tensions autour de cette série d’engagements. La remise en cause de l’un d’entre eux notamment : une hausse des salaires à hauteur de l’inflation. A l’occasion des négociations annuelles obligatoires (NAO), la direction de la Provence propose plutôt une augmentation à 2,5 % – l’inflation a pourtant atteint 5,2 % en moyenne l’an passé. Avec, comme argument, la découverte d’une situation financière plus épouvantable que prévu. «Mais ils n’ont pas donné tous les chiffres aux élus, se révolte Sophie Manelli. Et en quoi la rédaction devrait pâtir de la mauvaise gestion de la précédente direction ? La CMA CGM ne savait-elle pas dans quoi elle mettait les pieds ?» Le groupe accuserait environ 12 millions d’euros de pertes en 2022.

Gabriel d’Harcourt oppose que, dans ces conditions, il y a un impératif de «pérennité» : «Il faut montrer que la Provence est viable.» Et d’ajouter : «L’inflation était à 2 % quand cet engagement a été pris. Par ailleurs, vous ne trouverez aucun journal en France qui propose une augmentation collective à 2,5 %.» Il assure qu’il s’agit du seul engagement qui ne sera pas respecté. Très attendu, le vote sur le projet du nouveau directeur de la rédaction aura bien lieu. L’homme nommé à ce poste, Aurélien Viers, arrivera le 13 mars du Parisien, où il était rédacteur en chef chargé du pôle vidéo. Un profil qui colle aux ambitions de transformation numérique du journal, qui accuse plusieurs années de retard sur le sujet. Mais il n’était pas le premier choix : David Blanchard, rédacteur en chef à 20 Minutes, avait été initialement désigné, avant de voir sa nomination annulée. En cause : plusieurs témoignages, dans une enquête de Marsactu, l’accusant notamment de harcèlement moral – lui nie farouchement les faits rapportés.

Dialogue social tendu

Ce climat de redémarrage à retardement ne rassure pas les salariés, d’autant que leurs interlocuteurs pendant un an, des proches de Saadé, ont subitement disparu avec la nouvelle direction. Les élus du SNJ s’inquiètent ainsi des paramètres de la clause de cession, un mécanisme spécifique à la presse qui permet aux journalistes de partir avec des indemnités après un changement d’actionnaires. Une trentaine d’entre eux serait déjà sur le départ. L’idée d’un échelonnement de celle-ci sur plusieurs mois voire années avait été avancée avant le rachat par Denis Olivennes (aujourd’hui président du holding détenant Libération, il a un temps assuré une mission de conseiller de Rodolphe Saadé sur les questions d’indépendance de la rédaction). Mais l’idée ne semble plus d’actualité, la clôture de la clause de cession étant fixée à fin mai. «La nouvelle direction de la rédaction aura à peine eu le temps de présenter son projet !», rétorque le SNJ.

Enfin, des incertitudes planent autour de la future imprimerie mutualisée de la Provence et de Nice-Matin, prévue pour 2024. Son installation au Cannet-des-Maures (Var), à mi-chemin entre les deux quotidiens, avait été conclue par Saadé et Niel (propriétaire du journal niçois) pour mettre fin à leur conflit. Mais pour Julien Farina, de la section Filpac-CGT du quotidien, les volumes d’impression et les rotatives prévus seraient si inadaptés qu’il redoute un «site mort-né». Opposé au projet, le directeur industriel de la Provence a récemment fait ses valises, comme l’a raconté la Lettre A. Là-dessus, comme sur le reste, Gabriel d’Harcourt veut se montrer rassurant, en ne fermant pas la porte à d’autres clients éventuels pour faire tourner l’imprimerie. Mais il a d’abord pour priorité de lancer une «nouvelle dynamique collective». Reste que le dialogue social ces derniers jours au sein de la Provence est pour le moins tendu. Une lettre de mise en demeure demandant la transparence sur les comptes a été envoyée par les organisations syndicales à la direction. Sophie Manelli du SNJ : «On n’est pas des révolutionnaires ici, mais les gens sont à bout.»

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Re: Made in Marseille (bons plans, idees, news..)

Messagepar Dragan » 06 Mar 2023, 14:19

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CMA CGM, le nouveau géant du capitalisme français

Pour la deuxième année, l'entreprise dirigée par Rodolphe Saadé est la plus profitable de l'Hexagone.

TRANSPORT C'est une tradition. Sans tambour ni trompette, CMA CGM a fait part de ses résultats annuels via un communiqué envoyé vendredi en fin d'après-midi. La marque de fabrique d'un groupe qui préfère rester sous les radars . Jusqu'ici, cela ne suscitait aucun commentaire. Après tout, le troisième armateur mondial n'a de comptes à rendre à personne : cette société contrôlée à 73 % par la famille Saadé n'est pas cotée en Bourse. Mais, cette fois, bon gré mal gré, le roi des porte-conteneurs qui a son QG à Marseille va se retrouver sous le feu de projecteurs. Avec 24,9 milliards de dollars de bénéfices (23,5 milliards d'euros) dégagés en 2022, le transporteur est pour la deuxième année consécutive l'entreprise la plus profitable de France. Loin devant TotalEnergies (19,5 milliards d'euros) ou Stellantis (16,8 milliards d'euros).

De quoi surprendre car CMA CGM est une belle inconnue. « Personne ne l'a vue venir : le transport maritime n'est pas un enjeu politique dans l'Hexagone. Son activité centrée sur le fret ne fait pas rêver et l'entreprise n'est pas basée à Paris », explique l'ex-ministre des Transports, Dominique Bussereau qui siège au conseil d'administration du groupe. Ceux qui s'y intéressent racontent une autre histoire : celle d'un entrepreneur, Jacques Saadé, débarqué à Marseille dans les années 1970 pour fuir la guerre du Liban. Persuadé que le conteneur va changer la donne du fret, il crée en 1978 la CMA (Compagnie Maritime d'Affrètement) avec quatre salariés qui, au départ, propose un seul trajet (Beyrouth-Marseille). Aujourd'hui, le groupe compte 155 000 salariés et exploite plus de 250 lignes. Une montée en puissance à l'image d'une navigation en haute mer : chahutée, tempétueuse, pleine de hauts... mais aussi de bas.

« En 2019, CMA CGM perdait de l'argent car il y avait trop de bateaux sur le marché. Au printemps 2020, le groupe a même obtenu un prêt garanti par l'État (PGE) de 1 milliard d'euros car il ne savait pas à quoi s'attendre avec la pandémie » , rappelle Paul Tourret, directeur de l'Isemar (Institut supérieur d'économie maritime). Divine surprise, les consommateurs occidentaux confinés chez eux se sont mis à commander frénétiquement sur internet des produits fabriqués en Chine. Les prix du transport maritime pour rapatrier ces marchandises ont alors flambé. Une manne qui a fait grimper en flèche le résultat net de CMA CGM et consorts (Maersk, MSC...) en 2021, et encore plus en 2022 : avec la fin des confinements, la demande a ralenti l'année dernière, entraînant une baisse des tarifs du transport maritime au deuxième semestre . Mais les armateurs ont bénéficié d'un phénomène de deux phénomènes : ils ont réalisé en 2022 la majorité de leurs ventes avec des contrats annuels négociés plus tôt, alors que les cours étaient au plus haut. Et la congestion dans les ports qui immobilisait beaucoup de navires a longtemps freiné le recul des prix du fret.

Face à ce cadeau du ciel, Rodolphe Saadé qui a succédé à son père Jacques en 2017 garde la tête froide même s'il fait désormais partie de l'establishment : l'année dernière, il a effectué deux déplacements présidentiels (en Algérie et aux États-Unis) avec Emmanuel Macron. En 2020, il était aux côtés du président de la République à Beyrouth, la ville de son enfance, pour apporter vivres et matériels après l'explosion du port. Et on le voit de plus en plus souvent à Paris. En novembre, il était au dîner de la French American Foundation où intervenait Jamie Dimon, le PDG de la banque JPMorgan. Aujourd'hui, il est suffisamment installé pour attirer les meilleurs profils du CAC 40. Ainsi, l'ex-directeur financier d'Orange, Ramon Fernandez, va rejoindre en avril CMA CGM avec la même casquette.

Depuis quelque temps, Rodolphe Saadé investit aussi dans les médias. Il a racheté le quotidien de sa ville, La Provence , mais surtout pris 8 % de M6. La touche finale pour jouer dans la cour des grands du capitalisme français. « Francis Bouygues et Vincent Bolloré ont montré la voie , estime Dominique Bussereau. Être présent dans la sphère médiatique donne une onction supplémentaire à un grand patron. » A priori, Rodolphe Saadé fait donc le contraire de son père Jacques qui fuyait Paris et se concentrait sur le transport.

En réalité, le patriarche haut en couleur disparu en 2018 et le quinquagénaire avenant mais tout en contrôle partagent la même obsession : pérenniser le groupe. La fuite du Liban et son arrivée à 11 ans à Marseille avec sa famille ont appris à Rodolphe Saadé que rien n'était acquis. Le vieux lion lui a laissé un géant des mers. Son fils veut se faire un prénom en réduisant son exposition à cette activité qui fait constamment le yoyo : d'ailleurs, la vague qui a porté les porte-conteneurs au pinacle est déjà retombée depuis quelques mois.

