Bourse / Économie / Finance / Immobilier

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Re: Bourse / Économie / Finance / Immobilier

Messagepar Thor » 17 Aoû 2023, 07:18

@Peezee le contexte est pas vraiment le même que les précédents grand cycle

- l'inflation n'a pas été aussi importante sur un cycle long depuis 40 ans


- du coup les taux des crédits n'ont pas été aussi haut depuis 10 ans, bien que depuis 8 ans on entent que les taux si bas ne font pas durer (après la pluie il y a de forte chance qu'il y ai le beau temps
- le rentabilité des boites qui constituent le cac40 n'est plus à démordre. Ex: renta net cumulée depuis 10 /capi boursière


- on est revenu à de la surliquidité (d'ailleurs les calculs interbancaires de la liquidité ont changé en juin)
- on constate une augmentation légères des risques. D'ailleurs, la mode "start up" commence à très largement s'effritée: "la fête est finie " comme diraient certains

Je te rejoins sur le fait que selon moi seul un élément majeur géo politique ferait chuter les marchés. Pour autant, 80% des analyses avaient prévu ta courbe juste à l'arriver du covid, puis la même choses il y a un.. Au bout d'un moment certains auront peut être raison :D
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Re: Bourse / Économie / Finance / Immobilier

Messagepar mika » 17 Aoû 2023, 07:20

Bah nous on va quand même essayer d’acheter dans l’immobilier. En pro car ce n’est pas du locatif. Enfin, si techniquement, mais mon épouse va se louer à elle-même :lol:
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Re: Bourse / Économie / Finance / Immobilier

Messagepar Thor » 17 Aoû 2023, 07:34

Mika a écrit:mon épouse va se louer à elle-même
pour financer le bien vaut mieux que ton épouse se loue à d'autres :mrgreen:
En restant sérieux, dans ton cas ça reste un investissement où tu estimes que les prix vont continuer de croitre et c'est aussi pour le bien pro de ta femme.
Je comprend moins ceux qui investissent dans la pierre en ce moment (pour du locatif) quand un simple dépôt à terme sans aucun risque rapporte 3.80% sur 2 ans. Dans les grandes villes, on a certes des rendements à 4-5% (Marseille 4.74%) mais ils ne prennent pas en compte les charges de copro, les risques d'impayés, de vacation, les frais de notaire lors de l'achat etc..
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Re: Bourse / Économie / Finance / Immobilier

Messagepar mika » 17 Aoû 2023, 07:50

Oui, je me dis que nous « c’est pas pareil ». On a acheté la maison (bientôt finie), moi mon cab’, et elle j’espère son agence.
Après, quand on aura tout fini, on verra.
Après, j’ai tjs eu une appréhension vis à vis des produits financiers, vu que je ne recherche pas le profit, je préfère, quand ça sera possible, éventuellement acheter un résidence secondaire à la montagne par exemple et en profiter de tps en tps, plutôt que de chercher à placer pour gagner davantage ou acheter du locatif pur et dur en cherchant le rendement (mais aussi, je trouve, les emmerdes qui vont avec)
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Re: Bourse / Économie / Finance / Immobilier

Messagepar Thor » 17 Aoû 2023, 08:09

Ma remarque c'était plutot qu'elle va louer le bien pas se louer elle même en tant que personne redaface2 .
Après oui, je n'ai jamais était fan "d'investissement " dans les résidences secondaires 1/ aucun rendement 2/ charges importantes 3/ impots fonciers. Si tu y vas tous les Week end éventuellement mais c'est comme avoir 5 tables de kine pour un seul patient que tu traites en même temps. On sait jamais si une lâche :mrgreen:
Bon je suis un peu trop cartésien mais un achat se fait aussi sur un coup de cœur... sur du secondaire il faudrait pas (tu peux calculer combien de temps tu y vas et ce que ça te coute à l'année en charges + en coup d'immobilisation de l'argent)

Pour les dépot à terme (DAT), ça reste un livret, sans risque où tu as juste une durée et un taux contractuel. Quand les taux d'épargne sont intéressants les DAT restent de l'épargne de précaution facile.
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Re: Bourse / Économie / Finance / Immobilier

Messagepar Remind » 17 Aoû 2023, 08:28

Thor a écrit:Je comprend moins ceux qui investissent dans la pierre en ce moment (pour du locatif) quand un simple dépôt à terme sans aucun risque rapporte 3.80% sur 2 ans. Dans les grandes villes, on a certes des rendements à 4-5% (Marseille 4.74%) mais ils ne prennent pas en compte les charges de copro, les risques d'impayés, de vacation, les frais de notaire lors de l'achat etc..

En ayant réfléchi à refaire un Pinel il y a quelques mois afin d'anticiper la fin de mon premier dans 3 ans et profiter des dernière offres avant la fin de cette niche fiscale, je comprends très bien le mécanisme qui conduit les gens à réinvestir dans l'immobilier.

