par iamaseb » 24 Mar 2023, 10:35
Dure période pour la démocratie libérale.
Un président et son gouvernement justifient, du fait de leur clairvoyance d'imposer une politique rejetée par la population. Celle-ci serait trop bête pour comprendre les enjeux, et pas assez respectable pour qu'elle en endosse la responsabilité.
Seul le président serait capable d'endosser cette responsabilité, et cette impopularité, en grand seigneur dévoué qu'il est, même si ça ne lui fait pas plaisir de faire cette réforme. Drôle de conception de la représentation, m'enfin.
Evidemment, cette politique consiste à faire travailler plus longtemps ce peuple qui ne comprend pas. De diminuer le "coût" du travail. Car le peuple est une charge. Ainsi, dans un contexte économique qui serait difficile, on doit tous fournir des efforts. Tous ? Non, évidement. Ceux qui gagnent le plus, et qui donc "coûtent" le plus, sont exemptés de l'effort.
Etonnamment, les membres des partis respectables font plus ou moins parti de ceux qui gagnent le plus. Les sénateurs, par exemple, qui veulent mettre fin aux régimes spéciaux, trouvent le moyen de ne pas toucher au leur. C'est que leur système est autonome et à l'équilibre. On ne peut que les féliciter d'une telle réussite. Qui aurait pu croire qu'en s'octroyant des salaires bien plus élevés que la moyenne, via les impôts "autonomes", tout en séparant leur caisse de retraite de celle de la population, leur compte serait positif. Qui aurait pu prédire ?
La protestation monte, le peuple débile ose prétendre se faire représenter par les députés. Alors, on essaye ici où là de monnayer le vote des députés, ça s'est toujours fait, nous dit-on. Si ça ne marche pas, on menace d'exclusion. On menace de dissolution. Les deux faisant la paire. Et puis, quand le gouvernement voit que le compte n'y sera pas, qu'il n'y a pas d'assurance de gagner le vote, on impose le 49-3 à la dernière minute.
La rue gronde, ça manifeste. Il y aurait un déni de démocratie ? Pas du tout, tout ça est la faute des partis de l'opposition, les ennemis de la république, qui manipuleraient la population. C'est casse-pied quand même ce peuple et les partis d'oppositions. Il faudra compter sur la Police. Du coup, là aussi on fera de petits arrangements, on maintiendra un régime spécial pour les policiers, et la période actuelle est propice à la négociation d'une "année de bonification".
Les privilégiés qui imposent par la force législative et coercitive, une politique qui leur est favorable, au détriment des précaires, le tout contre l'avis de la population, ce n'est plus une démocratie. Mais ici, c'est différent des régimes autoritaires, car cette fois-ci, nos dirigeants ont vraiment raison. Loué soit le seigneur.
L'arbre est mort, impuissant mais lucides, nous regardons les feuilles tomber, les unes après les autres.