Si, bien sûr. Tu as raison de le souligner
Le roman de Horace McCoy sorti en 1936, de mémoire, est même un des classiques de la littérature américaine au même titre que "Les Raisins de la colère" de Steinbeck (et qui sont tous deux relatifs à La Grande Dépression). Une bonne partie de ce que le cinéma a produit de meilleur vient d'ailleurs directement de la littérature ou du théâtre.
Cela étant, outre ses multiples qualités (réalisation, décors, photo, interprétation), l'adaptation tournée par Sidney Pollack en 1969 constitue un véritable tournant. Il s'agit en effet du premier film dans lequel le flashforward est utilisé comme vecteur narratif de façon aussi directe et brutale pour le spectateur, même s'il y avait déjà eu des prémices notamment dans certaines scènes de
L'aurore ( F.W Murnau, 1927), dans
Citizen Kane (O.Welles, 1941) et bien évidemment dans
La jetée (Chris Marker, 1962), un film expérimental français qui marqua son époque et inspira "L'armée des douze singes" à Terry Gilliam.
Quelques semaines plus tard,
Easy Rider de Dennis Hopper reprendra le procédé, mais de façon beaucoup plus anodine et discrète, c'est-à-dire comme élément secondaire de la narration. Ensuite, Claude Sautet emboîtera le pas de Pollack en adaptant magistralement en 1970 le roman de Paul Guimard,
Les choses de la vie, devenu depuis un des classiques incontournables du cinéma français.
En réalité, au moment de la sortie de
On achève bien les chevaux, l'idée était tellement novatrice qu'elle ne trouva pas son public et ce fut un véritable flop alors qu'il s'agissait probablement d'un des meilleurs films de cette période, par ailleurs très tendue et très riche d'œuvres majeures et novatrices (Délivrance, Little Big Man, Easy rider, Macadam Cowboy, Les gens de la pluie, Faces, L'étrangleur de Boston, Rosemary's baby, 2001 : l'odyssée de l'espace… ).