« Les armateurs ont mangé leur pain blanc , souligne Denis Choumert, président de l'AUTF (Association des utilisateurs de transport de fret). Les taux de fret sont retombés au niveau d'avant la pandémie. Leurs profits vont se dégonfler cette année. » Rodolphe Saadé qui a tout vu chez CMA CGM en presque trente ans de carrière, n'a pas attendu que le vent tourne. Il avait amorcé cette révolution en achetant en 2019 le Suisse Ceva qui propose aux entreprises le mode le plus adapté pour leur fret (avion, train, bateau...). Le PDG a utilisé les milliards de profits engrangés en 2020 et en 2021 pour mener à bien cette stratégie de diversification et multiplier les rachats. Plutôt dans des activités complémentaires au transport maritime.

La liste de ses acquisitions au cours des 18 derniers moins donne le tournis : des terminaux portuaires (un à Los Angeles en novembre 2021 et deux à New York fin 2022), Ingram Micro CLS qui a des entrepôts aux États-Unis et en Europe, le spécialiste de la logistique automobile Gefco, le transporteur de colis à domicile Colis Privé... Sans oublier l'entrée au capital d'Air France à hauteur de 9 % pour développer le fret aérien, le partenariat avec Brittany Ferries et le rachat de La Méridionale qui relie Marseille à la Corse, à l'Algérie et au Maroc par voie maritime.

Un changement progressif de cap pour le paquebot CMA CGM qu'il expliquait au Figaro mi-2022 : « Le transport maritime est sujet aux hauts et aux bas de l'économie mondiale alors que la logistique est moins cyclique et permet d'équilibrer ses résultats quand les performances du shipping sont moins bonnes. Il y a donc une logique commerciale mais aussi financière . » Rodolphe Saadé fait aussi prendre ce tournant à son groupe car il a une conviction : l'avenir appartient à celui qui sera capable d'acheminer les marchandises des clients quel que soit le mode (bateau, avion, camion...). « Je souhaite continuer à grandir dans notre coeur de métier, le transport maritime, tout en développant une activité logistique complémentaire qui réponde aux besoins d'acheminement de nos clients de bout en bout » , résumait-il pour Le Figaro . Pour réaliser son dessein, CMA CGM a déboursé six milliards de dollars en acquisitions rien qu'en 2022.

Et le roi des océans n'a pas l'intention de s'arrêter. Selon Bloomberg, il aurait très envie de racheter la branche logistique de Bolloré qui, pour l'instant, n'est pas à vendre. Ses concurrents jouent aussi la carte de la diversification. Mais c'est CMA CGM qui fait le plus dans ce domaine. Et le groupe commence à en récolter les fruits : en 2022, son chiffre d'affaires hors transport maritime a grimpé à plus de quinze milliards de dollars contre 7 milliards en 2019. Ceva qui perdait de l'argent en 2019, est désormais profitable. De quoi voir venir avec sérénité les années à venir. Et notamment 2023, où le ralentissement du transport maritime va se confirmer.

« J'ai compris que Rodolphe Saadé serait un grand en 2008 lors de la prise d'otages au large de la Somalie d'un voilier de la compagnie du Ponant (NDLR à l'époque filiale de CMA CGM). Son père l'avait laissé gérer le dossier. Rodolphe faisait l'intermédiaire avec les ravisseurs. Il a été exceptionnel de sang-froid » raconte le président de la région Sud, Renaud Muselier, très proche de la famille Saadé. Aujourd'hui, en tout cas, ceux qui se demandaient s'il aurait l'étoffe pour diriger un groupe de dimension mondiale ne se posent plus la question.

Toutes les opérations de croissance externe n'ont pas la même signification. Quand Rodolphe Saadé fait ses courses à l'international, la logique saute aux yeux. « Acquérir des terminaux portuaires aux États-Unis permet d'avoir un accès plus simple aux transporteurs routiers locaux et de proposer à l'entreprise cliente une prestation de livraison de ses marchandises de la porte à la porte , analyse Jérôme de Ricqlès, expert du transport maritime au sein de la plateforme Upply. Et, en cas de besoin, ces actifs sont assez faciles à vendre. » De même, acheter une société de logistique comme Ingram Micro CLS a du sens. La désorganisation des chaînes d'approvisionnement qui plombe le concept de zéro stock a redonné ses lettres de noblesse aux entrepôts.

Les rachats d'entreprises françaises ou l'entrée au capital de groupes tricolores semblent plus opportunistes. Prendre 9 % d'Air France-KLM va-t-il vraiment significativement accélérer le développement dans le fret aérien de CMA CGM qui venait de créer sa compagnie aérienne ? Était-il indispensable pour le groupe de reprendre Gefco pour faire décoller sa filiale, Ceva ? L'avenir le dira. Mais on a l'impression que, dans ces affaires, le groupe rend d'abord service à l'État.

Au printemps 2022, en jouant les sauveurs de Gefco qui voyait toutes les portes se fermer à cause de son propriétaire russe frappé par les sanctions internationales, le patron marseillais a enlevé une épine dans le pied du gouvernement qui voulait un repreneur français. Rebelote dans le dossier Air France-KLM qui avait besoin d'argent frais pour se désendetter au printemps 2022. L'État qui avait 28,6 % du transporteur aérien ne voulait pas aller plus haut car en passant la barre des 30 %, il aurait été obligé de lancer une OPA. Opportunément, Rodolphe Saadé a répondu présent, apportant quelques centaines de millions au groupe franco-hollandais.

Selon lui, ces mouvements ont leur logique. « Toutes ces opérations sont intéressantes et importantes pour nous. Le fait de sécuriser notre investissement dans la joint-venture commerciale avec Air France-KLM en prenant une participation est un mouvement stratégique. En rachetant Gefco, nous avons sauvé des milliers d'emplois, et cela nous permet de nous développer dans la logistique automobile », expliquait-il au Figaro . Mais il n'oubliait pas d'ajouter : « J'ai le sens patriotique. C'est normal qu'à un moment donné, si je peux aider, j'aide mon pays. Cela fait partie aussi de nos valeurs familiales. » D'autant plus qu'en jouant les chevaliers blancs, Rodolphe Saadé ne néglige pas ses intérêts. Gefco qui était valorisé mi-2021 près de 1,5 milliard d'euros, il l'a remporté pour 450 à 500 millions selon les experts. « On peut rendre de services à l'État en faisant de bonnes affaires », sourit Renaud Muselier.

Si la famille Saadé répond aux appels du pied du Château, c'est qu'elle sait ce qu'elle doit à la France. Le rachat en 1996 du boeuf CGM par la grenouille CMA de Jacques Saadé n'avait rien d'évident. « Jacques Chirac (NDLR alors président de la République) a fait en sorte que l'opération se fasse. Il a été séduit par le projet industriel de Jacques Saadé », raconte Renaud Muselier. Asphyxié par une dette astronomique pendant la crise financière en 2009, CMA CGM a évité le démantèlement grâce au soutien de l'État. Certes, c'est Jacques Saadé qui a convaincu le groupe turc Yildirim de devenir actionnaire à hauteur de 24 % de l'armateur marseillais, en apportant 500 millions de dollars en 2010. La reprise du commerce international la même année a aussi joué en faveur des Saadé. Mais l'entrée au capital du FSI (Fonds stratégique d'investissement), qui a pris en 2012 6 % de CMA CGM pour 150 millions de dollars, a solidifié l'entreprise. La BPI (Banque publique d'investissement), qui a succédé au FSI, n'est aujourd'hui plus qu'à 3 % du capital de l'armateur.

Aujourd'hui, la proximité de Rodolphe Saadé avec Emmanuel Macron, qui voit dans CMA CGM un outil de souveraineté économique, est bien utile. L'Élysée a tué les dans l'oeuf les velléités de quelques députés à l'automne dernier de taxer les superprofits. À l'échelle locale, à Marseille, CMA CGM joue aussi les bons samaritains. Ainsi, l'armateur a accepté de devenir maillot de l'OM à compter de juillet 2023 après le retrait précipité du site de vente en ligne de voitures, Cazoo. On n'en attend pas moins du premier employeur de la ville. Accessoirement, cela permet de s'attirer les bonnes grâces du peuple marseillais.

Et après, quand l'heure de passer le gouvernail aura sonné ? « Je souhaite qu'un des enfants de la famille me succède », expliquait mi-janvier dans Le Point ce père de deux enfants encore adolescents. Devenir un groupe de dimension mondiale n'empêche pas de vouloir rester une entreprise familiale.

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Re: Made in Marseille (bons plans, idees, news..)

Messagepar Remind » 06 Mar 2023, 19:08

Hello la compagnie sur place (ou quasi),

Dans le cadre d'un investissement locatif, on me propose d'investir dans un bien situé à Port-de-bouc.
Le bien est top sur le papier (bon emplacement, bien équipé, livraison fin 2023), mais je vous avoue que le nom de Port-de-bouc ne fait pas rêver.
En googlant, mes craintes se confirment déja un peu plus: grosse insécurité remontée (pas plus tard qu'il y a 15j il y a eu des émeutes), taux de chômage plus important que la moyenne nationale, demande de passage à l'état de catastrophe naturelle en raison de la sécheresse, bref, rien de réjouissant.

Est-ce que certains d'entre vous confirment cet état des lieux général ou au contraire est-il faussé et y aurait-il des raisons d'espérer ?
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Re: Made in Marseille (bons plans, idees, news..)