J'ai finalement décidé de ne pas le faire parce que tous les projets qui m'étaient proposés affichaient une rentabilité nette de 2-3% pour des projets de 10 ans (en considérant l'ensemble des paramètres -revenus, taxes, intérêts, assurances, charges etc...), et encore en considérant l'hypothèse d'une revente au prix acheté. Cette rentabilité, c'est moi qui l'ait calculé car au fil des années, je me suis constitué un ensemble d'outils qui me permet d'analyser mes placements et de calculer leur rentabilité. Outils que j'ai pu opposé aux outils des commerciaux de différentes sociétés qui t'affichent sans vergogne des rentabilités incomplètes, et il a fallu que je résiste fort (le mot n'est pas un euphémisme) à la pression du chiffre de ces sociétés pour finalement me dire: "non ça ne vaut pas le coup".

Donc pour ceux qui n'ont pas ces outils et qui sont moins informés, cela peut-être compliqué de ne pas réinvestir dans la pierre qui a tjs constitué une valeur refuge importante (mon premier investissement il y a 20 ans m'a permis de faire une bascule importante).

Quand l'Etat s'apercevra dans quelques années de la crise du secteur immobilier, il sera alors temps de réfléchir à nouveau à investir dans ce secteur.
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Re: Bourse / Économie / Finance / Immobilier

Messagepar Thor » 17 Aoû 2023, 08:41

Je te rejoins pour le PINEL. J'en ai fais un en 2020 à coté d'Orléans ou le prix au m2 pour une petite maison était top (2600€). L'an dernier, j'ai voulu aussi regarder et le prix au m2 était le double. Le discours des vendeur est bien rodé (ça part comme des petits pains et c'est vrai)pour autant le vrai sujet c'est la revente. Quand ton prix d'achat neuf au m2 est 30 à 50% plus cher que ton prix moyen des ventes dans le même quartier la carotte fiscale ne suffira jamais à compenser la perte à la vente.
Après s'agissant d'immobilier, les personnes généralement ne se posent pas de question. Ca reste de la diversification.....
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Re: Bourse / Économie / Finance / Immobilier

Messagepar mika » 17 Aoû 2023, 09:28

J’avais bien compris l’allusion à location de madame elle-même :wink:
Mais c’est non :mrgreen:

Après, je suis pas dans l’optique d’en gagner tjs davantage. Je considère qu’on a déjà de la chance de faire un truc qu’on aime et de pouvoir vivre tranquille sans compter: on est pas à plaindre mais sûrement pas autant que certains le fantasment (pas forcément ici) et d’ailleurs, ça tombe bien, on ne se plaint pas :lol:
C’est juste que ouais, une résidence secondaire dont je peux profiter souvent à la montagne, faire pourquoi pas de tps en tps du locatif saisonnier pour amortir un peu le truc, ça me parait cool.
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Re: Bourse / Économie / Finance / Immobilier

Messagepar gigi » 13 Sep 2023, 09:16

:eyraud:
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Re: Bourse / Économie / Finance / Immobilier

Messagepar Dragan » 05 Aoû 2024, 20:43

Plus gros crash boursier mondial depuis très très longtemps depuis ce matin

A voir les conséquences
Samba / Renan Lodi, Lacroix, Mbemba, Clauss / Lemar, Kondogbia, Guendouzi, Is. Sarr / Alexis, Aubameyang

Blanco / J. Firpo, Gigot, Seidu, R. Pereira / Harit, Soumaré, Ounahi, Mughe/ Ndiaye, Vitinha

Ventes : Touré, Balerdi, Lopez, Rongier, Veretout, Amavi, Lirola
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Re: Bourse / Économie / Finance / Immobilier

Messagepar gob » 06 Aoû 2024, 06:14

Juste une petite bulle spéculative car la bourse de Tokyo reprend 12% ce matin, après avoir perdu 13 hier.
Les autres bourses n’ont pas vraiment suivi pour l’instant
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Re: Bourse / Économie / Finance / Immobilier

Messagepar oukimaya » 06 Aoû 2024, 13:55

Ouf , c'est bien c'est remonté !

