Modérateur: Modérateurs
Jester a écrit:Oui on retient ce que l'on veut selon son bord politique je présume. Chirac, Mitterrand et les autres ont fait pareil. De l'époque des rois, c'était le roi qui choisissait les amuseurs...
Coupons leur tous la tête à ce moment là.
Jester a écrit:iamaseb, donc si tu es intransigeant, tu as du être ulcéré par les années Mitterrand. On est bien d'accord ?
Ce « non ! », c'est le reflet d’une Europe vécue de plus en plus par les peuples concernés, spécialement ceux de la zone euro, comme un instrument de soumission à des critères économiques faisant prévaloir avant tout des intérêts financiers. Autrement dit, une Europe politiquement très éloignée de l‘idée de liberté qui a fondé et accompagné la construction européenne.
Le « non ! » grec révèle la peur des peuples qu’on leur ôte leur souveraineté pour leur imposer un ordre financier mortifère.
Renvoyer au peuple grec, aux citoyens, la responsabilité de décider à ce moment à travers un référendum, était sans doute la seule façon de répondre à la crise que subit la Grèce depuis déjà plusieurs années, sans contrepartie du moindre espoir d’amélioration, des classes moyennes jusqu’au plus pauvres. C’était aussi la meilleure des façons de répondre à la crise de légitimité de l’Europe, et même, d’une certain de point de vue, de lui donner une nouvelle chance. Mais il allait presque de soi que l’on contourne une fois de plus les décisions du peuple, à coup de propagande anti-sortie de l’euro présentée comme l’apocalypse, qui malgré la pression a su dire « non ! ».
La Grèce, on en connait généralement trop mal l’histoire, est un exemple d’esprit de résistance, en filiation avec un passé aux nombreuses convulsions. Tout petit peuple qu’il est par le nombre, le peuple grec a toujours été frappé du sceau d’un certain héroïsme, sous le signe d’une dignité nourrie de dominations subies puis vaincues : de la révolte face à la domination de l'Empire Ottoman dont va émerger l’indépendance, en passant par la résistance à l’occupant allemand et à un régime de collaboration pendant la seconde guerre mondiale, jusqu’au renversement de la dictature des colonels qui s’était imposée avec terreur de 1967 à 1974… Il y a quelque chose de réfractaire qui s’exprime dans le résultat de ce référendum qui ne tient pas du hasard et que l’on pourrait voir comme une continuité historique avec l’histoire démocratique de ce peuple, comme un effet de l’expérience de celui-ci qui a su, dans l’adversité, trouver plusieurs fois les ressources de dire « non ! ». C’est aussi, et ce n’est pas un hasard, par là que se révèle une nouvelle fois après le contournement du « non ! » de mai 2005 en France, la forfaiture de cette Europe au regard de la démocratie dont elle se réclame.
Une fois encore, cette loi qui veut que, les pays de moindre puissance se trouvent pris en otage du jeu de puissances plus importantes, l’a emporté, comme une forme de colonialisme d’un Etat impérial promouvant un ordre injuste, auquel ressemble de plus en plus l’Union européenne. Au grand dam du « rêve européen » d’un espace de mieux vivre sans frontières intérieures, il sert à ôter leur souveraineté aux peuples pour leur imposer moins d’Etat, mois de services publics, de retraite, de protections collectives, moins de code du travail, de pouvoir d’achat, de possibilité de s’ouvrir aux autres, et plus de marché, de concurrence entre les peuples, c’est-à-dire, plus de libéralisme.
Faut-il encore ici rappeler la formule d‘Eugène Varlin pour faire réfléchir ? « Tant qu’un homme pourra mourir de faim à la porte d'un palais où tout regorge, il n’y aura rien de stable dans les institutions humaines ». Contrairement à ce que certains peuvent penser, l’image reflète bien les rapports de classes qui se développent sur toile de fond d’une Union européenne, qui fait courir aux sociétés qui y appartiennent, le risque d’une rupture de leur cohésion sociale.
Il aurait été bienvenu que les dirigeants européens se saisissent de cette opportunité du « non » grec pour redonner du crédit à l’Europe en rebondissant sur cette expression démocratique qui, prise en compte, ne pouvait que rehausser le projet européen, par l’effacement de la dette.
La conscience politique du projet européen ébranlée !
La Grèce a été associée tôt, dès 1981, au destin de l’Union européenne. Elle a ouvert la voie à la fameuse Europe des douze qui a été le socle d’une nouvelle Europe, passant d’un cercle restreint à une grande puissance représentative du continent européen, jusqu’à en faire un véritable projet civilisationnel.