Messagepar D-Dro » 06 Mar 2023, 22:56

Ouais c'est une ville de cassos
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Messagepar gob » 06 Mar 2023, 23:07

Ça l’a toujours été
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Messagepar fourcroy » 06 Mar 2023, 23:24

Avec des habitants appelés Port-de-boucains, j'ai toujours cru que c'était une ville très intello.
"La société de surconsommation, fruit d'un capitalisme dérégulé, relève d'une logique compulsionnelle dénuée de réflexion, qui croit que le maximum est l'optimum et l'addiction, la plénitude." Cynthia Fleury
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Re: Made in Marseille (bons plans, idees, news..)

Messagepar Remind » 07 Mar 2023, 19:20

Merci pour vos retours.

Je partage avec vous mon expérience, peut-être servira-t-elle un jour à quelques-uns d'entre vous.

Comme je le vous disais, le bien était très alléchant: bon emplacement, belle rentabilité, beau programme et belle qualité de finitions. "Seule" la localisation de Port-de-bouc laissait à désirer. Sur le papier.
La plaquette commerciale était alléchante:



vue_ensemble.jpg


Sauf que suite à vos retours, j'ai eu l'idée de creuser (c'est le cas de le dire) un peu plus, histoire de trouver des points positifs (ou négatifs) à ce projet.
J'ai lancé Google Earth qui au premier abord donne une image plutôt flatteuse du site, avec le terrain juste aux pieds du port de plaisance, comme sur les photos de la plaquette:
google_earth_terrain.jpg


Sauf que quand on dézoome un peu, très vite le panorama n'est plus le même, on tombe sur une énorme zone industrielle:
google_earth_seveso.jpg


Un seul mot m'est tout de suite venu à l'esprit: "seveso".
J'ai alors cherché les sites seveso référencés autour et bingo, j'en ai trouvé 4 sur la presqu'île en face du site, qui est le port de Lavera, pour ceux qui connaissent avec entre autres, Total, Ineos, des usines petrochimiques de type AZF...

J'ai creusé encore un peu autour de Lavera, j'ai trouvé des articles de La Provence qui indiquaient que pour renforcer la sécurité autour du site et éviter un carnage en cas de catastrophe industrielle (la vraie pas celle de Tudor) des expropriations avaient été envisagées sur la zone de Lavera et Port-de-bouc. Finalement aucune n'aura besoin d'être réalisée. D'autres articles pointent la pollution industrielle dégagée par le site et la crainte des riverains sur leur santé et... la dépréciation de leurs bien immobiliers.

La coupe était pleine. J'ai refusé le projet! :D
Le projet sera peut-être rentable pour ceux qui ont acheté, mais le risque est trop important.

Moralité: ne pas se laisser embobiner par des plaquettes commerciales et des rentabilités calculées sur fichier Excel. Tjs approfondir par des recherches sur le terrain!
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Re: Made in Marseille (bons plans, idees, news..)

Messagepar Lo Provençau » 07 Mar 2023, 19:45

Oui en fin sur le terrain il aurait fallu aller sur place quand même :mrgreen: . Non que je t'aurais conseillé d'y investir spécialement par ailleurs... Port de Bouc c'est en effet assez particulier. Faut pas y espérer que des gens aillent là bas en vacance pour faire tourner les locations saisonnières. Ce sont les installations industrielles du grand port maritime de Marseille donc forcément....
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Re: Made in Marseille (bons plans, idees, news..)

Messagepar pretender » 07 Mar 2023, 20:36

Ne jamais se fier à des publicités de vues urbanistiques ou archi. C'est du béton pour te vendre du vent.
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Re: Made in Marseille (bons plans, idees, news..)

Messagepar Lo Provençau » 08 Mar 2023, 14:43

Si je devais investir à Marseille ou dans le coin, je tenterai plutôt la zone d'Euromed 2. C'est le chaos actuellement avec des tarifs au ras des pâquerettes mais je ne doute pas de la profonde transformation de ces quartiers d'ici 5 à 10 ans.
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Re: Made in Marseille (bons plans, idees, news..)

Messagepar Dragan » 10 Mar 2023, 09:28

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LE RAPPEUR MARSEILLAIS AURAIT ÉTÉ SUIVI À LA TRACE PAR LES TUEURS POUR APPROCHER SON MANAGER; Utilisé comme "balise", Jul appelé à témoigner

On le sait d'une timidité quasi maladive dans sa vie quotidienne (il préfère le mot "réservé"), sauf sur scène quand il s'agit d'enflammer des dizaines de milliers de fans de son rap dynamité à l'auto-tune. Julien Mari, devenu une star générationnelle sous le nom de Jul, se serait certainement passé d'être appelé à la barre de la cour d'assises d'Aix pour répondre aux interrogations des magistrats dans un dossier de banditisme.

Disons-le tout net : Jul n'est aucunement impliqué personnellement dans cette affaire d'assassinat en bande organisée. Et si la cour a demandé à ce qu'il soit entendu au cours de ce procès-fleuve, comme il l'a déjà été pendant l'instruction, c'est en qualité de simple témoin. Un témoin aux premières loges : au moment de son exécution à Asnières, Karim Tir n'était autre que le manager de l'artiste devenu, depuis, le plus gros vendeur de disques de l'histoire du rap français.

À une époque plus lointaine, le natif du quartier Saint-Jean-du-Désert (12e) entamait son ascension et traînait ses claquettes et ses shorts fluo du côté de Frais-Vallon (14e), à Marseille. C'est là qu'il avait fait une rencontre décisive pour sa carrière : celle de Karim Tir, membre d'une grande famille comptant plusieurs figures de la voyoucratie et nombre de militants sociaux.

Après avoir passé 5 ans en prison pour un trafic de stupéfiants, Karim Tir avait clamé haut et fort, à sa sortie en 2012, vouloir changer de vie en se lançant à fond dans la musique. En lien avec son frère Yacine, il avait monté son propre label en région parisienne, "Liga One industry". Nez creux, Karime Tir avait senti l'énorme potentiel commercial de Jul, mettant toute son énergie pour piloter la carrière de l'Ovni. "C'était le meilleur manager de France. Un mec droit, un mec bien. Il ne méritait pas ça", lui rendra en hommage appuyé le rappeur devant la police judiciaire....

En ce début d'année 2014, les deux hommes ne se quittent pas. Karim Tir est au four et au moulin pour défendre les intérêts de son poulain, dont le premier single, Sors le Cross volé, diffusée par la Liga One, est un carton immédiat. Un jour, Karim Tir débarque dans les locaux de la société JDC, à Aubervilliers, suite à la commercialisation de t-shirts à l'effigie de Jul sans autorisation. "Il m'a demandé de cesser cette commercialisation et m'a proposé un partenariat, il avait également souhaité un bureau dans la société. Il y venait quotidiennement", a confié le gérant, décrivant le Marseillais comme "honnête, courtois, et gagnant sa vie grâce aux prestations de Jul". Partout où Jul enchaîne des show-case, à Mons, Bruxelles, Auxerre, Compiègne ou lors de ses réguliers retours à Marseille, Karim Tir est dans les bagages. Une proximité professionnelle et amicale qui n'a pas échappé à ceux qui en veulent à sa vie. "L'ensemble des protagonistes se trouvaient en contact direct ou indirect de Julien Mari, faisant de celui-ci une sorte de balise des déplacements de Karim Tir" a démontré l'instruction. L'enquête atteste que les portables de plusieurs des accusés ont borné dans ou à proximité des scènes ou le rappeur se produisait... "Il était en planque sur Jul pour remonter Karim", a glissé un acteur du dossier en parlant d'un des tueurs.

Interrogé par la PJ sur cette étroite surveillance, Jul a lâché son sentiment, à sa manière, concise : "Ça fait peur." L'artiste a encore précisé que sa relation avec Karim Tir était "strictement professionnelle", et qu'il n'avait reçu "aucune confidence" sur sa vie privée. Ni connaître les raisons pour lesquelles il était devenu une cible.

Mais comme souvent à Marseille, tout se mêle et s'emmêle : selon Hichem Tir, le frère de Karim, un certain Zakary Remadnia - considéré par l'accusation comme l'un des auteurs du guet-apens - l'avait "contacté" en janvier 2014 pour passer "une soirée avec nous sur Paris autour d'une séance d'enregistrement de Jul. Nous avons dîné. Tout s'est bien passé. Je n'ai pas détecté de ressentiment à notre égard. Après, plus de nouvelles", a raconté Hichem, lui-même victime d'une tentative d'assassinat raté deux mois plus tard. Pour mobile du meurtre de Karim, Hichem Tir a évoqué la jalousie : "Une haine personnelle contre nous, de la réussite de notre famille." Sur une écoute, un proche s'est fait plus explicite : "Ils ont vu qu'il (Karim Tir) avait explosé avec Jul, il a commencé à vivre sur la capitale, il a quitté Marseille. Ils sont venus jusqu'à Paris pour le buter."Comme un aimant...

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Re: Made in Marseille (bons plans, idees, news..)

Messagepar Dragan » 10 Mar 2023, 09:30

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« L'important, c'est ce que CMA CGM fait des profits » (Rodolphe Saadé)

CMA CGM a dégagé l'an dernier les plus gros bénéfices de l'histoire française. Que cela vous inspire-t-il ?

