Information
BOUDJELLAL
PISTE COLLAZO
Mécontent de la fin de saison ratée de son club, le président du RCT songe sérieusement à se séparer de Fabien Galthié et à le remplacer par l’ex-entraîneur de La Rochelle. CLÉMENT DOSSIN (avec R. B. et D. I.)
Le calme aura été de courte durée. On se demandait, ce week-end, si la zénitude affichée vendredi soir en conférence de presse par Mourad Boudjellal, après l’élimination toulonnaise en barrages face au LOU (19-19, a.p., 1 essai à 2) passerait le lundi de Pentecôte. La réponse semble être non. Mille fois non.
Le président a eu beau s’englober dans les responsables de la saison ratée du RCT – qui manquera ce week-end les demi-finales du Top 14 pour la première fois depuis 2011 – et dire que tout le monde au club s’était trompé, il a tout de même identifié quelqu’un qui se serait plus trompé que les autres, le manager général toulonnais Fabien Galthié. Dès vendredi soir, Boudjellal avait prononcé cette phrase visant clairement le responsable du secteur sportif, arrivé l’été dernier sur la Rade : « Peut-être qu’on s’est trompés en voulant totalement changer le jeu toulonnais. Peut-être que ce n’était pas ça, que ce club a un ADN qu’on ne peut pas contrarier. » Sous-entendu ? Toulon meilleure ligne d’attaque du Championnat, c’est bien, mais Toulon qui « destronche » tout le monde devant, c’est mieux. Et si Toulon peut gagner quelques titres en passant, c’est pas mal non plus.
Un besoin de meneur d’hommes
Hier, lors d’une réunion de débriefing de la saison, il en a remis une couche. Selon nos informations, le président du RCT n’y est pas allé par quatre chemins pour faire passer son message au staff, et à Galthié le premier : « Je ne vous fais plus confiance », a-t-il dit.
Par cette rupture verbalisée, qu’espère le boss varois ? Pousser l’ancien demi de mêlée des Bleus à s’en aller de lui-même et trouver une solution à l’amiable ? Se séparer de Galthié, à qui il reste un an de contrat, pourrait lui coûter aux alentours de 600 000 €. Boudjellal est-il prêt à ce sacrifice financier ? Pourrait-il envisager de se séparer d’un ou deux joueurs à fort potentiel, sous contrat, pour compenser ? Et quid des autres membres du staff (Landreau, Edmonds) (*) ? Vu leurs relations, leur destin serait sans doute lié à celui de Galthié.
Après la saison 2016-2017 aux trois entraîneurs principaux successifs – Dominguez, Ford, Cockerill –, on sait Boudjellal capable de toutes les folies. Surtout en cette période de vaches maigres pour son club. Le RCT va terminer bredouille sa troisième saison d’affilée. Forcément, le président regrette la grande époque, celle des quatre titres glanés entre 2013 et 2015 (trois Coupes d’Europe et un Brennus) par les hommes de Bernard Laporte.
On ne cite guère le nom de l’actuel président de la FFR par hasard. Boudjellal en est convaincu : son RCT a d’abord besoin d’un meneur d’hommes doublé d’un technicien aux convictions collant à l’ADN du rugby varois. Il oublie sans doute un peu vite que Laporte disposait d’un paquet d’avants d’un tout autre calibre (Hayman, Botha, Williams, Rossouw, J. Smith…) que celui d’aujourd’hui et d’un ouvreur de la trempe de Jonny Wilkinson mais passons.
Collazo, un enfant du Var
La perle rare serait donc un fort en gueule, capable de tenir ses joueurs et de leur faire se vider les tripes sur le terrain : ça tombe bien, voilà à peu de choses près le portrait-robot d’un certain Patrice Collazo, débarqué par La Rochelle il y a à peine deux semaines. Et Collazo, cerise sur le gâteau, est varois. Il a grandi à Six-Fours et fait ses classes au RCT, disputant même un quart de finale avec les Rouge et Noir en 1996 avant de migrer à Bègles. Ses attaches y sont fortes. Il y conserve beaucoup d’amis, de la famille. « Rendre Toulon aux Toulonnais », n’est-ce pas le nouveau credo de Boudjellal ?
Restent quelques inconnues, de taille. L’ancien manager rochelais a-t-il envie de replonger aussi vite dans le monde du rugby ? A-t-il digéré son éviction ? Son caractère bien trempé est-il compatible avec celui, non moins volcanique, de Boudjellal ? La volonté du premier de tout gérer, du recrutement à la communication, peut-elle s’accommoder de l’interventionnisme à tout-va du second ? De cela, et d’autres choses, les deux hommes pourraient discuter rapidement. C’est en tout cas le souhait de Mourad Boudjellal, qui veut rencontrer Patrice Collazo très vite.
Si le mariage ne devait pas se faire, le président du RCT envisagerait une autre possibilité. Promouvoir en interne Juan Fernandez Lobbe. Le troisième-ligne argentin, qui met un terme à sa carrière, devait s’occuper de la touche la saison prochaine. Ses prérogatives seraient alors élargies à un poste de directeur du rugby. Bref, les prochaines semaines s’annoncent mouvementées sur la Rade. Et la garden party de fin de saison, prévue aujourd’hui, pourrait bruisser de mille messes basses.
(*) Marc Dal Maso, en charge de la mêlée, sera toujours au club mais, atteint de la maladie de Parkinson, il doit se faire opérer du cerveau en juin et observera une période de repos de cinq à dix mois.