Information
Six ans seulement après son inauguration, le musée de Notre-Dame de la Garde, à Marseille, va cesser son activité. En raison d’une fréquentation nettement insuffisante.
Qu’est-ce que le musée de Notre-Dame de la Garde ?
Chère au cœur des Marseillais et symbole de la ville, la Bonne Mère – comme tous ici l’appellent affectueusement – est le site le plus fréquenté à Marseille, avec deux millions de visiteurs annuels.
Peu de ceux qui grimpent les marches menant à la superbe basilique savent, pourtant, que le calcaire blanc de sa colline abrite un musée depuis 2013. Ouvert durant l’année où Marseille bénéficiait du label de Capitale européenne de la culture, « ce lieu aide les pèlerins et touristes à entrer plus profondément dans l’histoire de Notre-Dame de la Garde », souligne le Père Olivier Spinosa, recteur de la basilique depuis l’année dernière.
Avec sa muséographie moderne, en plans inclinés symbolisant l’ascension vers le sanctuaire, il revient sur les 800 ans d’histoire du site : de son passé militaire originel à l’édification de la basilique au XIXe siècle, en passant par la Libération de Marseille. « C’est un lieu de mise en valeur d’un riche patrimoine », résume Frédéric Proal. Depuis 2017, il préside de l’association du Domaine de Notre-Dame de la Garde qui gère le musée et les deux boutiques du sanctuaire. Au fil de neuf séquences et d’une salle « découverte », le musée dévoile une importante collection d’objets cultuels, d’art liturgique. Et révèle de nombreux d’ex-voto – tableaux, sculptures, maquettes… – témoignages d’une reconnaissance vivace et populaire, révélatrice du lien étroit qui unit Notre-Dame de la Garde aux habitants de Marseille.
Quelles sont les raisons de cette fermeture ?
Malgré cette dévotion le musée n’a pas su trouver son public. L’écart entre les perspectives visées par l’association gestionnaire à l’ouverture en 2013 et ses visites actuelles est abyssal : au lieu des 75 000 à 100 000 personnes espérées, le musée attire seulement 8 000 visiteurs annuels. « Et perd de l’argent », regrette le recteur. C’est la raison pour laquelle, comme l’a révélé le journal en ligne marseillais Marsactu, l’association du Domaine envisage de fermer l’espace muséal. « Sans doute dans le courant du mois de mai et pour des raisons purement économiques », confirme Frédéric Proal, « déçu de n’avoir pu contribuer à la réussite du musée. » Il avance plusieurs causes pour expliquer cette faible fréquentation : « L’entrée n’est qu’à 5 €, mais les gens n’ont plus envie de payer. Et puis, sans doute, le contexte a changé, le soufflé culturel de l’année 2013 est un peu retombé. » De plus, poursuit le recteur, « les croisiéristes qui sont très nombreux parmi nos visiteurs ne passent que 40 à 45 minutes sur place. Ils vont alors à l’essentiel, soit la basilique et la crypte. »
Quel devenir pour le lieu ?
La « préoccupation première » du gestionnaire du musée est, d’abord, de proposer un reclassement aux cinq salariés du musée. Quant à l’exploitation future de l’espace, si une ouverture gratuite est exclue parce que trop onéreuse, « des solutions sont encore possibles », veut croire Frédéric Proal. « Mais nous devons d’abord faire les comptes et remettre les choses à plat », conclut le président du Domaine.