C'était une période exceptionnelle pour le transport maritime, donc les résultats de CMA CGM sont exceptionnels. Si je regarde en arrière, à partir de mars 2020, nous sommes entrés dans un nouveau monde avec la crise du Covid. Les consommateurs se sont rués sur les achats de marchandises, en majorité importées d'Asie. Les services maritimes étaient complètement désorganisés, avec des navires en attente pour décharger dans de nombreux ports. Nous avons même attendu à certains moments jusqu'à trois semaines devant Los Angeles avant de pouvoir débarquer ! Au plus haut de la crise, le taux de fret pour un conteneur de 40 pieds entre Shanghai et Le Havre était monté à 15.000 dollars pièce. Un prix jamais vu. Cette période, qui nous a permis de continuer à nous transformer, a duré jusqu'en septembre 2022.

Vos résultats devraient alimenter le débat houleux sur les superprofits et le partage de la valeur. Que répondrez-vous aux critiques ?

Nous ne pouvons pas changer les réactions de certains, que je peux comprendre. Mais je suis serein sur la question des profits, car depuis des années nous maintenons la même politique. Nos profits viennent des investissements passés que nous avons réalisés toutes ces années, alors même que personne ne croyait dans ce secteur. Et ce qui distingue CMA CGM de ses concurrents est que nous réinvestissons 90 % de nos résultats dans l'outil industriel du groupe. Mes concurrents reversent plus à leurs actionnaires qu'à leurs entreprises. Nous n'avons jamais dévié de ce ratio et nous ne le ferons pas après cette année exceptionnelle.

Qu'avez-vous fait de vos profits ?

CMA CGM a investi au total 23 milliards d'euros l'an passé ! Nous avons acheté 150 navires de seconde main, commandé de nouveaux bateaux, racheté des terminaux à New York, à Los Angeles, en Inde, à Beyrouth. Nous avons également réalisé des opérations de croissance externe dans la logistique, avec Gefco ou encore Colis Privé. Sans oublier l'aérien, avec la création d'une division cargo et notre arrivée au capital d'Air France. Avec ces profits, nous avons aussi lancé un fonds énergie, doté de 1,5 milliard d'euros, et distribué plus de 700 millions d'euros à nos collaborateurs, en primes et augmentations. L'an dernier, nous avons tout simplement eu plus de moyens pour nous développer. Ce qui est important, c'est ce qu'on fait des profits.

Comme tous les armateurs français, CMA CGM profite d'une exception fiscale qui lui permet d'être soumis à une taxe au tonnage, plus clémente que l'impôt sur les sociétés…

Je rappelle que cette taxe, mise en place en 2003, avait à l'époque permis aux compagnies européennes de faire face à la crise. Elle a contribué à ce que l'Europe compte des champions dans ce secteur et continue de grandir face à la concurrence effrénée de l'Asie. Il n'y a plus aujourd'hui une seule société de taille aux Etats-Unis et au Royaume-Uni et nous n'aurions peut-être pas pu résister sur le long terme. Il n'y aurait pas non plus l'italo-suisse MSC, le danois Maersk, l'allemand Hapag Lloyd.

2022 a été une année record, mais le retournement de l'activité mondiale du transport semble déjà très net ?

Les périodes exceptionnelles ne durent pas toute la vie. La situation actuelle est à la fois plus compliquée et plus normale. Les résultats du groupe ne seront pas en ligne avec ceux de l'an dernier, mais on reste sur une tendance positive. Ces derniers mois, nous avions beaucoup de « backlog », des marchandises bloquées. Mais aujourd'hui, les tarifs de transport se sont retournés à 1.200 dollars pour le même conteneur de 40 pieds entre Shanghai et Le Havre. Si on se compare à 2021 et 2022, toute l'activité reflète un atterrissage agressif. Mais nous partions de tellement haut ! Les 15.000 dollars par conteneur, c'était aussi brutal…

Comment s'annonce 2023 ? Certains prédisent une baisse des volumes de marchandises par mer…

Nous anticipons un « soft landing ». Le premier semestre marque une normalisation des échanges mondiaux, mais nous nous attendons à une reprise au second semestre 2023. Je ne vois pas de récession aux Etats-Unis, ou les entrepôts sont encore en partie pleins. Les taux de fret sont à présent inférieurs sur certaines routes à leur niveau de 2019, mais ils sont stables. Le remplissage de nos navires reste bon, de l'ordre de 90 à 95 % sur l'axe Asie-Europe, et 85 à 90 % vers les Etats-Unis. La croissance mondiale sera moins importante, mais nous croyons toujours à une croissance.

Il n'y aura donc pas de coup d'arrêt à la mondialisation « comme avant » ?

La mondialisation se transforme et s'adapte aux souhaits des clients. Ces derniers vont continuer à se fournir en Asie, mais certaines marchandises vont se rapprocher des lieux de consommation, principalement les produits stratégiques. Certains de nos grands clients veulent être moins tributaires de la Chine, et se relocalisent en Asie du Sud-Est. Je ne suis pas inquiet non plus pour la Chine. Je suis allé il y a quelques jours à Shanghai après trois ans d'absence. Ce pays a connu une période très compliquée, le processus de réouverture s'effectue lentement mais sûrement. La Chine a un avantage certain, elle a investi massivement dans ses infrastructures portuaires, les très grands navires de plus de 23.000 pieds peuvent y faire escale. Ce n'est pas le cas en Inde ou en Asie du Sud-Est, il faudra dix ans pour que cela soit possible. La croissance mondiale sera moins importante mais les échanges entre les différents pays vont continuer.

Tous les armateurs ont commandé beaucoup de navires neufs récemment. Allons-nous tout droit vers une grave crise de surcapacité ?

Je ne suis pas plus inquiet que cela. De nouvelles normes environnementales sont entrées en vigueur, dont une réduction de la vitesse des navires, ce qui absorbe plus de capacité car les voyages prennent plus de temps. Et la croissance du secteur reste positive. Je suis plutôt confiant sur 2023, et 2024 sera peut-être plus compliqué. Nous avons d'abord un problème de coûts qu'il nous faut traiter : le carburant comme d'autres charges ont fortement augmenté l'an passé.

Allez-vous accélérer la diversification du groupe dans le secteur de la logistique ? Qu'en est-il d'une possible reprise de l'activité logistique de Bolloré ?

Notre coeur de métier est le transport maritime, qui représente toujours les trois quarts du chiffre d'affaires de CMA CGM. Notre second métier est la logistique, qui nous permet de répondre à la demande de nos grands clients d'assurer l'entreposage et le transport sur les derniers kilomètres. Ceva a acté son retournement, et nous souhaitons poursuivre son développement. Il n'y a pas de contacts avec Bolloré à ce sujet. Mais des sociétés de logistique, aux Etats-Unis et en Asie, nous intéressent par ailleurs.

Quel est le sens du rapprochement avec Air France ?

Le Covid nous a obligé à réfléchir autrement. Il y avait une problématique de congestion dans les ports et nous n'avions rien à offrir à nos clients qui nous demandaient des livraisons rapides. C'est pour cela que nous avons souhaité investir dans les avions-cargos. Le groupe a d'abord acheté quatre Airbus A300, puis quatre Boeing 777. Et pour 2026, nous avons également passé commande de quatre A350. L'ensemble représente une nouvelle division pour ce marché très porteur et nous nous sommes associés avec Air France-KLM. C'est une très belle société, bien gérée. Nous avons pris 9 % du capital. La relation est très bonne. Notre coentreprise commencera début avril, elle proposera à nos clients des espaces à bord des avions d'Air France, passagers et cargo. Nous serons le numéro un européen du fret aérien et le quatrième mondial.

Vous avez également investi dans les médias. Pourquoi ?

Les médias m'intéressent. Pour un groupe de notre taille, cela n'a rien d'étonnant. Regardez nos pairs. Notre ambition a commencé avec « La Provence ». En tant que Marseillais, je considérais que voir le journal partir ailleurs n'était pas une bonne chose. J'ai préféré acheter et passer un accord avec Xavier Niel sur l'imprimerie. Les équipes travaillent aujourd'hui pour retourner le journal et ce n'est pas facile. Après, je me suis intéressé à M6. Notre projet de reprise de la part de Bertelsmann, avec Marc Ladreit de Lacharrière et Stéphane Courbit, ne s'est pas fait. J'ai décidé d'y aller seul et je possède 9 % du capital de M6. C'est une belle entreprise bien gérée avec un fort potentiel. Je continue à regarder ce qui se passe dans le secteur. Nous avons de petits investissements pour le moment. Nous verrons ce que l'avenir nous réserve.

Vous êtes aussi devenu sponsor de l'OM et vous rachetez les ferries entre Marseille et la Corse. Certains voient également en vous le nouveau « boss » de Marseille…

Cela me fait plaisir, mais à vrai dire, je m'étonne du regard de mes enfants sur le sujet. Ils me demandent si c'est vrai ! Je leur réponds que je suis le « boss » de CMA CGM, c'est tout. Mais s'il s'agit déjà d'aider au développement de la ville qui me tient à coeur, je ferai ce que je peux.


Les Echos
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Re: Made in Marseille (bons plans, idees, news..)

Messagepar Dragan » 05 Avr 2023, 09:28

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« Maintenant, ça tire en ville » : à Marseille , l'ultraviolence s'installe partout

Le week-end dernier, trois fusillades ont fait trois morts sur fond de trafic de drogue.

