Le groupe présidé par Jordan Bardella au Parlement européen torpille la « normalisation » du RNLe président du Rassemblement national prend la tête du groupe « Patriotes pour l’Europe » imaginé par Viktor Orban. On y trouve l’extrême droite la plus rance, et une russophilie assumée.
POLITIQUE - Un lot de consolation. À défaut d’avoir obtenu Matignon à l’issue d’élections législatives décevantes pour le RN (en dépit d’une réelle progression à l’Assemblée nationale), Jordan Bardella a été nommé ce lundi 8 juillet à la tête du groupe « Patriotes pour l’Europe », imaginé par le Premier ministre hongrois Viktor Orban, partenaire du Rassemblement national à l’international.
Ce rapprochement, que le parti lepéniste a volontairement passé sous silence lors de la campagne des législatives pour ne pas réactiver l’embarrassant procès en russophilie, est le fruit des larges résultats obtenus par le RN le 9 juin, devenant la plus importante délégation du Parlement européen. Avec 30 eurodéputés, la formation lepéniste domine largement ce groupe nationaliste, qui compte en son sein des formations et des personnages qui sont (très) loin de la dédiabolisation vendue par le RN dans l’hexagone.
Nostalgie de Mussolini et « lobby gay »Prenons en exemple le général italien Roberto Vannacci, qui portait les couleurs de la Lega aux européennes, et qui a été désigné vice-président des « Patriotes pour l’Europe » aux côtés de Jordan Bardella. Friand des allusions à Mussolini, l’intéressé avait fait parler de lui après la publication d’un pamphlet homophobe et xénophobe. Le site spécialisé dans les enjeux européens Le Grand Continent, avait compilé dix phrases choc de Roberto Vannacci durant la campagne des européennes.
Parmi elles, on citera ceci : « Chers homosexuels, vous n’êtes pas normaux. Il faut s’en remettre ! La normalité, c’est l’hétérosexualité. Mais si tout vous semble normal, c’est à cause des intrigues du lobby gay international qui a banni des termes qui, il y a quelques années encore, figuraient dans nos dictionnaires : pédéraste, folle, inverti, tapette, emmanché, fiotte, tafiole, lopette, tarlouze, sodomite — qui sont aujourd’hui susceptibles de vous faire passer devant un tribunal ». Ou alors : « Je pense que l’avortement une nécessité malheureuse à laquelle les femmes sont obligées de recourir. Je ne crois pas que ce soit un droit. Je suis contre ». Ainsi parle le vice-président du groupe présidé par Jordan Bardella.
Russophilie et « famille traditionnelle »Au-delà de cet allié italien, le groupe des « Patriotes pour l’Europe » a une forte coloration pro-russe, que ce soit à travers le FPÖ autrichien ou au regard de l’activité diplomatique de l’architecte du groupe : Viktor Orban. Détail troublant, ce mariage intervient au moment où le Premier ministre hongrois a provoqué un tollé en allant rendre visite à Vladimir Poutine, au détriment de la solidarité européenne exprimée à l’égard de l’Ukraine. Un déplacement réalisé au nom de la « paix » qui n’a pas empêché Moscou de bombarder un hôpital pour enfants dans les heures qui ont suivi.
La présidence par Jordan Bardella de ce groupe ouvertement russophile interroge, tant le patron du RN n’a eu de cesse de tenter de se défaire de cette image durant la campagne, allant jusqu’à faire disparaître le livret « Défense » du programme de Marine Le Pen (lequel proposait une « alliance stratégique » avec Moscou) du site du RN.
Avec l’apport du contingent du parti lepéniste, le groupe des « Patriotes pour l’Europe » devient le troisième groupe du Parlement européen. Pour le Premier ministre hongrois, l’objectif de ce groupe est de se positionner contre le soutien militaire à l’Ukraine, contre « l’immigration illégale » et pour la « famille traditionnelle ». Voilà qui détonne avec le ton policé employé par le RN en France. Et qui en dit long sur ses réelles aspirations.
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