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FRANCE TV SLASH; Trois avocates marseillaises dans le tourbillon judiciaire; Dans la série documentaire "Commises d'office", la réalisatrice marseillaise Fanny Fontan décrit le quotidien de jeunes avocates dévouées.
À l'écran, un chat fixe Pauline sur le point de quitter son appartement. "À ce soir, Escobar !", lance l'avocate à son animal de compagnie baptisé comme un roi de la cocaïne colombien. Dans la salle du Cinéma Artplexe, le public venu nombreux assister ce jeudi soir à la projection en avant-première du documentaire Commises d'office, éclate de rire.
Un rire comme une respiration au milieu de séquences qui disent, sans artifice ni complaisance, la dureté des situations auxquelles les avocats marseillais sont confrontés chaque jour : tirs sur un client, violences conjugales, enfants maltraités, exploitations de petites mains étrangères par des réseaux...
Pour sa quatrième saison, la série aux trois millions de spectateurs s'échappe de la région parisienne et de Bruxelles pour poser ses caméras dans la ville de tous les fantasmes. Le temps de six épisodes d'une quinzaine de minutes - disponibles dès aujourd'hui sur la plateforme france.tvslash - Commises d'office suit le quotidien de trois jeunes avocates aux prises avec une justice d'urgence, le plus souvent en comparution immédiate, au service de clients qui ne les ont pas toujours choisies.
Ici, point de gros bonnet à la Escobar, mais des tas de vies cabossés, celles de victimes et d'auteurs donnant la même impression d'être emportés par un tourbillon. "Ça me touche. Est-ce que je suis vraiment dans mon rôle ?", s'interroge Nawel Filali, comme un aveu de faiblesse dans un univers cynique. À l'image de ses consoeurs, Tiphaine Rémy et Pauline Larronde-Buzaud, Nawel se bat pour se faire une place dans un monde d'hommes, en train de vaciller mais qui s'accroche aux branches. Patiemment, la série brosse les portraits de ces femmes aux caractères affirmés et aux failles discrètes. Mais portées par la même foi en leur sermon. Force de cette série, un casting attachant : Nawel ne "vient pas de ce milieu-là", glisse-t-elle. Pour autant, cette Marseillaise pur jus s'affranchit de toute collaboration pour poser sa plaque.
Bienveillante, elle tente, ici, de convaincre une victime de violence conjugale de ne pas se rétracter ; là, un guetteur de changer de chemin. Sourire doux, Pauline ne "supporte pas l'injustice". Victime elle-même dans son enfance, elle dit que sa"robe la protège des coups".Dans l'indifférence, elle s'insurge d'un PV de police qui se permet de qualifier un de ses clients de "limité". Tiphaine, enfin, casse les codes et crève l'écran. Née à Reims, supportrice de l'OM, elle rivalise de pugnacité : "On n'imagine pas une petite blonde aux yeux bleus qui vient de sa campagne pour défendre des gros dossiers criminels", dit-elle en se lançant sur le terrain réservé des Assises.
Confiée à la réalisatrice marseillaise Fanny Fontan, dont plusieurs documentaires ont déjà été salués (N'en parle pas c'est un secret ; Le sous-sol de nos démons...), Commis d'office explore aussi, en creux, l'état dégradé d'une justice "sans moyen" devenue "expéditive". Et n'oublie pas de donner sa place à l'arme des avocats : le verbe. Pour cela, la réalisatrice a la bonne idée de faire rejouer les plaidoiries, ou encore, d'inclure par petites touches la voix off des personnages quand les images ne suffisent pas. Très efficace, la musique concoctée par DJ Djel, de la FF, donne son rythme à la série. Et contribue à plaider, à l'heure du verdict, pour un appel et une autre saison.
La Provence