CRIMINALITÉ Dans le secteur de la Joliette, à quelques encablures du Vieux-Port, du Mucem et du quartier des affaires Euroméditerranée en pleine expansion, la violence de la nuit laisse les habitants sous le choc. Ici, on est loin des quartiers nord, où les fusillades se multiplient ces dernières semaines, sur fond de règlements de comptes entre différentes bandes pour la maîtrise des points de deal. À quelques dizaines de mètres d'une scène de crime se trouvent une crèche, une école maternelle, le siège du fond régional d'art contemporain ainsi qu'un hôtel moderne et des petits restaurants qui attirent les visiteurs de passage, signe du renouveau de ce quartier historiquement populaire.

La nuit, vers 00 h 40, trois adolescents ont été victimes d'une fusillade. L'un d'entre eux, âgé de 16 ans seulement et inconnu des services de police, y a laissé la vie. Un de ses amis, habitant du quartier, témoigne : « C'est tranquille, d'habitude, ici, mais maintenant, ça tire en ville. Je suis triste et j'ai peur, j'ai envie de rentrer chez moi et de me cacher. Ils sont venus le chercher jusqu'ici. » Deux autres jeunes, respectivement âgés de 14 et 15 ans, ont également été blessés. Lundi soir, le second était encore entre la vie et la mort. Tous les deux sont connus pour des antécédents de trafic de stupéfiants. Quatre personnes ont été interpellées et placées en garde à vue au lendemain de cette fusillade, la troisième du week-end à Marseille.

Car samedi 1 er avril, vers 22 h 30, c'est cette fois un peu plus loin du centre-ville, dans le 3 e arrondissement, dans l'une des cités connues pour le trafic de stupéfiants, la cité Félix-Pyat, que la première tuerie a eu lieu : quatre hommes âgés d'une vingtaine d'années ont été blessés, atteints par des tirs de calibre 9 millimètres, alors qu'ils se trouvaient devant un magasin d'alimentation. Des victimes qui n'étaient pas connues des services de police pour des faits relevant du trafic de stupéfiants, selon la procureur de Marseille, Dominique Laurens, qui évoque un possible « coup de force sur un point de deal » .

Dimanche soir, vers 23 h 30, cité du Castellas, dans les quartiers nord séparés du centre-ville par l'autoroute qui surplombe la rade de Marseille, c'est tout un groupe qui a été pris pour cible. Bilan : deux morts de 21 et 23 ans et six blessés. « C'est carrément un attentat, ils ont tiré dans le tas ! » , réagit l'un des habitants du quartier, écoeuré par ce niveau de violence. Lundi après-midi, une fois la scène de crime nettoyée après le passage des enquêteurs de la police judiciaire, le calme semblait revenu et la vie reprenait son cours dans les quelques commerces du quartier. Mais malgré le rassemblement d'une quarantaine de personnes, issues de collectifs d'associations de familles de victimes et de représentants politiques, les langues ne se délient pas et la plupart des habitants préfèrent regarder derrière les rideaux de leurs fenêtres ces femmes qui scandent : « Ne nous regardez pas, rejoignez-nous ! » , rassemblées derrière une banderole « Justice pour les familles ». À ce jour, ce sont déjà 14 personnes qui, en 2023, ont été tuées et 33 autres blessées par l'ultraviolence décomplexée des trafiquants de stupéfiants. De quoi inquiéter les autorités qui tiennent le décompte année après année du nombre de victimes. L'an dernier, dans les Bouches-du-Rhône et essentiellement à Marseille, 32 personnes sont mortes et 33 blessées, avec un rajeunissement des victimes qui inquiète la procureur. En dix ans, explique-t-elle, l'âge moyen est passé de 27 à 23 ans.

En 2023, ce rythme macabre a fortement augmenté, en particulier ces dernières semaines. Selon la police, il s'explique par la guerre de clans qui fait rage dans la cité de la Paternelle (14 e arrondissement) entre deux points de deal. Une guerre qui essaime dans les cités voisines, et se délocalise partout où des membres ou des alliés de l'un ou l'autre camp peuvent être retrouvés. Selon la préfète de police Frédérique Camilleri, « ces fusillades ne relèvent plus uniquement d'une volonté de contrôle territorial mais dégénèrent en phénomène de vendetta qui dépasse les frontières de la cité, avec une capacité pour ces organisations de fournir des armes et recruter des équipes de tueurs. Un phénomène nouveau, qui prend de l'ampleur » .

Pour lutter contre ce déchaînement de violence, la préfète promet de maintenir sa stratégie de pilonnage des cités engagée depuis deux ans, avec une présence quotidienne d'une à deux compagnies de CRS dans les cités. À la Paternelle, où se concentre l'essentiel de la guerre entre deux points de deal, des blocs de béton ont été installés devant l'entrée principale pour bloquer l'accès aux consommateurs. Aux alentours, d'autres équipes plus mobiles sont régulièrement positionnées pour effectuer des contrôles routiers et insécuriser les acheteurs, qui peuvent se faire interpeller. Le but, assécher l'économie de la cité, ce qui, selon la préfète, a déjà conduit à faire baisser le chiffre d'affaires quotidien. « Nous n'avons jamais autant interpellé, jamais autant saisi », explique-t-elle. Mais cela n'empêche pas les fusillades . « La présence d'argent et de clans puissants confrontés à une déstabilisation interne conduit à un mouvement de tectonique de plaques qui produit son lot de violences » , constate la préfète de police, qui inscrit son action de terrain en complémentarité du travail de fond de la police judiciaire.

Ce travail, insiste la procureur de Marseille, est essentiel pour attaquer les réseaux par le haut du spectre, comme en témoigne la présence sur les scènes de crime de ce week-end des différents services de la PJ, que ce soit la brigade de répression du banditisme ou la financière, aux côtés de la criminelle. Un travail de terrain, au long cours, qui a conduit depuis le début de l'année à 31 mises en examen en matière de stupéfiants. Magistrats et enquêteurs s'inscrivent dans le temps long, avec des enquêtes complexes, qui nécessitent des heures de travail de terrain, de filatures et d'écoutes. Le but, explique-t-on : tenter de parvenir à anticiper ces coups de force des réseaux, avec, dans le meilleur des cas, la possibilité de démanteler en amont une équipe en cours de préparation pour une expédition punitive.

« Nous rendons hommage à l'engagement de tous les services », affirme la procureur Dominique Laurens, qui prévient : « Nous sommes dans une dynamique particulièrement inquiétante qui a profondément marqué la population locale mais aussi bien au-delà des frontières de Marseille, et nous pensons qu'elle va se poursuivre dans les mois à venir. » La chef du parquet de Marseille, qui estime que 18 % de l'activité de ses services est dévolue à la lutte contre les affaires de stupéfiants, bien au-dessus de la moyenne nationale, déplore que les nouvelles victimes soient de plus en plus jeunes, mais aussi de plus en plus vulnérables. Face à la pénurie de la main-d'oeuvre locale, qui semble avoir pris conscience au fil des dernières années de la violence qui règne dans les réseaux, les recruteurs ont étendu leurs filets et n'hésitent plus à faire venir des « étrangers » pour jouer les petites mains.

Le président du tribunal de Marseille, Olivier Leurant, a tiré le bilan de 2022 : désormais 4 mineurs sur 10 déférés devant la justice marseillaise sont des « exogènes » , venus de partout en France, voire de l'étranger, les mineurs isolés étant une cible particulièrement vulnérable.

Ces fusillades dégénèrent en phénomène de vendetta qui dépasse les frontières de la cité

Le Figaro
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Re: Made in Marseille (bons plans, idees, news..)

Messagepar Lo Provençau » 10 Avr 2023, 20:28

J'habite entre la Paternelle et le Castellas. L'article fait croire à un chaos géneralisé, ça ne m'étonne pas du Figaro d'ailleurs, mais la vie ici est très tranquille. On est pas du tout concerné tant qu'on est pas dans ce genre de trafics ou qu'on habite pas au coeur de ces cités.
C'est malheureux ces histoires mais pour autant on les apprend aussi par voie de presse.
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Re: Made in Marseille (bons plans, idees, news..)

Messagepar Dragan » 14 Avr 2023, 18:43

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A Marseille, le MuCEM fête ses 10 ans et veut changer d’ère

Le nouveau président du musée marseillais, Pierre-Olivier Costa, entend valoriser les collections de l’établissement, changer la signalétique et allonger la durée des expositions temporaires.

Emmanuel Macron l’a dit et répété, il « aime infiniment Marseille ». Il y a passé ses premières vacances présidentielles en 2017 puis lancé, quatre ans plus tard, le plan d’investissement Marseille en grand. Jamais toutefois le président de la République n’avait mis les pieds au Musée des civilisations de l’Europe et de la Méditerranée (MuCEM), devenu l’un des sites emblématiques de la ville. Il devrait y faire escale lors d’un prochain déplacement, prévu avant l’été. Le prétexte est tout trouvé : le seul musée national basé à Marseille fête ses 10 ans. Et il se trouve qu’il est présidé depuis novembre 2022 par Pierre-Olivier Costa, l’ancien directeur du cabinet de son épouse, Brigitte Macron.