Mais surtout, derrière l’idée trop souvent galvaudée d’une Europe aux racines judéo-chrétienne, qui n’est qu’un aspect de l’identité européenne, n’oublions pas la place originale qu’occupe la Grèce dans l’Europe, qui incarne le lien entre le passé et le présent relativement au corpus de valeurs dont cette dernière se réclame. C’est le pays aux origines de la démocratie et de la liberté, lieu d’avènement de la raison dans l’histoire. Le pays qui a vu naitre avec l’égalité politique, corrélativement, la justice collective, le droit public, la philosophie et l’art dans leur acception moderne, l’esprit scientifique, la tragédie et la comédie…
L’Union européenne n’échappe pas à sa volonté de s’identifier aux principes de l’Etat de droit, qui s’il fait la loi et l’exécute, est censé être lui-même soumis à la loi, dont le garant est le peuple souverain, car tout Etat de droit tire sa légitimité de la volonté générale. Les Grecs ont inventé le politique, « le gouvernement des hommes par les hommes » prenant en main leur destin commun, et l’interchangeabilité des droits, avec le pouvoir du peuple pour le peuple et par le peuple. Il faut s’en souvenir, car c’est un rappel essentiel aux principes.
Il y a une morale que l’on peut commencer à tirer de cet épisode de l’histoire de l’Union européenne qui se joue là. On dit qu’il faut plus d’Europe politique pour la faire aller de l’avant, mais il faut bien s’entendre sur la signification de cette volonté, qu’il faut sans doute penser à la lumière de ce lien que fait la Grèce entre le passé et le présent, par référence au modèle démocratique.
Dans le jeu de la mondialisation, l’Europe revendique d’être une grande puissance capable d’agir et de permettre à tous les pays qui s’y sont engagés, jusqu’aux plus modestes, d’être en situation de jouer leur carte, leurs atouts, en étant appuyés par cette force, cette unité. On ne peut que déplorer de constater que ce n’est pas le cas. C’est un « non ! » à une Europe qui, progressivement, a quitté sa profession de foi dont l’ambition était de procurer à tous les Etats membres un espace de développement économique autour d’un corpus de valeurs inspiré des Droits de l’homme. L’Union européenne à travers le cas de la Grèce est comme la révélation au grand jour d’un rendez-vous manqué de l’histoire.
Il en va d’un certain désenchantement de l’espoir d’un progrès commun qui était inscrit à l’horizon de cette union, qui pouvait justifier le transfert de part de souveraineté que les peuples ne peuvent, face à cette situation, que revendiquer. Une union qui tend à se révéler ainsi comme éloignée de l’intérêt des peuples et perçue comme un instrument de dépossession de leur destin.
L’Europe devrait être ressentie bien plus comme l’idée d’une nation élevée au-dessus des intérêts particuliers promouvant l’intérêt général, le bien commun, avec un sentiment d’appartenance qui puisse ainsi s’en dégager et donner sa signification au lien politique entre les européens, au sens d’une certaine solidarité rejoignant les bienfaits de la démocratie.
L’Europe n’est pas une démocratie, voilà ce qui éclate au grand jour !
On a vendu l’idée du libéralisme comme faisant la synthèse d’une économie de libre concurrence et d’un modèle démocratique protégeant les droits et les libertés, les Droits de l’homme. La citoyenneté européenne semble marquée le pas dans le déséquilibre qui se fait jour entre ces deux termes, entre la liberté économique et la liberté politique. En réalité, de l’adhésion de la Grèce à l’UE à aujourd’hui, on est passé d’une Europe des nations, respectueuse de celles-ci, à une Europe intégrée, à tendance fédéraliste, sans chercher à prendre la mesure du fait de mettre à l’arrière plan des priorités économiques, la place de l’expression des peuples.
Les institutions européennes se sont construites à cette image. Véritable « usine à gaz », elles contribuent à raison, dans ce contexte de crise, à renforcer le sentiment de défiance au regard de prise de décisions dont le citoyen ne distingue pas la chaine de responsabilité et où il peut peser. Il est assez remarquable de constater la difficulté à identifier comment s’opère, entre les différents organes de l’Union européenne, la séparation des pouvoirs. Le législatif et l’exécutif sont morcelés entre la commission européenne, le Parlement qui ne peut agir sans l‘aval de ce dernier, bien que l’on parle de codécision entre les deux, sous le poids du Conseil européen formé des chefs d’Etat, lui-même soumis au couple franco-allemand et dans le meilleur des cas à quelques autres grands Etats européens, sans parler de l’Eurogroupe, sorte de gouvernement déjà de la zone euro qui a eu un rôle central dans les injonctions faites à la Grèce de plus d’austérité à accepter, pour obtenir un nouveau plan d’aide. Tout cela sous une logique du droit communautaire qui s’impose par le haut aux lois internes des Etats.
