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Le Grand palais ? Démoli. Le Palais de la Méditerranée ? Rasé. Le Palais phocéen ? Explosé façon puzzle... Non, ce n'est pas une météorite qui menace de réduire à néant les bâtiments du parc Chanot. Mais une nouvelle Délégation de service public (DSP) dont la municipalité est en train d'élaborer le cahier des charges. D'après le document préparatoire qui a été présenté jeudi dernier aux organisations syndicales, l'objectif est de moderniser et transformer ce site et ses bâtiments vieillots, construits à la fin des années 60, qui ne séduisent plus que les amateurs de vintage...
"Le parc Chanot représente pour la Ville l'équipement majeur sur la filière tourisme d'affaires et entend bien le rester", affirme le maire LR des 6e et 8e arrondissements, Yves Moraine, visiblement soulagé de voir enterrer l'idée de délocaliser le centre des congrès sur le port, la proposition 9 des "21 mesures phares pour mettre Marseille à l'heure du XXIe siècle", promise par Jean-Claude Gaudin lors de la campagne de 2008. Autre projet avorté : celui d'installer au parc Chanot le village olympique démontable pour les épreuves des JO 2024, scénario refusé par le CIO. Chanot reste Chanot, donc : "Il s'agit aujourd'hui de maintenir et de renforcer la vocation de ce site à accueillir des congrès et des salons", résume Yves Moraine. Qui souligne "la situation exceptionnelle, en centre-ville", de ce parc des expositions. "D'habitude, on trouve ces équipements dans des zones commerciales en périphérie. Le soir, pour les congressistes, il y a de quoi se suicider dans son hôtel Campanile..." Pourtant, année après année, le vieillissement des bâtiments de Chanot fait courir à Marseille un sérieux risque de déclassement par rapport aux villes concurrentes. La fin, en décembre 2019, de la convention liant la Ville à la Safim (le gestionnaire historique depuis la première Foire de Marseille en 1924), est l'occasion de redéfinir un avenir pour ce site de 17 hectares. Pour remporter le marché, le nouveau gestionnaire (4 ou 5 groupes seraient sur les rangs, dont la Safim) devra réaliser d'importants travaux. Le propriétaire américain de l'OM, Frank McCourt, aurait visité le site en début d'année.
Plus vert et plus ouvert
Delenda est le Grand palais, donc. Il faut détruire ce bâtiment, devenu obsolète. De cette grande halle art déco construite dans les années 50, on ne gardera que la façade qui sera déplacée pour permettre la création d'un parvis en lien avec l'esplanade Ganay. Un nouveau "palais" sera construit sur deux niveaux, préconisent les études réalisées par la municipalité. Le même sort attend le palais de la Méditerranée et le palais phocéen, qui doivent laisser place à de nouveaux halls, plus vastes et plus modernes.
Et pour marquer le passage à une ère nouvelle, la création d'un nouvel édifice, appelé "Espace prestige", est envisagée en option. Ce bâtiment contemporain, à l'architecture "remarquable et visible", pourrait devenir "un élément singulier, vecteur d'une nouvelle identité du parc Chanot". Les études recommandent une construction sur pilotis ou suspendue, avec une toiture-terrasse accessible. Cette "grande salle événementielle" dotée d'un espace restauration permettrait d'accueillir de grandes manifestations. À ce jour, rien n'est décidé. Ces travaux, dont les montants sont évalués entre 120 et 200 millions d'euros selon les hypothèses retenues, seront réalisés par le concessionnaire et financés "partiellement" par lui. Une subvention d'équipement pourra toutefois être versée au prestataire. Une sorte de nouveau partenariat public privé, donc (qui risque de faire débat...) dans lequel le prestataire exploitera "à ses frais et risques" le service public pour une durée de 25 à 30 ans,. Mais au-delà des montages financiers, c'est un nouvel espace urbain, plus vert et plus ouvert sur la ville, qui est souhaité. Une "grande allée plantée publique" doit permettre aux piétons et aux vélos de traverser le parc, du rond-point du Prado jusqu'à l'esplanade du Vélodrome, afin de relier à pied, au-delà du palais des sports, le futur parking relais et le métro Dromel. Côté Prado, l'entrée devrait être reconfigurée, "avec, par exemple, un miroir d'eau et une fontaine sèche". Plus globalement, Chanot doit redevenir un... "parc", avec l'aménagement d'une vaste esplanade paysagère en son centre, davantage d'arbres et de verdure, la création d'espaces de détente et de convivialité. Coût estimé de ces aménagements urbains : entre 25 et 29 millions d'euros (à la charge de la collectivité). Le lancement de la délégation de service public sera soumis au prochain conseil municipal, pour un choix du prestataire en juillet 2019 et l'ouverture du chantier en 2022.