Ce discret quinquagénaire à l’allure juvénile aimerait bien se défaire de l’étiquette « macronienne », synonyme, pour beaucoup, d’arrogance technocratique. Depuis son arrivée aux manettes du MuCEM, celui que le petit monde politico-culturel appelle par ses initiales, « POC », fait preuve de modestie. Sans jamais se réclamer du palais, il rencontre un à un les acteurs locaux et obtient, si ce n’est leur aide, du moins leur écoute. « Je n’ai pas besoin d’utiliser la main d’Emmanuel Macron pour tordre le bras d’une entreprise. J’ai un projet, et c’est cela que je présente aux sociétés, aux collectivités. »

Le 1er février, Pierre-Olivier Costa participait au dîner organisé par Emmanuel Macron à l’Elysée pour « prendre le pouls de Marseille ». Là, il a pu croiser plusieurs figures locales, dont Rodolphe Saadé, le PDG de la compagnie maritime d’affrètement CMA CGM. Au retour, l’armateur aux bénéfices stratosphériques – 23,5 milliards d’euros en 2022 – l’a invité dans sa loge pour suivre un match de l’OM. Mais le milliardaire n’a pas encore sorti son chéquier pour compenser les 300 000 euros d’économies réclamés en décembre 2022 par Bercy au MuCEM.

Rupture de style

Les politiques marseillais aussi voient venir « POC » avec bienveillance. « Il est largement au niveau, a l’écoute favorable du pouvoir central, c’est important pour nous », note le président de la région Provence-Alpes-Côte d’Azur, Renaud Muselier, ex-Les Républicains, passé au parti présidentiel, Renaissance, qui doit le rencontrer dans une quinzaine de jours. « Je ne suis ni dupe ni naïf : Christophe Castaner au port de Marseille, Pierre-Olivier Costa au MuCEM… On peut penser que Macron pose des pions sur la ville, glisse, goguenard, le communiste Jean-Marc Coppola, adjoint municipal à la culture. Mais ça ne me pose pas de problème, si cela va dans le sens de nos ambitions. »

Le maire, Benoît Payan (DVG), reconnaît lui aussi avoir été séduit. « Les conditions de sa nomination pouvaient faire naître des interrogations légitimes, alors j’ai voulu me faire mon idée », se souvient-il. Après deux heures d’entretien, l’élu marseillais assure « être en phase avec le plan stratégique » présenté par le nouveau patron du MuCEM. « Il a envie d’ouvrir le musée plus largement aux Marseillais et de collaborer activement avec les établissements municipaux. On jugera sur le long terme, mais c’est une très bonne base », conclut le maire. Jeudi 6 avril, preuve de cette entente cordiale, Pierre-Olivier Costa figurait au premier rang des invités de la cérémonie de réouverture du MAC, le Musée d’art contemporain de la ville.

Les acteurs culturels semblent également rassurés. « On travaille en bonne intelligence, dans une dynamique de partenariat », salue Muriel Enjalran, directrice du Fonds régional d’art contemporain Provence-Alpes-Cote d’Azur, qui lui est reconnaissante de ne pas avoir remis en cause le projet d’exposition olympique qu’elle avait conçu pour 2024 avec son prédécesseur, Jean-François Chougnet.

Derrière la résille de béton du MuCEM, passé la surprise du départ de ce dernier, aux manettes depuis 2014, beaucoup disent apprécier la rupture de style. Dès sa prise de fonctions, le nouveau président, affable et poli, a visité tous les services, serrant les mains et écoutant les griefs. Le 8 février, il a convié l’ensemble des personnels – près de cent cinquante salariés – à un séminaire pour débattre de l’avenir de l’établissement. Du jamais-vu. De cette grande consultation est sortie une première décision souhaitée par des personnels : les expositions temporaires dureront désormais au moins un mois de plus.

« En sous-effectif chronique »

Si les syndicats estiment que le MuCEM « vit en sous-effectif chronique depuis son ouverture », l’établissement, qui a surmonté la pandémie sans dotation supplémentaire du ministère de la culture, est en bonne santé. L’ouverture, en 2022, sur le même parvis, de la réplique de la grotte Cosquer n’a pas siphonné sa fréquentation, qui s’est élevée la même année à 1,2 million de visiteurs, un record. Les deux tiers de ceux-ci, toutefois, viennent uniquement pour profiter gratuitement de la vue spectaculaire qu’offrent le bâtiment signé Rudy Ricciotti et le fort Saint-Jean.

Le musée n’a toujours pas conquis les habitants des quartiers populaires de la ville, malgré quelques initiatives comme le bus Destination MuCEM qui, trois dimanches par mois, va chercher gratuitement une quarantaine d’habitants au pied des immeubles des cités. Quant à la signalétique, elle est tout bonnement catastrophique – « Il faut être devin pour s’y retrouver ! », lâche Pierre-Olivier Costa, qui souhaite la revoir dans son ensemble. Même Jean-François Chougnet le reconnaît : « Le MuCEM est sympathique pour ceux qui ont le mode d’emploi, compliqué pour ceux qui y débarquent pour la première fois. »

Pour doper la fréquentation et toucher des publics dits « empêchés », Pierre-Olivier Costa entend s’appuyer sur la collection d’un million d’objets qu’abritent les réserves. « Ce fonds n’est pas assez présenté, revendiqué, comme si on en avait honte. Il est parfois masqué par un discours scientifique compliqué », se désole le nouveau président, regrettant que « les expositions présentées depuis dix ans se soient faites avec peu d’œuvres de la collection ».

Symboliquement, il a organisé le dernier conseil d’administration au centre de conservation et de ressources du musée, dans le quartier de la Belle-de-Mai. Et lancé ses équipes dans une course contre la montre pour ouvrir, dès décembre 2023, une nouvelle présentation de la collection. « On a dans nos réserves des millions de petites histoires, des petites choses de la vie qui sont comme autant de portes d’entrée pour les publics de ce territoire », assure-t-il, plaidant pour une présentation « jouant plus sur l’émotion ».

« Un vieux serpent de mer, objecte Jean-François Chougnet. On est un musée de brocante, il n’y a pas de Joconde dans les réserves. » Difficile de séduire le public avec deux cents sonnettes de table et quelque huit cents bouillottes. Les plus anciens n’ont pas oublié le flop de l’exposition de préfiguration « Trésors du quotidien », organisée en 2007 au fort Saint-Jean. « On ne peut pas faire de cohérence avec des choses disparates », estime encore Jean-François Chougnet, qui a préféré confronter ce fonds aux regards d’artistes célèbres comme Ai Weiwei ou Jeff Koons. Avant son départ, il a validé un projet avec Damien Hirst qui fera dialoguer, en 2024, sa collection de reliquaires avec celles du MuCEM.

Un spectacle pyrotechnique

Michel Colardelle, en revanche, se retrouve dans l’ardent désir de Pierre-Olivier Costa de montrer davantage les collections. Le médiéviste a apprécié que son lointain successeur l’ait, dès son arrivée, sondé sur l’avenir du musée. C’est lui qui, en 1999, a eu l’idée de délocaliser à Marseille les richesses du Musée national des arts et traditions populaires, à l’étroit dans ses murs à l’orée du bois de Boulogne. Ses collections figées dans la France rurale de la seconde moitié du XIXe siècle n’attirent pas les foules.

Au même moment, l’Etat s’interroge sur l’avenir d’un autre ensemble, le fonds européen du Musée de l’homme, laissé à l’écart du futur Musée du quai Branly consacré aux arts extra-occidentaux. Les deux collections finiront par fusionner en 2013 sur le nouveau site marseillais. « Je ne suis pas son gourou, je suis seulement à disposition », glisse le premier artisan du MuCEM, affirmant qu’« il faut revoir un projet de musée tous les dix ans pour qu’il reste cohérent ».

Pour élaborer ce futur, Pierre-Olivier Costa a nommé, à son côté, une conseillère. Françoise Pams, 71 ans, ancienne directrice de la communication, des relations publiques et du mécénat de la Réunion des musées nationaux puis du Centre Pompidou, possède l’expérience des grands établissements publics, qui fait défaut à son président. Basée à Arles (Bouches-du-Rhône), où elle s’est présentée sans succès en 2020 aux municipales sur la liste du communiste Nicolas Koukas, Mme Pams s’est vu confier la mission de « préparer l’anniversaire des 10 ans et mettre en place la stratégie du président ».

Son style direct, pour ne pas dire cassant, crispe parfois les équipes, qui s’agacent de son côté « Madame Je-sais-tout ». Tout comme sa volonté de marquer les 10 ans du MuCEM, début juin, par un spectacle pyrotechnique confié à Groupe F, jugé « peu en rapport » avec l’esprit du musée. Une irritation que les syndicats n’ont pas manqué de faire remonter à la présidence dès leurs premières rencontres de dialogue social.

Chez les partenaires historiques du MuCEM, comme le festival Marseille Jazz des cinq continents ou le festival du cinéma arabe Aflam, le premier contact avec la conseillère laisse flotter une inquiétude. Celle de voir le musée national se montrer moins généreux à l’avenir. « Pour la programmation des 10 ans, on nous a expliqué que, quand on est invité à un anniversaire, il faut apporter un cadeau… J’avoue que j’ai été un peu surpris », raconte le directeur des Cinq continents, Hughes Kieffer, qui rappelle que ses concerts ont aidé à faire découvrir le MuCEM à un large public.