Autant la bourse , ca m'a fait mal , mais mes cryptomonnaies ont vraiment souffert depuis 2 jours les pauvres :lol:
Tous avec les coincoins !
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Re: Bourse / Économie / Finance / Immobilier

Messagepar Vodevil » 06 Aoû 2024, 19:58

J'ai vraiment envie d'investir une petite somme dans les cryptomonnaies pour m'amuser un peu. Il n'y a pas quelqu'un qui pourrait nous faire un petit sujet là-dessus, conseils, choses à éviter, la meilleure plateforme, etc. ... :mrgreen:
The devil put dinosaurs here.
Just another day in the hate land.
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Re: Bourse / Économie / Finance / Immobilier

Messagepar 320cds » 07 Aoû 2024, 17:08

Au taf, j'ai dans mes fonctions toute une partie d'analyse financière mais pour gérer mon pognon je suis une quiche qui n'a pas envie.
En plus mon côté gaucho fait que j'ai une faible appétence à faire travailler mon épargne et à m'en occuper.
Déjà qu'on m'a engrainé à faire un Pinel à Courbevoie qui va être livré fin d'année (cela me fait déjà super chier).
En dehors des livrets ou Pel, à part la solution dépôt à terme, pour placer un peu d'épargne, de manière simple mais éviter que ça végète, vous conseillez quoi les experts svp ?
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Re: Bourse / Économie / Finance / Immobilier

Messagepar sillicate » 07 Aoû 2024, 18:04

320cds, les NFT.
regarde la localisation
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Re: Bourse / Économie / Finance / Immobilier

Messagepar 320cds » 07 Aoû 2024, 23:01

Oui oui, Eurotunnel ou les emprunts Russes
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Re: Bourse / Économie / Finance / Immobilier

Messagepar Dimeco63 » 08 Aoû 2024, 09:14

320cds, en bon numismate je vais te dire de prendre un peu de gold perso.
J'avais essayé le PEA en période covid pour jouer un peu, franchement c'est trés chronophage ! Les arbres n'étant pas censé monter au ciel selon l'adage on verra bien en plus un jour tout ce casino s'écrouler. Perso je ne comprends pas comment le CAC est encore à 7000 points aucun des fondamentaux n'est au vert dans l'économie réelle mais bon ...
Si tu n'a pas l'âme d'un trader à haute fréquence comme moi, de la pierre (avec ta résidence principale et ton Pinel) un peu de gold et le tout pour les enfants après tu ne te prendra pas la tête.
Modifié en dernier par Dimeco63 le 08 Aoû 2024, 14:53, modifié 1 fois.
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Re: Bourse / Économie / Finance / Immobilier

Messagepar gob » 08 Aoû 2024, 09:33

Il n’est pas un peu haut le gold en ce moment pour en acheter ?
Ou tu penses qu’il va continuer de monter inexorablement ?
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Re: Bourse / Économie / Finance / Immobilier

Messagepar Dimeco63 » 08 Aoû 2024, 11:36

gob, je ne sais pas prédire l'avenir, tout ce que je sais c'est que quand j'ai commencé à m'intéresser à la numismatique au lycée en 2000 la 20 francs or était à 60/65€ au cours du métal, j'ai revendu en 2005 c'était déjà 120€ de mémoire, je m'y suis replongé en 2019 à la naissance de mon fils j'ai acheté un coq 1907 pour 270€, ce jour le cours est à 420€.
Amha ce n'est pas "que" le cours du métal qui s'apprécie c'est aussi notre monnaie de singe qui se déprécie.
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Re: Bourse / Économie / Finance / Immobilier

Messagepar Dragan » 21 Aoû 2024, 07:08

Information
« Successions saison III ». Rodolphe Saadé, qui a succédé, en 2017, à son père, Jacques, à la tête de la CMA CGM, un an avant la mort de celui-ci, prépare d’ores et déjà la troisième génération à reprendre les rênes de l’entreprise familiale, devenue un géant du transport maritime, de la logistique et des médias.

Un week-end de septembre 2023, Rodolphe Saadé a organisé un drôle de séminaire pour ses deux enfants et leurs trois cousins. A 54 ans, avec son allure un peu trop raide et cette voix métallique qui le fait passer au premier abord pour un timide – funeste erreur –, il est rare qu’on lui dise non. Les cinq adolescents, âgés de 14 à 19 ans, se sont donc retrouvés au dernier étage de la tour de 147 mètres de haut qui porte le nom de leur grand-père, Jacques Saadé, le père de Rodolphe. C’est là, dominant Marseille et la Méditerranée, qu’est logée une partie des bureaux de la Compagnie maritime d’affrètement-Compagnie générale maritime (CMA CGM), le géant du transport maritime, de la logistique et des médias qui appartient à la famille.

Il faut imaginer la scène, digne d’une superproduction hollywoodienne. Gros plan, d’abord, sur ces cinq jeunes gens, dans leur gaieté juvénile et leur aisance d’enfants favorisés. Marseillais jusqu’au bout des crampons, les garçons rêvent de devenir footballeurs ; les filles, elles, commencent tout juste leurs études supérieures. Leur nom est devenu célèbre en un claquement de doigts, charriant dans son sillage un parfum de succès et d’argent à profusion, mais ils n’ont pas encore complètement saisi ce que cet héritage suppose. Le voici justement sous leurs yeux, ce trésor qui leur reviendra : plan large sur la mer bleue à perte de vue et, en plongeant à pic au pied de l’immeuble de verre, les quais du port de la Joliette, où des dockers déchargent d’énormes bateaux ces milliers de conteneurs multicolores qui nourrissent le commerce mondial et font la fortune du clan.

