Cecco a écrit:Du point de vue de la politique économique offre vs demande, je considère que ça dépend juste de ce que l'on a les moyens de faire. Avec 4% de déficit, on peut déjà considérer qu'on fait une politique de relance.
Je pense que tu oublis un élément essentiel dans ton équation, à savoir que cela dépend aussi des moyens que l'on se donne.
La libéralisation de l'économie, tant dans la théorie que dans la pratique de celle-ci depuis 30 ans (en France), réduit la marge de manœuvre de l'état. La privatisation de secteur entier, l'indépendance des institutions comme la BCE aux décisions démocratiques, et leur appartenance à la vision libérale de l'économie...
Bref, 4 % de déficit doit être considérée dans la période où l'on a réduit par exemple le taux d'imposition de 24 % du PIB à 19 % du PIB en 2009, quand le capital voit sa part passer de 30 % à 40 % et donc les salaires de 70 % à 60 % ...
Il me semble qu'il suffit de regarder la répartition des richesses, et sa concentration de plus en plus forte pour se rendre compte que nous ne sommes pas dans une politique de la demande.
Néanmoins, encore une fois, une politique de la relance par la demande, comme par l'offre, est une débilité sans nom de mon point de vue car se basant sur un modèle économique non viable.
Cecco a écrit:La gestion financière de l'Etat est une chose. Mais ce qui parasite complètement le discours de la gauche traditionnelle d'un point de vue extérieur, c'est que en parallèle d'une demande de relance qui peut être légitime, je ne vois aucune vision réelle sur des questions simples: est-ce que les jeunes veulent seulement des emplois aidés? Quelle est l'ambition de la France en terme de positionnement économique et stratégique?...
La partie gauche du PS est perdue. Visiblement, contrairement à leurs collègues, ils leur restent quelque valeurs de gauche, quelques principes. Ils ont vécu longtemps dans une forme d'illusion, où le PS serait un parti qui défend un meilleur partage des richesses.
Or pour défendre un meilleur partage des richesses, il faut nécessairement être anti-libérale. Les illusions sont tenaces, et les contradictions sont nombreuses : aspirer à un monde plus juste, plus égalitaire, et dans le même temps faire carrière dans un monde certainement très concurrentiel et impitoyable...
La crise actuelle du PS est peut-être l'occasion pour ces gens là d'ouvrir les yeux. Mais j'ai peur que pour les plus carriéristes, la fin justifiera l'illusion et le reniement.
Cecco a écrit:Ils ne sont que dans une logique de défense: défense des "acquis", défense des insiders, etc. Cela ne peut pas être une vision d'avenir que de défendre le passé (je ne dis pas qu'il faille détruire les droits sociaux. Je dis par exemple que quand on a un quart des jeunes au chômage, cela devrait être la priorité plutôt que de préserver les statuts et positions de leurs parents).
Si la société penche à droite, c'est bien que la gauche a perdu la bataille culturelle. En étant aussi conservatrice et avec aussi peu de vision, elle a laissé la porte ouverte à la droite pour faire croire que le modernisme, c'était eux.
Le modèle économique n'a que peu évolué depuis 200 ans. Oui, il y a des nouvelles lois, des institutions, des "découvertes" théoriques économiques ... mais fondamentalement, le processus de création de richesse, les acteurs... sont les mêmes.
Les choix économiques de société , à savoir in fine la création et le partage de la richesse se pose autant aujourd'hui qu'il y a 200 ans. C'est pour cette raison que c'est un non sens de parler de "passéiste", de "modernité"...
C'est un argument marketing fallacieux tenu par des communicants/responsables/lobbyistes qui prennent leur auditoire pour des imbéciles. Les pensées socialistes ou marxistes sont apparus dans un monde capitaliste, comme réponse au libre-échange prôné par d'autres théoriciens. Bref, c'est une question politique, de choix, intemporelle dans la période courte (200 ans).
L'arbre est mort, impuissant mais lucides, nous regardons les feuilles tomber, les unes après les autres.