« Aujourd’hui, la programmation événementielle est faite à 80 % par des partenaires avec lesquels nous n’avons pas de discussions éditoriales », justifie Françoise Pams, qui entend reprendre la main sur l’agenda. « Ce n’est pas exclure les anciens pour avoir des nouveaux, mais se garder de la place pour des choses innovantes », nuance, de son côté, Pierre-Olivier Costa.

Parmi ces nouveautés, l’ex-directeur du cabinet de Brigitte Macron prévoit la création de partenariats annuels avec des villes d’Europe et de la Méditerranée. L’opération MuCEM Tandem commencera dès 2024 mais sera, promet Pierre-Olivier Costa, totalement étrangère à l’agenda politique. « L’idée, dit-il, est de faire des choses en dehors du politique, afin de ne pas troubler les relations culturelles que nous avons avec certains pays. » Promis, le MuCEM ne deviendra pas le bras armé du Quai d’Orsay, ni celui de l’Elysée.

Le Monde
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Re: Made in Marseille (bons plans, idees, news..)

Messagepar Dragan » 21 Avr 2023, 08:17

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La mexicanisation de la France

Le jeune homme avait 16 ans. Il est tombé, le 1 er avril, sous les balles de ses tueurs, à deux pas du Vieux-Port. Il est l'une des dernières victimes de la guerre sans merci que se livrent les gangs de la drogue à Marseille. Une ville qui n'en peut plus de voir son nom associé au narcotrafic. À chaque règlement de comptes, l'émoi est immense, mais rien ne change, en attendant les prochaines fusillades. Les cinq dernières ont eu lieu dans la nuit de mercredi : quatre blessés, dont un adolescent. Rien ne change, sauf l'ampleur du fléau. Celui-ci touche de plus en plus de mineurs et n'est plus cantonné aux quartiers réputés dangereux de la Cité phocéenne. Il s'exporte partout, et partout met en danger les honnêtes gens.

Cette inquiétante évolution est celle de toute la France, en butte à des arrivées de stupéfiants également massives depuis les ports d'Anvers, d'Amsterdam ou du Havre et, par les airs, en provenance de Guyane. L'éventail des substances s'est considérablement élargi avec l'apparition des produits de synthèse à forte dangerosité. Cette économie souterraine en plein développement a pesé, en 2022, près de 5 milliards d'euros, plus que l'achat de livres !

Les mafias, dont les parrains résident souvent à l'étranger, recrutent une main-d'oeuvre non seulement toujours plus jeune, mais aussi prête à déménager pour des emplois de guetteur ou de livreur payés 100 euros la journée : désormais, 40 % des mineurs présentés à la justice marseillaise pour trafic de stupéfiants ne sont pas des « locaux ». Inutile de préciser que les « risques du métier » sont immenses (brimades, enlèvements, meurtres) et que l'exploitation de ces salariés au noir relève de la traite des êtres humains. Aujourd'hui, même les départements ruraux sont en proie à la vendetta, qui a pris l'ensemble du territoire en otage !

Emmanuel Macron avait fait de la traque du trafic de drogue, principal moteur de la délinquance, un cheval de bataille de sa campagne. Dans la foulée, Gérald Darmanin promettait une opération coup-de-poing toutes les deux heures. Un an après, la mexicanisation de la France est pourtant en marche...

Les mafias de la drogue ont pris l'ensemble du territoire en otage

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Re: Made in Marseille (bons plans, idees, news..)

Messagepar Dragan » 21 Avr 2023, 08:18

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À Marseille , la violence des narcotrafiquants mine tous les quartiers

Autrefois circonscrites aux cités, les fusillades liées à la drogue gagnent le centre-ville. Cette année, elles ont déjà fait quinze morts.

LA PATERNELLE, Felix Pyat, Fontvert, la Busserine, les Marronniers, Kallisté, les Aygalades... Cet inventaire des quartiers marseillais minés par le narcobanditisme et les fusillades s'enrichit presque chaque semaine. Depuis le début de l'année, quatorze personnes sont mortes dans cette flambée de violences liée au trafic de stupéfiants. Quinze, si l'on compte une victime collatérale qui avait pour seul tort d'être là au mauvais moment. Un engrenage « inquiétant » , selon les termes de la procureur Dominique Laurens. À ce rythme, le décompte des décès pourrait rapidement dépasser le bilan de 2022, avec trente et un morts.

Cette guerre à laquelle se livrent les narcotraficants n'est plus circonscrite aux cités, et les victimes sont de plus en plus jeunes. Le 3 avril dernier, l'une d'entre elles, 16 ans à peine, a été abattue non loin du centre-ville, à la Joliette, un quartier d'affaires qui jouxte la cathédrale de la Major . Ce jour-là, les tueurs sont allés chercher leurs victimes, tous les trois mineurs, là où ils se trouvaient en pleine nuit, loin des fameux quartiers nord. Pour la préfète de police des Bouches-du-Rhône Frédérique Camilleri, cette séquence de violence marque une nouvelle étape dans la guerre à laquelle se livrent différents clans : l'ère de la vendetta. Aujourd'hui, les fusillades ont lieu hors les murs de la cité, pas forcément sur les points de deal (avec 10 000 à 80 000 euros de chiffre d'affaires quotidien, les trafiquants préfèrent ne pas déranger ces plaques tournantes). Les narcotrafiquants s'attaquent à leurs rivaux où qu'ils se trouvent en ville. La volonté d'intimider est si forte, constate Dominique Abbenanti, directeur zonal de la police judiciaire Sud, que la plupart des assassinats et tentatives sont désormais filmés. Dans le milieu du trafic de stupéfiants, les vidéos circulent, parfois avec un sous-titre sous les images pour ceux qui n'auraient pas bien saisi le message : « Pas touche » en est un des récents exemples. L'avertissement est clair.

Au coeur de ces trafics, un maître mot : l'argent. Alors que la douane a saisi 1,7 tonne de cocaïne en 2022 - un record - sur le port de Marseille-Fos, la guerre sans merci auquel se livrent deux clans de la cité de la Paternelle depuis des années a repris de la vigueur. Selon Philippe Frizon, numéro deux de la PJ marseillaise, les deux rivaux du quartier, qui tiennent les points de deal du Maga et de la Fontaine, ont étendu leurs équipes comme des pieuvres, agrégeant au passage des alliés de circonstance dans d'autres cités, au gré des alliances et des trahisons. Depuis le début de l'année, la préfète de police, Frédérique Camilleri, consacre pourtant une partie conséquente des moyens à sa disposition à la Paternelle, avec un objectif : assécher progressivement le trafic. Les CRS y assurent une présence quasi quotidienne, et la récente venue de la CRS 8, spécialement formée aux environnements urbains difficiles, a permis d'appuyer pendant une semaine le travail des unités locales dans leurs opéations très offensives, comme l'investissement d'appartements au coeur de la cité. Depuis, les opérations « pilonnage » classiques, chères à la préfète de police, ont repris leur cours habituel à la Paternelle et dans les cités du nord de la ville, aux horaires les plus pénalisants pour les réseaux. Ici, des plots de béton ferment l'accès principal des consommateurs. Là, des opérations de contrôle routier sont organisées sur les axes routiers aux alentours des points de deal, afin de traquer les consommateurs qui conduisent sous l'emprise de stupéfiants : la politique globale des autorités consiste à tout faire pour gêner le trafic. Une stratégie tous azimuts, qui a abouti à 663 interpellations et 422 armes saisies au premier trimestre 2023, dont certaines qui pourraient être liées aux récentes fusillades, soit respectivement 35 % et 15 % de hausse par rapport au même trimestre de 2022. Pour autant, cette présence policière quotidienne ne parvient pas seule à éradiquer le problème, ni à anticiper les violences qui essaiment dans le reste de la ville.

Car le « haut du spectre », comme on l'appelle en jargon policier, se joue plus aisément de la présence policière de terrain. En perpétuel mouvement, le trafic se déplace aussi vite que les équipes de tueurs se forment à la demande des commanditaires : contre quelques dizaines de milliers d'euros, des petits jeunes en quête d'argent et d'ascension dans les réseaux sont prêts à « éliminer » une cible. Bien souvent, quand une fusillade éclate dans la nuit, une seconde peut ainsi lui répondre dans la foulée.

Des effectifs renforcés

Pour chacune de ces scènes de crime, jusqu'à six heures de constatations et de prélèvements destinés à la police scientifique sont nécessaires. Tout est envoyé au laboratoire pour constituer une base de données exploitée minutieusement par le comité de pilotage spécifique mis en place par la PJ depuis début février. Ces informations sont recoupées avec les renseignements issus du travail de la sécurité publique, des douanes, des gendarmes, des bailleurs sociaux, etc., afin de constituer une photographie quasi en temps réel de l'activité délictuelle et criminelle des réseaux. Ces renseignements servent les enquêtes en cours, mais permettent aussi de déjouer des assassinats : deux l'an dernier et une trentaine depuis 2016, selon les estimations de la PJ. Un chiffre qui peut sembler dérisoire au regard du nombre d'assassinats commis à Marseille, loin devant les données observées dans les autres régions, y compris l'Île-de-France.