Si Rodolphe Saadé a voulu ce rendez-vous familial inhabituel, c’est qu’il souhaite transmettre à ses enfants et ses neveux l’histoire de l’entreprise. Et plus encore, alors qu’il est jeune et au faîte de sa puissance, leur signifier que, le moment venu, l’un ou l’une d’entre eux devra prendre sa place. Exactement comme son propre père, qui lui avait dit : « Un jour, tu me succéderas, mais il va falloir d’ici là que tu travailles dur… » Le mettant au défi de le remplacer, et peut-être même de le dépasser.

Perpétuer l’œuvre des aînés

Depuis la crise liée au Covid-19 et la multiplication par dix du coût du fret, les résultats du groupe ont littéralement explosé et la famille est entrée dans le top 5 des fortunes françaises selon le magazine Challenges. Une simple revue des chiffres de l’entreprise, qui appartient majoritairement et à parts égales à Rodolphe Saadé, à sa sœur aînée, Tanya, et au dernier de la fratrie, Jacques Junior, pourrait leur faire perdre le sens de la mesure. En 2023, CMA CGM affichait un chiffre d’affaires de plus de 47 milliards de dollars (43 milliards d’euros). La compagnie est devenue numéro 3 mondiale dans le domaine du transport maritime et numéro 5 dans la logistique, une branche dans laquelle la famille n’a pourtant investi qu’en 2019. Avec une présence dans 180 pays, 160 000 collaborateurs, des acquisitions dans la presse, de La Provence à BFM-TV, le groupe, dont la notoriété ne dépassait guère les frontières de la cité phocéenne et le milieu des armateurs, est devenu tout à la fois l’un des plus beaux fleurons français et une puissance mondiale. Dire qu’il y a encore une trentaine d’années la bourgeoisie marseillaise appelait cette famille syro-libanaise, avec une condescendance teintée de racisme, « les manouches »…

Avec sa discipline de fer et son expérience d’héritier, Rodolphe Saadé connaît la malédiction qui pèse souvent sur les troisièmes générations, nées dans l’opulence, et le dicton que les grands patrons se chuchotent à l’oreille : « La première génération crée, la deuxième gère, la troisième tue. » S’il ne veut pas faire de ses enfants des « fils à papa » et des médiocres, il sait qu’il est nécessaire de les instruire dès le plus jeune âge sur l’ADN du groupe et ses résultats, afin qu’ils s’en sentent autant dépositaires que responsables. De leur donner envie non pas seulement d’en profiter, mais d’y consacrer leur vie afin de perpétuer l’œuvre de leurs aînés.

Ce n’est pas si facile. Lorsque Rodolphe Saadé a énoncé clairement sa façon de voir les choses – « Si un jour vous êtes tentés et si vous en avez les compétences, vous pourrez entrer dans le groupe » –, son fils, Jacques, qui porte le nom de son grand-père, a souligné avec ironie : « Ce que je retiens, c’est que tu n’as pas succédé à ton père avant l’âge de 40 ans. Ça me laisse le temps de faire ma carrière de gardien de but ! » Ses parents ont levé les yeux au ciel. Il y a quelques mois, interrogé par le Financial Times, qui lui demandait comment il réagirait si l’un de ses enfants voulait être musicien, Rodolphe Saadé s’en était sorti par une pirouette : « Il faut leur laisser le choix, mais nous n’avons pas besoin d’un orchestre. » « Sur les cinq enfants, on espère bien qu’il y en aura un pour succéder », admet sa femme, Véronique, vêtue d’un jeans et d’un blazer, qui dirige la branche média du conglomérat.

« Une grande famille syrienne »

Ont-ils seulement prêté attention, ces jeunes gens qui rient entre eux en parcourant les étages de la tour en verre, au requin métallique de 5 mètres de long sculpté par l’artiste Xavier Veilhan, qui trône dans le hall ? Savent-ils qu’il y a longtemps déjà, dans l’immeuble mitoyen qui abritait le groupe à ses débuts, leur grand-père Jacques Saadé avait fait installer un aquarium rempli de vrais squales au rez-de-chaussée ? Hommage au monde maritime ou manière de signifier la férocité du monde des affaires…

Jacques Saadé lui-même avait la dent dure. Il avait fallu se montrer coriace pour s’imposer sur le port de Marseille, longtemps dominé par le syndicat des dockers, ceux des manutentionnaires et, jusqu’à l’assassinat de Francis « le Belge », en septembre 2000, par la mafia. Les jeunes gens ont-ils saisi les détails de cette histoire qui a l’étoffe d’une légende ? Farid Salem, l’oncle de Rodolphe, en est le meilleur conteur.

