Bibpanda a écrit:
Information
La ministre de la culture, Aurélie Filippetti, a dénoncé, lundi 10 février, les pressions exercées contre des bibliothèques municipales par des personnes exigeant le retrait de certains ouvrages.
« Près d'une trentaine de bibliothèques publiques ont fait l'objet, ces derniers jours, de pressions croissantes de la part de groupuscules fédérés sur Internet par des mouvements extrémistes qui en appellent désormais à la lutte contre ce qu'ils appellent les 'bibliothèques idéologiques' », affirme la ministre dans un communiqué.
Ces actions ont notamment visé les villes de Versailles, Rennes, Nantes, Dole, Toulon, Lamballe, Saint-Etienne, Troyes, Le Chesnay, Massy, St-Germain en Laye, Andernos-les-Bains, Neuilly-sur-Seine, Mérignac, Tours, Strasbourg, Castelnaudary, Quimperlé, Boulogne-Billancourt, Riom, Clermont-Ferrand, Lyon, Viroflay et Cherbourg.
LIÉS AU PRINTEMPS FRANÇAIS
Ces groupes, indique une source proche du ministère, sont liés au Printemps français, mouvement hostile au mariage gay qui dénonce une supposée « théorie » du genre qui serait enseignée dans les écoles, notamment à travers les ouvrages fournis aux enfants.
Lire : Education sexuelle et genre : 5 (autres) intox décryptées
Selon Mme Filippetti, ces groupes « se rendent dans les bibliothèques de lecture publique, exercent des pressions sur les personnels, les somment de se justifier sur leur politique d'acquisition, fouillent dans les rayonnages avec une obsession particulière pour les sections jeunesse, et exigent le retrait de la consultation de tout ouvrage ne correspondant pas à la morale qu'ils prétendent incarner ».
« Il est temps d'en appeler à Voltaire, à l'esprit des Lumières, pour dénoncer ces atteintes scandaleuses à la démocratie et à la liberté », écrit la ministre de la culture qui « réaffirme son soutien le plus absolu au personnel des bibliothèques et aux élus locaux qui doivent faire face à ces agressions dans notre pays ».
Dimanche, le vice-président de l'UMP, Jean-François Copé, s'était, lui, emporté contre le livre pour la jeunesse Tous à poil qu'il présentait comme « recommandé aux enseignants » et dont l'éditeur explique qu'il vise à « dédramatiser la nudité ».
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http://decodeurs.blog.lemonde.fr/2014/0 ... -jeunesse/
Merci à toi d'avoir posté ça, ça méritait d'être relayé.
Il faut savoir que la profession des médiathécaires est encore traumatisée par la gestion des villes par le FN et par l'obligation faite aux agents d'envoyer à l'élu à la culture la liste des acquisitions de livres prévue. La liste revenait avec des titres supprimés. Lesquels ? Pêle-mêle : les contes africains, les documentaires sur la sexualité, les auteurs un peu trop à gauche, un peu trop juifs, un peu trop pas de chez nous. Je passe sur les canards d'extrême-droite imposés (Minute, Présent, National Hebdo) et la suppression d'autres (Le Monde, Libé). Cela allait jusqu'au contrôle de l'action culturelle (conférences, tables rondes,...).
Pour en revenir aux tradis religieux à proprement parler, il est sidérant de voir leur incapacité totale à appréhender une œuvre. Parce qu'en soi, c'est très important qu'un livre, un film, un tableau ou une pièce de théâtre puissent faire l'objet de débats. Les échanges enflammés (avec une bonne dose de mauvaise foi) des chroniqueurs de l'émission
Le masque et la plume dans les années 60-70 étaient un grand moment culturel.
Mais encore faut-il savoir de quoi on parle. Or, le propre des coincés du culte, c'est de ne jamais analyser une œuvre au-delà de leur perception moraliste et pudibonde du monde. Ce n'est plus qu'une question de censure de la part de ces personnes pas très démocrates, le problème est que ces personnes jugent des œuvres dont elles ne comprennent pas un mot.
Les versets sataniques, par exemple, a valu à Rushdie une fatwa alors que le bouquin s'inspire des récits du Coran, de ses paradoxes, de la personnalité complexe et humaine de Mahomet sans que cela ne soit une charge satirique.
Idem pour
La dernière tentation du Christ où le très croyant Scorsese sublime magnifiquement la part humaine d'un Jésus confronté à ses désirs profonds. Il n'y a strictement rien de blasphématoire là-dedans.
Plus récemment, c'est la pièce de Castellucci
Sur le concept du visage du fils de Dieu qui a valu les foudres des tradis alors que la pièce ne parle que d'abandon de soi, de solitude et de misère sentimentale, bref exactement ce qu'a dû ressentir Jésus sur la croix pour ses derniers moments.
La sortie de Copé sur le livre
Tous à poil s'inscrit dans cette même logique : le refus de voir une œuvre dans ses plusieurs niveaux de lecture. Le livre n'a franchement rien de tendancieux, c'est juste une manière d'aborder la question du corps et des complexes avec humour. Les gosses adorent ça et sont tout-à-fait à même de saisir le second degré.
Mais autant on peut toujours aider les tradis/ intégristes en les abonnants au ciné ou au théatre, autant je pense que c'est foutu pour Copé. On ne peut rien faire contre l'indignation politicienne de circonstances.