Quelle perspective pour la suite ? La préfecture indique n'avoir jamais autant interpellé, jamais autant saisi d'armes. Les autorités affirment leur volonté de continuer à combattre les réseaux, à traquer et à poursuivre les auteurs, y compris à l'étranger. Les effectifs sont renforcés, avec notamment l'arrivée d'une CRS 8 pour Marseille cet automne, à disposition de la préfecture de police 7 jours sur 7 et 24 heures sur 24. Des efforts ont également été consentis pour la police judiciaire marseillaise en 2022, mais ils pallient tout juste le nombre de départs, avec une difficulté grandissante à attirer des candidats. Dans les quartiers sensibles, la préfecture tente de mettre en oeuvre les conditions de sécurité nécessaires au maintien des services publics, quitte à devoir sécuriser le point de dépôt du courrier et la tournée des facteurs. Il faut que les entreprises puissent continuer à travailler, que les associations maintiennent leur action de terrain, affirment de concert les autorités policières, judiciaires et la ville. Mais la lutte contre le narcotrafic sera longue, prévient le maire de Marseille dans un tweet, alors que la Cité phocéenne voit son flot de touristes débarqués des bateaux de croisière reprendre à plein régime avec l'arrivée des beaux jours, à quelques mois d'un événement sportif international avec la Coupe du monde de Rugby.

Le Figaro
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Re: Made in Marseille (bons plans, idees, news..)

Messagepar Lo Provençau » 21 Avr 2023, 12:41

Il sont au courant au Figaro de la French connection et du fait que le juge Michel a été assassiné vers le boulevard Michelet en 1981 ?
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Re: Made in Marseille (bons plans, idees, news..)

Messagepar Dragan » 25 Avr 2023, 09:20

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MARSEILLE ; Un jeune homme de 18 ans exécuté à l'arme de guerre à la cité du Mail

Le jeune homme était assis sur un canapé blanc à la mousse trouée, probablement par des projections incandescentes de micros boulettes de shit. Un jour, personne ne saurait plus trop dire quand, ce meuble de salon avait été déménagé puis installé sans discussion, au vu et au su de tous, dans le hall d'une tour du Mail. À la place du guetteur.

Un "job" autrefois promesse d'argent "facile", devenu d'une extrême dangerosité ces dernières années. Et encore davantage ces derniers mois où une guerre sans pitié fait rage entre "deux forces en présence dans une logique de contrôle territorial et de vendetta", a analysé le parquet. Des équipes de narcotrafiquants lourdement armés qui ont impliqué des réseaux satellites, par le jeu des alliances, dans une sorte de conflit "total". "Il faudra peut-être attendre qu'un clan soit entièrement décimé pour que ça se calme un temps", désespère un gradé.

21 h 45, dimanche. Dans un scénario presque routinier, une voiture s'est doucement garée devant l'entrée de cette cité paupérisée du 14e arrondissement. Comme 126 autres à Marseille, elle est enserrée par un point de deal, ses gérants, ses petites mains, ses clients. Ses fusillades. À l'heure où nombre de supporters olympiens vibraient devant leur petit écran, eux aussi affalés dans leur sofa, les assaillants ont bondi devant un mur peint d'un personnage du manga Dragon Ball Z, portant un maillot de l'OM. Face au bâtiment, ils ont arrosé le hall à la kalachnikov. Âgé d'à peine 18 ans, la cible a été criblée de balles et touchée à la tête. Elle est morte sur le coup. Suivant un mode opératoire rodé, le véhicule impliqué était retrouvé calciné un peu plus tard sur la commune de Simiane-Collongue. Un paisible village situé au pied du versant nord de la chaîne de l'Étoile.

Plusieurs questions se posent désormais à la police judiciaire, chargée des investigations. Le jeune majeur était-il personnellement visé par les exécutants ? A-t-il au contraire payé de sa vie le seul fait de représenter, de par sa position sur le point de deal, le réseau dans le collimateur ? Et encore : peut-on faire un lien entre ce nouvel homicide et le conflit né à la Paternelle, qui s'est propagé dans les secteurs voisins par effet domino ? "Il était connu de nos services pour des affaires liées aux stupéfiants", commente laconiquement une source policière, manifestant peu de doute sur le mobile de l'homicide.

Il s'agit de la troisième fusillade en quelques jours dans ce quartier, voisin de la Busserine, qui abrite également un "drive" très disputé. Le 13 avril, à quelques mètres seulement de la scène de crime de dimanche, un homme de 33 ans avait été grièvement blessé par des tirs de fusil d'assaut. Il s'en était miraculeusement sorti.

Depuis janvier, 16 personnes ont été assassinées sur fond de drogue à Marseille. Déjà considérée comme particulièrement meurtrière, l'année 2022 s'était soldée par 32 morts. Début avril, après une série de coups de feu qui avait provoqué trois décès en une nuit, la procureure Dominique Laurens avait prévenu que "la dynamique particulièrement inquiétante", allait "se poursuivre les mois à venir".

La Provence
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Re: Made in Marseille (bons plans, idees, news..)

Messagepar Dragan » 03 Mai 2023, 12:42

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Tourisme : comment gérer le trop-plein ? Alors que les beaux jours arrivent, la crainte de surfréquentation des sites touristiques s'accroît. En Provence, on s'organise pour préserver ces lieux, tout en maintenant l'attractivité

Des embouteillages de bus touristiques menant à la Bonne Mère ; Le Panier, pris d'assaut au mépris de la tranquillité des riverains ; la file pour embarquer vers le Frioul qui n'en finit pas quand les plages et les terrasses sont bondées ; l'accès aux calanques encombré par les voitures s'entassant sur les bas-côtés de la route ; les gorges du Toulourenc ou le massif de la Sainte-Baume surfréquentés et en danger... les principales attractions touristiques saturent en Provence ces dernières années, boostées par la sortie de la crise sanitaire.

Et 2023 s'annonce déjà comme une année record. "En avril, le taux d'occupation a été supérieur à celui de l'année dernière, on a frôlé les 75 %. À Marseille, on a des hôtels qui ont fait pour le week-end de Pâques un taux de remplissage de 90 % et la grotte Cosquer a eu 8 000 visiteurs en trois jours", détaille François de Canson, président du Comité régional de tourisme (CRT) en Paca. Un excellent démarrage qui ne devrait pas faiblir selon lui, avec en mai "quatre ponts dont l'Ascension, date à laquelle généralement on retrouve les chiffres du 14 juillet". Puis la haute saison, "période où on n'a jamais de soucis de remplissage et en septembre-octobre, on a la Coupe du monde de rugby".

"Réguler mais pas interdire"

De quoi craindre l'afflux massif de touristes. Mais pour protéger les sites naturels menacés par la surfréquentation touristique, certains lieux emblématiques en Provence ont mis en place des restrictions. Depuis l'été dernier, l'accès à la calanque de Sugiton est encadré, avec seulement 400 personnes admises chaque jour, uniquement sur réservation. Une mesure reconduite dès le 17 juin prochain, qui a permis à la calanque de voir sa fréquentation diminuer de plus de 84 % en 2022 (16 800 visiteurs, au lieu de 105 000). La directrice du Parc national des Calanques, Gaëlle Berthaud, se félicitait alors "d'une calanque désormais apaisée". Même dispositif dans le Vaucluse, pour le Colorado Provençal où depuis le 1er mai, la réservation est obligatoire pour accéder au site et sur les îles d'Or, dans le Var où seules 6 000 personnes (20 000 auparavant) sont transportées par les bateliers chaque jour.

"Il faut réguler mais pas interdire !", insiste François de Canson. Et surtout, on s'organise. Depuis 2021, le CRT a mis en place un partenariat entre les parcs naturels régionaux et Waze, avec des spots publicitaires : "On est capable de dire sur l'appli de ne pas aller dans tel parc mais plutôt celui-ci ; garez-vous à tel endroit, prenez la navette... Cela permet de réguler les flux, désengorger et rediriger vers des sites alternatifs." Un outil qui fonctionne. "Plus d'un million de gens sont allés cliquer et on a un retour de 7 à 10 % de gens qui changent leur comportement par rapport à ces alertes", se réjouit le président du CRT. Et l'organisation passe aussi par un changement de comportement. "Depuis des années, on ne fait plus de promo l'été, on travaille la désaisonnalisation, on a développé tout un tas de filières et on va chercher la clientèle étrangère qui vient en vacances hors saison, ce qui permet d'augmenter le chiffre d'affaires, en n'ayant pas trop de fréquentation", ajoute-t-il.

"Pic de 15 à 20 jours"

Un ensemble de stratégies qui permettent selon François de Canson de "lisser sur l'année" les touristes et ainsi de ne pas parler de "surtourisme" ou de "surfréquentation", mais d'"un pic de fréquentation de 15 à 20 jours en haute saison". "L'année dernière, sur le mois de juillet, on a eu un taux de fréquentation de 82 % et sur le mois d'août de 85 %. Donc on n'est pas non plus à 100%", insiste-t-il, martelant également : "Stop au 'tourisme bashing', on a besoin du tourisme ! C'est 20 milliards d'euros de chiffres d'affaires et 13 % du PIB." Première industrie de la Région, le tourisme en Provence a retrouvé ses chiffres d'avant pandémie - 2022 est devenue l'année de référence, avec plus de 30 millions de séjours - et sa mutation a permis d'aller vers ce qui est décrit comme un "tourisme positif". "C'est mieux pour les habitants, les restaurateurs et les touristes puisqu'on travaille cette notion d'hospitalité, qui fait que tout le monde se sente bien, aussi bien l'habitant que le visiteur."

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