A 85 ans, habillé élégamment d’un costume bleu nuit sur un polo assorti, il raconte, avec cet accent libanais qui roule, d’où venait Jacques, qui allait devenir son beau-frère : « Une très grande famille syrienne, dotée de nombreuses usines, de propriétés et d’autant de champs d’oliviers qui s’étendaient à perte de vue. » Après le coup d’Etat de 1963, la politique de nationalisation du régime autoritaire du parti Baas a mis les Saadé à genoux. Traumatisé, Jacques a émigré au Liban, où il n’a eu de cesse de reconstruire une entreprise familiale, toujours à l’affût d’une « bonne affaire » qui lui redonnerait l’aisance et la fortune perdues.

C’est l’une de ces occasions qui l’amènent en France : l’homme d’affaires a pris la direction de la ligne maritime Beyrouth-Marseille pour la Compagnie méridionale d’armement, qui périclite. Le 13 septembre 1978, il donne rendez-vous à Marseille à son beau-frère, qui a quitté le Liban des années plus tôt pour se lancer dans la pêche industrielle à la crevette à Madagascar. A l’ordre du jour : décider d’arrêter la ligne ou… de racheter l’entreprise. « Jacques a saisi l’occasion au quart de tour, comme il savait le faire », se souvient Farid Salem. La Compagnie maritime d’affrètement (CMA) était née. Ils se lancent à cinq avec un seul bateau, dans un petit bureau donnant sur le port de la Joliette, à quelques centaines de mètres du site où, bien plus tard, Jacques fera construire la tour de verre, inaugurée en 2011, qui deviendra le symbole de leur réussite. Ça, ils ne le savent pas encore.

« On ne pensait pas rester à Marseille, mais la vie au Liban était devenue impossible avec la guerre », poursuit-il. Le 13 avril 1981, Naila Saadé et ses trois enfants arrivent en France. Tanya, la fille aînée, se souvient encore de la traversée de Beyrouth allongée à l’arrière de la voiture avec ses frères pour franchir la ligne de démarcation, l’angoisse au ventre, avant d’atteindre l’aéroport. La famille regroupée à Marseille vit les premiers temps à l’hôtel. Naila a laissé les valises dans le couloir, prête à repartir au pays. Un an plus tard, Jacques prend acte de leur installation durable et finit par louer un appartement dans le quartier de la Cadenelle, dans le 8e arrondissement. Rodolphe a 11 ans, il parle le français avec un accent, l’intégration n’est pas si aisée : « Les gens nous regardaient en se disant : “Qui sont ces Libanais ? Ils sont chrétiens ou musulmans ?” On s’est adaptés, et Marseille est devenue notre ville de cœur », résume-t-il pudiquement.

Guerre fratricide

Dans les affaires comme dans la vie, Jacques Saadé et Farid Salem forment un duo efficace et complémentaire. Ils ont vite compris que le port est, à l’époque, un endroit où tout le monde s’arrange avec tout le monde : les armateurs, les dockers, les politiques, les manutentionnaires, les trafiquants de tout poil et le milieu. Au mitan des années 1980, la Compagnie maritime d’affrètement prend de l’ampleur. Jacques Saadé a pressenti que le commerce nord-sud serait supplanté par un axe est-ouest. Il crée de nouvelles lignes vers les Etats-Unis et l’Asie, les développe et, à la fin des années 1990, fait entrer sa société – devenue CMA CGM, après la privatisation de la Compagnie générale maritime en 1996 et son rachat par la CMA –, dans le top 10 des armateurs mondiaux. Dans les bureaux, désormais plus vastes, un esprit facétieux et clairvoyant a dessiné sur un mur Jacques Saadé, assis dans un transat sur la plage et lisant un journal international. Derrière lui est croqué son directeur financier, qui souffle : « Monsieur, la marée monte… » et le chef d’entreprise qui assène dans une bulle : « Achetez ! »

Un conflit, pourtant, déchire la famille. Si Jacques s’entend parfaitement avec son beau-frère Farid, une guerre terrible l’oppose à son propre frère, Johnny. « Il était loin, il était resté au Liban et ne comprenait pas ce que l’on voulait faire, explique Farid Salem, dont la diplomatie échoue, cette fois, à calmer le jeu. Johnny n’adhérait pas à notre stratégie. » Le conflit entre les deux frères se poursuit jusque devant les tribunaux. Des dizaines de procès ont lieu au Liban, en Syrie et en France à partir de 1996, sans mettre fin à leur querelle. Jacques et Johnny ne se reverront jamais.