La séparation des pouvoirs, législatif, exécutif et judiciaire, est pourtant ce principe en dehors duquel il n’y a pas de démocratie viable et de pouvoir politique légitime. C’est dire où nous en sommes !
C’est bien à ce déni de démocratie, non seulement vis-à-vis du peuple grec, mais des principes constitutifs de la démocratie elle-même à quoi nous avons assisté. C’est-à-dire des décisions qui ont essentiellement dépendues de quelques dirigeants européens sous domination d’un couple franco-allemand dont on sait qu’il est dominé par l’Allemagne et son orthodoxie, une commission européenne en toile de fond avec les injonctions de M. Juncker, une BCE qui donne le la et des agences de notation centrées sur les profits de quelques–uns qui appuient là où ça fait mal, avec un Parlement européen mis en scène pour parodie de démocratie. Un Parlement formé de groupes de députés élus représentant chaque pays membre, dont le fonctionnement veut que, si tous ceux qui représentent leur pays votent selon le choix de leur peuple contre une proposition, se la voient imposée par la majorité des autres, qui en bafoue le choix. Ce parlement est déjà à lui seul le symptôme d’un drame démocratique qui se joue sous nos yeux !
Il n’est pas non plus un hasard que les institutions de l’Europe se fédéralisent à l’image d’une Allemagne fédérale qui s’impose comme modèle de pensée, de façon très inquiétante : De son conservatisme néolibéral en passant par son alliance droite/gauche sous le signe d’un nationalisme économique assumé, à une société divisée sur le mode du multiculturalisme où on paye encore l’impôt aux religions et où Marx est culturellement identifié au diable.
Plus d’Europe démocratique ou le réveil de la bête immonde…
François Hollande propose un gouvernement européen de la Zone euro, proposition immédiatement reprise par Nicolas Sarkozy, dans le prolongement de la logique de dépossession des peuples de toute capacité à se faire entendre. Le candidat-président avait promis de renégocier tout ce fonctionnement avec le Traité de Lisbonne… Un déni de démocratie de plus.
Cette volonté politique de faire encore plus de l’Europe un instrument de domination économique sur les peuples européens confine à l’antagonisme au regard des prétentions démocratique de l’Europe ! Elle sera bientôt reconnue comme enfermant les peuples dans des décisions prises par quelques dirigeants politiques, complices d’une véritable dictature économique qui ne dit pas son nom et tue le politique, la démocratie avec lui. Mais attention que tout cela n’explose à la figure de ces ventres mous, avec une extrême droite qui ne peut sortir que renforcée à cet endroit, à faire jouer son populisme pour récupérer l’humiliation qu’a fait subir l’Europe au peuple grec, après que Tsipras ait cédé aux injonctions des financiers, donnant de l’extrême gauche une image ternie, voire discréditée dans son pays.
On en connait les conséquences : recul de l’âge de la retraite, milliards d’actifs bradés sur les services publics, hausse de la TVA de 13 à 23%, une règle d’or budgétaire qui met en réalité la Grèce sous la tutelle européenne. Un pays déjà sous le poids d’une dette de 180% de son PIB au bout de 6 ans de plans d’aide, en contrepartie d’une austérité qui l’appauvrit chaque jour un peu plus et l’enfonce dans la récession, et donc, l’impossibilité de relancer on économie. Un épisode qui ne sera sans doute pas sans effet politique sur les autres peuples européens.
Il y a là tous les signes des plus grands dangers, à commencer par celui d’un FN en France dont l’influence électorale s’envole, qui peut continuer son holdup sur les classes populaires, comme le mouvement s’en poursuit pour toute l’extrême droite en Europe. La nécessité devient impérieuse d’une réforme de l’Europe qui, si elle doit être plus politique, doit absolument inscrire dans ses modes de décision beaucoup plus l’expression de la volonté des peuples, à travers de nouveaux mécanismes associationnistes à réfléchir au plus vite, à travers un nouveau traité. On a cru pouvoir se passer des peuples et la Grèce vient de rappeler que ce sont eux qui auront, au bout du compte, d’une manière ou d’une autre, le dernier mot ! Mais…lequel ?
Guylain Chevrier
peezee a écrit:J'ai entendu l'autre jour que les Guignols ne seront désormais plus en clair.
Et maintenant les auteurs virés.
Je crois qu'ils ont juste fait semblant de pas arrêter ce show suite au bordaile que ça avait généré quand ils l'ont annoncé, et comme ils constateront en décembre que les chiffres d'audience sont catastrophiques bah "c'est la mort dans l'âme que nous nous voyons obligés d'arrêter cette émission, vraiment on voulait pas hein mais on est forcés là... ".
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