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Antoine Dupont sans frein ni pression pour sa reprise face aux Springboks
De retour après sa fracture à la pommette droite, le demi de mêlée et capitaine des Bleus dit aborder le quart de finale de Coupe du monde face à l'Afrique du Sud sans appréhension. Il portera juste un casque, précaution fortement conseillée par son chirurgien.
Sa parole était attendue. Voilà plus de trois semaines, depuis ce coup de tête involontaire du Namibien Johan Deysel qui lui fractura la pommette droite à Marseille, qu'Antoine Dupont ne s'était pas exprimé face aux médias. Alors, il y avait du monde, vendredi midi, à l'auditorium du stade de Roland-Garros. Le demi de mêlée et capitaine de l'équipe de France (26 ans) est arrivé peu après l'heure prévue, maillot bleu sur le dos, en compagnie de Fabien Galthié, sélectionneur venu annoncer l'équipe qui affrontera l'Afrique du Sud, dimanche soir, au Stade de France, en quarts de finale de la Coupe du monde.
Le joueur avait encore un mince trait noir sous l'oeil droit, mais rien de comparable avec le coquard qu'il arborait juste après son opération, avec pose de plaques en titane, de l'os zygomatique par le professeur Frédéric Lauwers, le 22 septembre dernier, à l'hôpital Purpan de Toulouse. Dupont a commencé par dire qu'il se sentait bien, « à la fois mentalement et physiquement », confirmant l'impression laissée lors de ses entraînements de la semaine sur la pelouse du stade du Parc de Rueil-Malmaison (Hauts-de-Seine).
La veille, notamment, il avait réussi à passer une pénalité complètement en coin, presque sur la ligne d'en-but. Le genre d'exploit qu'un joueur lambda réussit une fois sur vingt, mais que le meilleur joueur du monde en 2021 peut espérer réaliser à sa première tentative, bluffant tous ses partenaires.
Le Toulousain a pourtant craint de devoir abandonner son équipe avant même que ne commencent les choses sérieuses. « Quand j'ai pris ce coup, j'ai tout de suite senti que quelque chose n'allait pas, raconte-t-il. J'ai donc pensé aussitôt que la Coupe du monde était peut-être terminée pour moi. J'ai dû attendre les premiers examens, le rendez-vous avec le chirurgien et l'opération pour retrouver de l'espoir. Ensuite, j'ai eu trois semaines pour me régénérer, retrouver des sensations et valider toutes les étapes avant mon retour. »
Une convalescence idéale, donc, qui pose quand même quelques questions. Le joueur pourra-t-il défendre et s'engager dans le combat sans arrière-pensées, comme il le fait d'habitude ? Alors que sa zone, qui est aussi un peu celle de l'ouvreur Matthieu Jalibert, pas réputé pour être le meilleur défenseur du monde, sera probablement ciblée par les robustes Springboks ?
« Les entraînements de la semaine, avec la reprise du rugby avec contacts, m'ont permis de retrouver de la confiance et de lever l'appréhension, dit-il. Je n'ai ressenti aucune douleur, ce qui m'a rassuré aussi. Après, si je joue, c'est que j'ai eu l'aval du chirurgien, qu'on a respecté les délais et que mon ressenti est bon. Je ne voulais surtout pas jouer avec un frein, et ça ne sera pas le cas. »
Dupont portera bien un casque
Un frein, non. Mais un casque, oui. Même s'il ne l'avait pas vendredi après-midi au Stade de France, lors d'une séance d'entraînement où il s'est surtout évertué à soigner son jeu au pied, Dupont portera bien un casque noir, dimanche soir, face aux Boks. « C'est le chirurgien qui m'a proposé ça, confie-t-il. Il me l'a plus que proposé, d'ailleurs (rires). Mais ça va, je n'ai pas de problème avec ça, ce casque ne me gêne pas pour la vision. »
Les Bleus sont évidemment ravis de retrouver leur capitaine, même si l'intérim assuré par Maxime Lucu puis Baptiste Couilloud face à l'Italie (60-7), vendredi dernier, a donné satisfaction. « Antoine inspire de la crainte aux adversaires, observe Jalibert. Les mecs essaient de trouver des solutions pour le contrer, ce qui nous permet d'avoir plus d'espaces autour de lui. C'est toujours un atout de l'avoir avec nous. Même s'il porte un casque, il est à 100 % de ses capacités. »« Antoine est notre capitaine, ajoute l'arrière Thomas Ramos. Il a une influence sur le groupe, mais aussi sur l'environnement extérieur, notamment les arbitres. Il a un très long jeu au pied, c'est l'un de ses points forts. Et il est capable de trouver une brèche à n'importe quel moment. »
Reste que le prodige français, aussi robuste soit-il, se relève à peine d'une blessure à la face. Et que cette fragilité peut peut-être avoir une influence sur son jeu et celui de son équipe. Ses coéquipiers ne chercheront-ils pas à le protéger davantage que d'habitude ? « Il n'y a pas de stratégie particulière pour ça, assure le troisième-ligne aile Charles Ollivon. En troisième ligne, on sera juste missionnés pour bien protéger toutes les zones autour de la charnière. C'est collectivement qu'on s'en sortira, en s'entraidant les uns les autres. Dans les matches comme ça, tu as besoin de sentir le copain juste à côté pour te surpasser et aller sur la ligne de front. » Et quand le copain s'appelle Antoine Dupont, c'est encore plus rassurant. Qu'il soit casqué ou pas.