Cette fracture, qui les a tous profondément blessés, la famille ne veut en aucun cas la revivre. Dès leur plus jeune âge, les enfants de Jacques Saadé ont travaillé avec leur père. Tanya, après des études de marketing, l’a rejoint en 1995, dans le bureau à côté du sien. Cette femme qui fait parfois trembler la tour de ses coups de gueule spectaculaires, voue un véritable culte à son père, qui, en retour, la couvre de toutes les attentions. Il n’a cependant jamais été question qu’elle puisse lui succéder. « Dans notre tradition orientale, le fils aîné reprend les affaires du père, Rodolphe était donc tout désigné », note son oncle Farid Salem. « Succéder n’a jamais été mon choix ni ma volonté. Pour moi, il a toujours été clair que ce serait Rodolphe », répond Tanya Saadé en écho. A 56 ans, elle est directrice générale déléguée de CMA CGM et préside la fondation du groupe. Né handicapé, Jacques Junior, 53 ans, a lui aussi trouvé sa place au sein de la société, où il s’occupe de l’immobilier sous la houlette de sa sœur.

Rabaissé en public

S’il consulte son aînée sur toutes les décisions importantes, Rodolphe Saadé est le seul et unique patron. La succession n’a pourtant pas été si aisée. A-t-il raconté en détail à ses enfants et neveux ce long parcours semé d’embûches et la façon dont il a dû ménager son père ? Car, s’il a toujours ardemment désiré que son fils prenne sa suite, Jacques Saadé, comme nombre de fondateurs, n’était pas pressé de lâcher les rênes de l’entreprise.

Chez CMA CGM, Rodolphe Saadé débute au bas de l’échelle, ou presque. On l’envoie à New York, puis à Hongkong. En 1997, le fils est de retour à Marseille. « Evidemment, tu rentres habiter à la maison ! », intime le père. « Mais, enfin, tu exagères, il a 26 ans ! », intervient son épouse. L’aîné obtient finalement de prendre un appartement à côté de chez ses parents.

A la CMA CGM, il se voit d’abord confier une ligne maritime, puis une deuxième, une troisième et bientôt toutes. Il accompagne son père partout, en voyage, en rendez-vous, avec les banques et les clients. Jacques l’autocrate, que de nombreux salariés surnomment « Dieu le père », ne se gêne pas pour rabaisser son fils en public. Plusieurs journalistes marseillais se souviennent de scènes glaçantes, comme cette conférence de presse où il assène : « Mon fils est persuadé qu’il sera, un jour, un grand homme, mais il ne m’arrivera jamais à la cheville. »

Au côté de son père, Rodolphe Saadé montre assez vite de quoi il est capable. Mais c’est en 2008 que le successeur programmé fait véritablement son baptême du feu. Le 4 avril, au large du golfe d’Aden, des pirates somaliens attaquent un navire de la compagnie du Ponant, qui appartient au groupe, avec 30 membres d’équipage à bord. L’Elysée monte immédiatement une cellule de crise et Nicolas Sarkozy envoie des experts du RAID et du GIGN auprès de la direction de la compagnie à Marseille. Au bout de deux jours, l’entrepreneur décide de prendre les choses en main et de parler directement avec les ravisseurs : « Je le sens. » Le 11 avril, après d’intenses négociations, les otages seront libérés contre une forte rançon. A la CMA CGM, on regarde le fils du patron différemment.

Un an plus tard, une autre épreuve attend le groupe. A l’automne 2009, à la suite de la crise des subprimes, la compagnie affiche des milliards d’euros de dettes. Le patron de BNP Paribas, Baudouin Prot, mène la fronde pour débarquer Jacques Saadé et lui impose même un directeur général. L’investisseur turc Robert Yuksel Yildirim prend 24 % des parts. En 2013, le patriarche obtient du pouvoir que la banque publique d’investissement, Bpifrance, mette 6 % au pot, un montage qui permet à la famille de sauver sa peau. Quand l’activité repart, Jacques Saadé récupère les pleins pouvoirs. Pendant cette période où elle a frôlé la ruine, la famille s’est soudée davantage. Rodolphe a gardé de cette épreuve, où il accompagnait son père qui suppliait les banques de les aider, un souvenir cuisant et un puissant désir de revanche contre un certain establishment.

Et, surtout, il s’impatiente. « Quand je disais à mon père : “J’en ai assez de regarder, je veux faire”, il me répondait : “Attends, ton tour viendra.” » Pour illustrer leur relation de l’époque, Rodolphe Saadé a aujourd’hui ce geste : vous tendre une assiette, puis la reprendre, l’avancer de nouveau et la retirer aussitôt. « Avec lui, c’était ça, “je te donne, je te reprends” », dit-il. « Jacques pensait qu’il serait à la tête de l’entreprise jusqu’au dernier jour de sa vie », se souvient Farid Salem. La maladie, pourtant, va le contraindre à envisager les choses autrement.

