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Municipales : vers quel onze de départ ? À l'heure où l'OM flambe, les politiques s'échauffent. À dix-huit mois de l'échéance, certains sortent du vestiaire, préfigurant un match engagé et passionnant
Il a donné le coup d'envoi des municipales 2020 dès janvier 2018. Fan de foot et de Lionel Messi, Stéphane Ravier dribblerait bien tout le monde, droite, gauche et marcheurs réunis. L'ailier droit de notre onze politique pas si imaginaire, à désormais dix-huit mois de l'échéance, est déjà à l'échauffement. Élu maire de secteur dans les quartiers Nord en 2014, le sénateur du Rassemblement national prend de l'avance car il sait que les coups vont tomber. Loi PLM oblige, à Marseille comme à Lyon et Paris, il faudra au futur maire avoir emporté au moins quatre des huit secteurs de la ville pour s'imposer. Ou faire des alliances dans l'entre-deux tours. Ce que Les Républicains ont compris.
Alors que Jean-Claude Gaudin se met progressivement en retrait, laissant sa présidence à la Métropole à Martine Vassal - en attendant une élection jeudi - et jurant qu'il ne se "représentera plus à rien", les joueurs se mettent en place. La semaine dernière, le sénateur LR Bruno Gilles est sorti du vestiaire. Il l'avait déjà fait il y a un an, provoquant l'agacement des siens. Mais cette fois, même si les soutiens restent mesurés chez les ténors, ils existent. "Cette candidature permettra, je l'espère, de clarifier le positionnement de chacun en vue de l'échéance de 2020", indique son ami Renaud Muselier. Tout comme Martine Vassal au Département, le président de la Région se réserve la possibilité d'entrer dans le match. Même si les pouvoirs sont désormais ailleurs qu'à l'hôtel de ville, la symbolique est encore forte pour les électeurs comme pour les politiques. "Succéder à des monuments comme Defferre et Gaudin, ça a quelque chose comme le couronnement d'une vie politique", glisse un des nombreux prétendants.
Si, pour l'heure, seuls Stéphane Ravier et Bruno Gilles sont officiellement candidats, la pelouse se garnit. Dans une défense de la mairie dominée par la droite, la députée Valérie Boyer pourrait jouer un rôle majeur. Sur le flanc gauche, le patron du groupe municipal socialiste Benoît Payan est prêt à enfiler un maillot et jouer les pistons le long de la ligne. Quitte à appuyer son jeu sur celui des insoumis ou à se recentrer vers les marcheurs. À vrai dire, la gauche comme les troupes d'Emmanuel Macron ne sont pas plus avancées les unes que les autres.
Chez les insoumis, Jean-Luc Mélenchon s'est installé dans la posture de l'attaquant, montant dès qu'il peut quitter l'Assemblée sur les gazons synthétiques marseillais. Mais il est un peu seul, son banc manquant de profondeur. Il pourrait compter sur les socialistes et les écologistes, mais ces derniers craignent la blessure. L'écolo proche des marcheurs, Christophe Madrolle, lorgne les chasubles et mesure ses réseaux, bien implantés au centre-ville. La sénatrice socialiste Samia Ghali, elle, joue un peu les électrons libres sur un terrain encore en friche. Si ses convictions restent à gauche, elle n'hésite pas à parler "pragmatisme" en compagnie de Renaud Muselier et se méfie des marcheurs.
Il faut dire que la présence dans son secteur d'influence du député LREM Saïd Ahamada l'agace. Les deux se connaissent et se jaugent au milieu du terrain. Bien ancré à Marseille, Saïd Ahamada est peut-être une solution pour des marcheurs qui en manquent cruellement. La venue de Christophe Castaner en attaquant de pointe fait rêver les militants, mais le pari est risqué. Pour qu'il entre en jeu, le ministre aura d'abord clairement délimité le terrain. Les futurs textes législatifs sur la Métropole et les modes de scrutin, ainsi que leurs conséquences sur le cumul des mandats, seront nécessaires. En attendant, chacun se cherche un plan de jeu. Et des idées pour se démarquer. Puis marquer à la fin.
La Provence