Parmi les "affaires" qui ont secoué le monde de l’ovalie en France cet été, j'ai été particulièrement marqué par le drame qui a frappé la famille Narjissi, qui a perdu son fils Medhi, grand espoir du rugby français, emporté par des puissantes vagues en Afrique du Sud alors qu’il était en stage dans ce pays avec les U19 du XV de France.
Medhi avait l’âge de mon fils, j’ai fait un transfert sur son père Jalil, j’ai l’impression de ressentir sa douleur immense, je ne sais pas comment je pourrais encore vivre si j’avais vécu un tel drame. Lui-même ne le sait pas très bien non plus d’ailleurs, il n’a pas voulu assister au match de XV de France car pour lui « Le rugby c’est fini, il m’avait tout donné, il m’a tout repris. Depuis la fin de ma carrière, je vivais le rugby au travers de Medhi, je n’ai plus le goût de suivre ce sport désormais. »
Medhi Narjissi était un jeune du Stade Toulousain, son père a été pilier à Agen.
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LE STADE DE FRANCE A RENDU UN POIGNANT HOMMAGE À MEDHI NARJISSI, JEUNE JOUEUR DU STADE TOULOUSAIN DISPARU EN MER L’ÉTÉ DERNIER AVEC L’ÉQUIPE DE FRANCE DES MOINS DE 18 ANS EN AFRIQUE DU SUD. RÉCIT D’UN MOMENT PARTICULIÈREMENT ÉMOUVANT.
Ce devait être une minute d’applaudissements comme tant d’autres. L’hommage à Medhi Narjissi, jeune joueur du Stade toulousain disparu en mer l’été dernier avec l’équipe de France des moins de 18 ans en Afrique du Sud, s’est finalement étiré dans le temps, jusqu’à rendre cet instant suspendu. Au total, la minute d’applaudissement aura duré 105 secondes… Comme si les spectateurs du Stade de France et tous les acteurs présents (joueurs, staff, dirigeants…) avaient été emportés par l’émotion de Valérie et Jalil, les parents de Medhi, présents au bord de la pelouse en compagnie du président de la FFR Florian Grill, de Didier Lacroix et Jean-François Fonteneau, respectivement présidents du Stade toulousain et du SU Agen. « La dernière fois que nous sommes venus au Stade de France, c’était pour voir Medhi jouer. C’était pour fêter son titre de champion de France junior. » a commenté l’ancien talonneur professionnel à nos confrères de France 3 Aquitaine. Son épouse Valérie et lui revenaient en effet pour la première fois dans l’enceinte dyonisienne. De quoi raviver la douleur et le poids de l’absence.
« TU N’ES PLUS OÙ TU ÉTAIS, MAIS TU ES PARTOUT OÙ ON EST. ON T’AIME MEDHI. »
La Fédération française de rugby avait mis à disposition du couple un véhicule avec chauffeur pour arriver directement dans les entrailles du Stade de France. Là, ils ont passé un petit moment, cloîtrés, à l’abri des regards. « Ils ne voulaient surtout pas être reçus dans le salon officiel », confie un élu fédéral. Logique, forcément logique. Quand l’heure de l’hommage s’est approchée, Valérie et Jalil Narjissi se sont avancés pour faire face aux 46 joueurs de la rencontre alignés face à eux. Plusieurs joueurs, notamment les Toulousains François Cros, Julien Marchand, Pierre-Louis Barassi, Alexandre Roumat ou encore Thomas Ramos, avaient le regard dans le vide ou les yeux rougis. Le sélectionneur du XV de France Fabien Galthié est lui apparu particulièrement ému en tribunes, grimaçant et contenant assez mal quelques larmes en même temps qu’il frappait ses mains l’une contre l’autre. Le portrait de Medhi Narjissi, joli sourire au coin des lèvres, affiché sur les écrans géants du Stade de France a illuminé l’enceinte quasiment plongée dans l’obscurité. Un moment forcément douloureux. Pour accompagner la photo de Medhi, ses parents avaient rédigé un court mais émouvant message : « Tu n’es plus où tu étais, mais tu es partout où on est. On t’aime Medhi. » Le président de la FFR Florian Grill a ensuite remis aux parents du jeune joueur tragiquement disparu au large de Cape Town au cours d’une tournée avec l’équipe de France des moins de 18 ans, un maillot encadré du XV de France, floqué au nom de Medhi Narjissi. Et puis, le cours des choses a repris. Valérie et Jalil n’avaient pas prévu de rester pour assister aux hymnes des deux équipes. Ils se sont finalement positionnés face aux joueurs de l’équipe de France. Les yeux dans les yeux. En revanche, ils n’ont pas souhaité rester pour assister à ce premier match du Tournoi des 6 Nations. L’hommage à leur fils terminé, ils ont regagné la voiture et le chauffeur mis à leur disposition pour rejoindre une partie de leur famille résidant à Saint-Denis, non loin du Stade de France.
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