« On ne veut pas ressembler aux autres »

Le patriarche a perdu son tonus et, de plus en plus fréquemment, la mémoire. Il bute sur les mots, lui qui, autrefois, discourait d’une voix forte et assurée. Pendant toute l’année 2016, Rodolphe tente de ménager l’orgueil paternel. Il consulte en cachette les membres du conseil d’administration, mais il laisse son père continuer à présider l’instance et lire avec difficulté des discours prérédigés en gros caractères. « Et puis, un jour, se souvient l’ancien ministre des transports Dominique Bussereau, alors administrateur de CMA CGM, Jacques n’est plus venu et Rodolphe l’a remplacé. »

Pour les 80 ans du père, au printemps 2017, les cadres du groupe sont réunis en grande pompe dans la tour Saadé. La rumeur d’une transition imminente bruisse dans les couloirs. Jusqu’au dernier instant, le fils doute. « Tu vas voir qu’il est capable de ne rien annoncer », glisse-t-il à sa sœur. Le vieil homme prononce finalement les mots tant attendus : Rodolphe a toutes les capacités pour lui succéder. Il le gratifie d’une accolade. Tanya se charge du communiqué de presse officialisant le changement à la tête de la compagnie.

Rodolphe Saadé n’a pas encore les coudées franches, cependant. « Mon père m’avait demandé de passer lui faire un point tous les matins, ce que je faisais, raconte-t-il. Il me disait : “A demain” et, une heure plus tard, il me rappelait déjà ! Je lui disais : “Laisse-moi tranquille, je peux me débrouiller…” »

La situation ne s’éternise pas. Jacques Saadé meurt le 24 juin 2018. Ses obsèques, dans la cathédrale de La Major, à Marseille, sont grandioses. Des armateurs du monde entier sont venus lui rendre hommage aux côtés d’une foule immense de collaborateurs et de personnalités locales. A la sortie de la messe, à midi pile, tous les bateaux de la CMA CGM regroupés dans la rade sonnent la corne et font jouer les lances à eau.

« A la mort de Jacques, Rodolphe s’est déployé, ça l’a libéré », reconnaît Farid Salem. Le successeur attend pourtant plusieurs mois avant de s’installer dans le bureau de son père, au 30e étage de la tour. Mais il l’a décoré à son goût et c’est de cette vaste pièce qui domine à la fois terre et mer qu’il se lance à la conquête de nouveaux défis.

Moins rond et levantin que son père, il a la réputation d’être tout à la fois très intelligent, dur, introverti et méfiant. Un bulldozer qui travaille non-stop, veut tout contrôler jusqu’au moindre détail et épuise ses collaborateurs. Rodolphe Saadé a hérité de l’exigence paternelle : les cadres du groupe doivent impérativement vivre à Marseille, porter costume et cravate, être disponibles vingt-quatre heures sur vingt-quatre. « Il se venge sur les autres des humiliations subies par son père », commente un économiste qui a fréquenté les deux générations.

Les Saadé sont restés un véritable clan, où la frontière entre les affaires et la vie privée n’existe pas. Ses membres ne se contentent pas de travailler ensemble, ils vivent les uns à côté des autres, à Thalassa, cette résidence huppée et sécurisée où loge une partie de la bourgeoisie marseillaise. La mère, Naila, y habite, comme Farid Salem, Rodolphe et son épouse, Véronique, d’origine corse, rencontrée en 1998 alors qu’elle visitait le Liban avec une amie. Tanya, pour sa part, s’est installée à trois pas de là, dans l’ancienne maison de ses parents, qu’elle a fait rénover. A Marseille, il n’est pas rare de voir le clan débarquer dans les institutions gastronomiques de la ville, au Petit Nice, à La Villa, ou Chez Michel pour la bouillabaisse. On ne les croisera, en revanche, ni au Théâtre de la Criée, ni aux avant-premières à l’Opéra. Le business et l’actualité constituent leurs uniques centres d’intérêt.

« On ne veut pas ressembler aux autres », cingle Tanya Saadé, bravache. S’ils sont contraints de venir de plus en plus souvent à Paris, ils fuient les mondanités, au grand dam des cénacles économiques qui aiment à se moquer avec condescendance de leur côté « hors réseau », « provincial », « pas fun ». A vrai dire, les Saadé n’ont changé ni leur façon d’être ni leurs habitudes, depuis que leur fortune et leur notoriété ont été démultipliées.

Arrivée providentielle de liquidités

A la maison comme au bureau, le frère et la sœur continuent de se parler en arabe, leur langue natale. Un moyen, aussi, de ne pas se faire comprendre de leurs collaborateurs… Les vacances, c’est aussi ensemble qu’ils les passent. L’été, Rodolphe Saadé accueille toute la famille dans sa luxueuse villa de Saint-Tropez. Chaque hiver, la petite troupe, de la grand-mère aux petits-enfants, se retrouve au Liban pour passer les fêtes de Noël dans des hôtels chics en altitude. Le Liban, ce n’est pas seulement une destination de vacances. La famille reste très attachée à son pays d’origine. Elle y a conservé des bureaux, installé son hub numérique et, dès après l’explosion du port de Beyrouth, le 4 août 2020, a envoyé un navire de la compagnie apportant de l’aide d’urgence.

