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MARTINE VASSALPRÉSIDENTE (DVD) DE LA MÉTROPOLE; "Il faut un tramway sur la Corniche"
L'idée lui est venue, explique Martine Vassal "lorsqu'on a fait la piste cyclable sur la Corniche", inaugurée en mars dernier. À quelques jours de la réunion du Groupement d'intérêt public (GIP, lire ci-contre), la présidente DVD de la Métropole dévoile à La Provence son projet de tramway depuis la place du 4-septembre (7e) jusqu'au David (8e). Un tracé réalisable, dit-elle, "dans la foulée" du fameux "tramway des Catalans" depuis la rue de Rome, auquel s'oppose le maire de Marseille et dont la livraison est annoncée pour 2028. L'élue DVD annonce qu'elle va présenter le projet à la Première ministre Élisabeth Borne, le 5 octobre prochain en vue notamment d'obtenir le soutien financier de l'État.
Vous présentez un projet de tramway sur la Corniche. En êtes-vous au seul stade de l'idée, ou avez-vous déjà étudié la faisabilité et le coût ?
Les services ont travaillé sur la faisabilité, et c'est faisable. Le coût reste à évaluer : mais quand je vois ce qui est donné à Paris et en région parisienne, je pense qu'on peut faire quelque chose ! Ça fait un moment que j'y pense, j'ai eu cette idée lorsqu'on a fait la piste cyclable sur la Corniche. J'ai alors commencé alors à faire travailler les services en interne sur la faisabilité. Là, l'avantage c'est qu'il n'y a pas d'acquisition foncière à faire. La seule difficulté ce sont les deux ponts qu'il y a, au Vallon des Auffes et sur la Fausse-Monnaie. À part ces deux difficultés techniques, le reste est simple. En gros, il suffit de poser les rails. Après il faut voir le financement. L'aide de l'État est logique dans tous les transports en France. Pourquoi ne le serait-elle pas à Marseille ?
Pourquoi ne pas avoir présenté ce projet parmi les priorités étudiées par le Groupement d'intérêt public qui se réunit ce jeudi ?
Parce que ce projet ne peut pas sortir de terre tout de suite, il faut d'abord réaliser le tramway vers les Catalans. Mon rôle, en tant que présidente de la Métropole est d'avoir une vision globale et de penser le coup d'après comme pour le moyen de transport moderne qui devra se rendre à l'hôpital Nord. Tout cela devra être intégré au PDU métropolitain, via des amendements.
Le maire de Marseille a déjà dit qu'il s'opposerait par tous les moyens au tramway des Catalans. Ce tramway sur la Corniche, est-ce un moyen de le convaincre ? En avez-vous d'ailleurs parlé avec lui ?
Je vois le maire de Marseille ce lundi (aujourd'hui, Ndlr). Moi, je n'impose rien. Alors que la Ville est labellisée "neutre en carbone" en 2030, on parlerait là de la seule ligne de tramway, de Castellane jusqu'au David, intégralement dans la Zone à faible émission. On ne peut pas candidater aux 100 villes décarbonées, avoir une ZFE et une ambition pour ce territoire si on ne finit pas l'étoilement des transports. Aussi, mon rôle en tant que présidente de l'institution organisatrice des transports, c'est de proposer des solutions et d'en discuter avec les différents maires. Or, je viens de recevoir un courrier des maires des 1er-7e, des 2e-3e, des 6e-8e arrondissements et d'Audrey Gatian (adjointe au maire à la mobilité, Ndlr), pour me dire qu'il fallait trouver une solution aux bus bondés qui prennent le chemin des plages. Ils ont raison. Et voilà la solution !
Pourquoi ne pas simplement augmenter la fréquence des bus sur la Corniche pour renforcer l'offre de transports en commun vers les plages ?
C'est justement ce que nous avons fait cet été ! Nous avons investi 6 millions d'euros cette année pour tester une offre renforcée en augmentant la fréquence du bus 83 et en créant une ligne spécifique vers les plages depuis le rond-point du Prado, avec une fréquence de passages de 4 minutes. Mécaniquement, il est impossible de faire plus, que ce soit par rapport au nombre de véhicules, au nombre de conducteurs, et à l'insertion des bus dans le flux de circulation. Et malgré cet effort, nous avons observé des pics de congestion et de saturation aux heures de pointe, alors que sur d'autres créneaux horaires, des bus étaient bien moins remplis. Il n'est pas question de faire rouler des bus à vide, et le test de cet été a démontré qu'il fallait réfléchir à une nouvelle offre spécifique pour la desserte des plages en transports en commun.
Faire un tramway sur la Corniche, n'est-ce pas encore favoriser les quartiers riches ?
Arrêtons avec ces visions caricaturales ! L'enjeu est de desservir les plages en passant par l'hyper-centre de Marseille. Les anciens se souviennent que, quand nous étions enfants, le tramway passait déjà par la Corniche : c'est un transport populaire, pour desservir des quartiers populaires ! Tous les Marseillais ont le droit de se rendre à la plage, et c'est notre rôle de réfléchir à la meilleure façon de le faire. La piste cyclable que nous avons créée, et que le monde entier nous envie avec ce panorama à couper le souffle, est empruntée par tout le monde pour se rendre aux plages ou à l'escale Borély. Ce sont des lieux de vie que nous devons rendre encore plus accessibles, et le tramway facilitera les déplacements de tous, tout au long de l'année. On a la chance de bénéficier de 300 jours d'ensoleillement par an à Marseille, nous devons faciliter l'accès à nos plages pour que tout le monde puisse en profiter. La Ville de Marseille ne s'y est d'ailleurs pas trompé en organisant régulièrement sa manifestation La Voie est libre sur la Corniche : je pense que les élus de la majorité municipale partageront avec moi la nécessité de renforcer l'offre de transports en commun sur cet axe important, situé, qui plus est, au coeur de la ZFE.
La Provence