Je te concède volontiers que dans ce que nous produisons ici, nous n’avons pas la même définition du libéralisme : pour moi le libéralisme est un moyen, alors que pour toi visiblement c’est une fin en soi.
Un moyen pour quoi ? L’enrichissement personnel. Le libéralisme économique, à savoir le libre marché, est un système qui profite globalement aux personnes en position de force. Il sera donc globalement défendu par ces gens là. La part de socialiste (au sens Jaurès) des gens qui jouissent le plus de notre système est très faible.
Le libéralisme au sens « philosophique », qui met en avant le besoin individuel en tant qu’individu peut d’ailleurs lui-même expliquer pourquoi le libéralisme économique ne peut être qu’un moyen dans la pratique pour ceux qui le réalisent, à savoir des individus.
Quand je parle de « libéralisme », je ne parle donc pas uniquement du dogme, je l’inscris dans la finalité de son utilisation. Des penseurs à l’origine même du libéralisme, comme Ricardo où Malthus, s'en sont servi comme tel pour s'enrichir très fortement. Je pense que la plupart des décisions prises ici et là, par des « libéraux », sont prises par des personnes qui considèrent eux-aussi le libéralisme comme un moyen.
Le libéralisme en tant que moyen doit aussi se comprendre contextuellement. Il apparaît dans des monarchies, un système qui restreint les possibilités individuelles de certains bourgeois. Et ce fait de nouveau très entendre dans une société où l’état (le peuple) restreint là aussi la maximisation des profits. Le dogme « libéral » est ainsi utilisé pour casser le système : hier la monarchie, aujourd’hui la démocratie.
Ainsi, pour moi il est tout a fait compréhensible qu’un acteur privé (entreprise) défende le libéralisme de marché (exploitation de la main d’œuvre, des petites entreprises…), et dans le même temps, défende des subventions à son égard, des interventions de l’État en sa faveur (militaire où réglementaire), des contrats juteux avec l’état, l’instauration de brevet si elle en profite… Il y a une cohérence évidente.
J’entends donc par libéralisme, non pas tes mots creux sans réel sens direct parce que qualificatif d’un sujet que tu ne définis pas (« diabolique », « exécrable », « ignoble »), mais le fait, par exemple de faire passer ses intérêts avant les besoins vitales des autres.
Ceci étant dit, je concède également ne pas toujours faire preuve de rigueur exemplaire de l’utilisation du mot « libéralisme ». Néanmoins, je ne pense pas que notre profond désaccord concerne l’utilisation de ce mot.
160 000 postes de fonctionnaires supprimés : OK c'est libéral. J'aurais dit pragmatique, compte tenu de notre dette publique abyssale, mais il s'agit d'un avis personnel lié à mon fort penchant pour le libéralisme économique.
Etant donné que les créditeurs ne sont pas dans le besoin, j’aurais trouvé plus pragmatique au vue du service rendu à la communauté par les fonctionnaires d’annuler tout simplement cette dette. Sans même rentrer dans le débat de la légitimité de cette dette, ou du concept abstrait de la dette.
Comme quoi le pragmatisme pour une situation peut déboucher sur des solutions différentes selon l’objectif que l’on a et la représentation que l’on se fait du problème.
Renflouement des banques : jamais de la vie. L'investissement de ressources publiques dans la sphère privée, qu'elle soit bancaire, agricole, industrielle ou autre n'a jamais constitué et ne constituera jamais une mesure "libérale". C'est même l'antithèse du libéralisme d'en appeler à l'argent du contribuable pour sauver les miches de l'échec d'un acteur privé.
Je pense que mon « introduction » répond à cette remarque. Ce n’est donc aucunement une antithèse pour moi. Le capitalisme repose notamment sur le fait de redistribuer une partie du produit des travailleurs vers les détenteurs de capitaux. Si la structuration du transfert n’est pas la même, il est évident que le transfert en lui-même ne choque pas le « libéral ». Mais je peux comprendre que dans la vision restreinte du libéralisme, en tant que finalité en soi, cela ne colle pas.
Ce n'est pas parce que tu n'aimes pas les banques (ce que je comprends parfaitement, je leur trouve moi aussi de vilains défauts) qu'il faut qualifier n'importe quelle mesure de "libérale". Une logique politique libérale aurait davantage été d'organiser un contrôle de solvabilité des banques, retirer ses participations des banques les plus faibles et laisser le système "faire" : seules les banques les plus puissantes s'en sortent, rachètent les actifs restants des plus faibles pour améliorer, par la loi du marché, la situation et l'équilibre économique d'ensemble.
Je ne pense pas que ce soit une bonne chose que la capacité d’investissement soit presque exclusivement privatisée. La collectivité devrait être en mesure de financer quiconque a un projet ou une idée. Et cela ne devrait pas faire l’objet d’un marché mais de choix démocratiques.
En cela, j’estime que le terme « libéralisme » est tout à fait approprié. Donc cela me gène que l’état mette de l’argent dans des organismes privés plutôt que d’assurer de façon plus importante cette fonction.
"Adhésion à l'Europe libérale". Là, idem, tu places le mot "libéral" pour qualifier l'Europe et donc la politique de Sarkozy, je suis désolé mais ça n'en fait pas un argument. Je trouve même plutôt simpliste, voire intellectuellement nulle comme démonstration. L'Europe favorise la libre circulation des biens et des personnes, soit. Dans le même temps : elle débloque des fonds colossaux en faveur d'une politique agricole commune (qui sauve les miches des agriculteurs français depuis 50 ans), elle développe des normes environnementales colossales qui n'ont jamais autant emmerdé nos pécheurs et autres employés du BTP, elle a développé des programmes de financement en faveur des collectivités territoriales européennes, des entrepreneurs et des équipes de recherche européennes, dotés de milliards d'euros...
L'Europe est complexe. La résumer à ce mot "libéral", que je trouve plutôt faux pour la qualifier, ressemble plus à un tract communisto-frontiste (malgré tout le respect que je te dois), qu'à une réelle réflexion rationnelle.
Ok sur le fait que l’Europe n’est pas uniquement libérale, et qu’on ne peut la résumer à ça. Heureusement elle est aussi en partie démocratique et le citoyen peut y avoir sa place.
Par contre, elle est libérale a plein d’égard, notamment dans ces traités que nos gouvernements ont toujours appelé à voter et même ratifier contre le désir du peuple. Malgré tout le respect que je te dois, tu as trouvé le moyen en 16 lignes de passer à coté du sens de ma « démonstration » qui tenait elle en 4 mots… Je taquine, mais je me devais de répondre a tes attaques
Bref, arrête de mettre le mot "libéral" partout. Le bilan de Sarkozy est mauvais, comme celui de Chirac auparavant, et de Mitterrand. Est-il libéral pour autant ? Non, et c'est d'ailleurs mon principal reproche à son égard.
Dans la philosophie et les actions, DSK et Hollande (qui l'est tout de même assez peu, n'exagérons rien), le sont davantage que lui.
Leur bilan est en effet mauvais. Leur bilan est mauvais parce que la société est dirigé par une minorité, qui place ses propres intérêts notamment pécuniaire avant l'être humain. Il est d'autant plus mauvais que la démocratie s'est effritée au profit de la logique du marché. Pourtant, les "libéraux" qui sont aux manettes ont vu leur situation s'améliorer de façon très significative. Pour eux, le bilan est très bon.
L'arbre est mort, impuissant mais lucides, nous regardons les feuilles tomber, les unes après les autres.