Le 8 mai 2024, quelques mois après leur journée d’initiation, la joyeuse bande d’adolescents de la troisième génération s’est à nouveau retrouvée pour le sacre du chef de famille devant l’élite française. Deux immenses panneaux coulissants s’ouvrent théâtralement sur le bâtiment rénové par l’architecte Jean-Michel Wilmotte, qui accueille Tangram, une école réservée aux membres du groupe CMA CGM, le dernier joujou de la famille Saadé.

Le président de la République, Emmanuel Macron, s’est déplacé en personne avec une brochette de ministres et de grands patrons, le président de la région PACA, Renaud Muselier (Renaissance), le maire de Marseille, Benoît Payan (divers gauche), son prédécesseur Jean-Claude Gaudin et même l’archevêque de Marseille, Jean-Marc Aveline. Outre la quasi-totalité des hauts cadres du groupe, la bonne société marseillaise, celle-là même qui, pendant des décennies, regardait de haut les Saadé, s’égaye autour des buffets. « Vous étiez quatre à vos débuts, vous êtes désormais 180 000, c’est le fait de l’audace, de la résilience, de la persévérance. (…) Longue vie à CMA CGM ! » Qui de mieux qu’un président en exercice pour dresser le panégyrique d’une réussite ?

Certes, l’épidémie mondiale de Covid-19 a été pour l’entreprise une bénédiction. D’autant plus que le transport maritime européen bénéficie d’une fiscalité hyperavantageuse qui a permis à la famille de voir sa fortune exploser sans presque payer d’impôts. Face à cette arrivée providentielle de liquidités, Rodolphe Saadé a entrepris la diversification de son groupe en investissant massivement dans la logistique, une activité beaucoup moins sujette aux lois du marché ou aux secousses géopolitiques.

Les Saadé engrangent aujourd’hui tellement de revenus qu’ils sont sollicités de partout. Ils se sont ainsi engagés à financer un nouveau département du Louvre intitulé « Arts de Byzance et des chrétientés d’Orient ». Ils se sont aussi associés à Xavier Niel (actionnaire à titre personnel du groupe Le Monde) dans Kyutai, un laboratoire d’intelligence artificielle, ont développé leur propre pépinière d’entreprises à Marseille, Zebox, investissent dans la décarbonation, sponsorisent les Jeux olympiques et l’Olympique de Marseille.

Investissements dans les médias

Mais leur nouveau défi, c’est la presse qu’ils entendent mener avec poigne. Rodolphe Saadé n’a véritablement attiré le regard des médias qu’avec le rachat du quotidien régional La Provence pour 81 millions d’euros après un long bras de fer avec Xavier Niel, en 2022. « Je ne voulais pas que La Provence aille entre les mains de Nice-Matin », explique le tycoon. Il a compris aussi qu’en cas de difficultés l’Etat et les banques sont plus attentifs à un groupe qui possède des relais d’influence.

Après La Provence, Rodolphe Saadé, très attaché aux valeurs républicaines et inquiet de la montée des extrêmes, a également lancé La Tribune Dimanche, en octobre 2023, un hebdomadaire spécialement conçu pour concurrencer Le Journal du dimanche, tombé sous la houlette de Vincent Bolloré. Même raisonnement pour le rachat du groupe Altice, dont BFM-TV est le fer de lance, afin de tailler des croupières à la très conservatrice chaîne d’info en continu CNews. « Il achète tout ce que Macron lui demande », ironise un puissant homme d’affaires parisien.

Mais si l’armateur a investi dans les médias, c’est aussi pour « développer un métier complémentaire et offrir le plus de possibilités » à ses enfants, confie-t-il. Les Saadé savent bien que le transport maritime et la logistique ne sont pas forcément des secteurs qui font rêver les jeunes. Ils savent aussi que leur progéniture n’a pas grandi avec les mêmes codes culturels qu’eux : l’obsession de transmettre à l’aîné des fils n’est plus de mise.

L’éducation, le goût du travail, la modération à l’égard de l’argent, voilà ce qui leur tient à cœur. « C’est important de leur faire comprendre d’où l’on vient, que tout n’a pas été simple, qu’il y a des hauts et des bas et que tout peut s’arrêter », observe Véronique Saadé. Afin de s’assurer que le message passe bien, son mari, Rodolphe, a fixé un nouveau rendez-vous aux cinq héritiers en septembre au sommet de la tour.

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