par JPP REVIENS » 13 Mar 2023, 15:51
Hello OMLIVE de Massalia Live,
Un petit bonjour de retour de Londres. J'ai encore quelques grammes dans le sang et des souvenirs plein la tête.
Un stade qui a chanté Swing Low, sweet Chariot à la 2ème minute, puis... plus rien, ou presque. 10 à 15 000 supporters français qui ont chanté tout le match. La marseillaise (brillante), des "Allez les Bleus" incessants, quelques chants moins amusants (à mon goût) comme "on est chez nous" (en boucle, y compris sur le retour du stade).
Les supporters anglais ont très rapidement compris que le match serait plié et se sont donc concentrés sur leur unique victoire accessible du jour : celle du fair play. J'étais entouré de commentaires élogieux sur Dupont "World class player", notre 3ème ligne, le fait que la finale de la Coupe du Monde serait "France Irlande".
On a tous beaucoup bu, ensemble, avec bon esprit. Nos pauvres britanniques étaient admiratifs (au moins en façade) du XV de France, mais surtout consternés devant le niveau abyssal de ce XV anglais sans révolte et sans âme.
La vérité tient en ces 2 éléments. Le rugby est un sport de combat et de contact. Notre pack (aidé par Dupont, Fickou et le retour de l'indispensable Danty) les a broyés. Il fallait voir la violence des impacts, le sentiment d'inéluctabilité de notre progression sur chaque collision, pour comprendre que tout allait tourner en notre faveur.
En dehors des essais, j'ai en souvenir cette percée en début de 1ère mi-temps d'Aldritt, qui traverse le 1er rideau et fonce percuter l'arrière anglais sous une clameur d'un public choqué par la violence de l'impact.
Je revois les paluches de Danty, Marchand, Cros, traîner dans chaque ruck, retardant toutes les sorties de balles adverses et empilant les pénalités en notre faveur.
Je repense à la vitesse de nos propres sorties de balle, au rythme effréné mis par Dupont autour et auprès des rucks. Ce jeu à une passe, reposant sur l'agressivité et la domination de nos avants pour gagner la bataille du milieu. Leur ouvrir le capot avant d'ouvrir le jeu vers des extérieurs délaissés par la défense, trop occupée à colmater les brèches au près.
Un match inoubliable par le contexte, le lieu et la maîtrise française. En face il n'y avait rien, ou pas grand chose, mais ce n'est pas pour autant que le XV de France n'a pas imposé sa loi. Il ne faut surtout pas galvauder cette démonstration. Nous avons été tellement habitué à passer à côté des matchs "faciles" et à transformer des triomphes éventuels en purges oubliables, que je savoure chaque instant de ce moment au stade.
Mon dernier souvenir tient au tour d'honneur d'Owen Farrell. Seul, la tête basse, mais applaudissant dignement tout le stade, y compris les fans français. Je l'ai trouvé respectable et pathétique (au sens premier du terme). Abattu mais digne dans la défaite. Abassourdi.
C'était beau. C'était retentissant.
La vie c'est long, surtout vers la fin.