par fourcroy » 23 Mai 2016, 18:25
Les Grünen Autrichiens sont plus respectables que les Verts, mieux enracinés dans le territoire. C'est devenu plus ou moins le parti de référence des CSP+ intellectuelles. Au reste, van der Bellen est un ancien du parti, mais il s'en est écarté depuis plusieurs années et ne s'est pas vraiment présenté comme le candidat des Verts, mais comme un candidat plus ou moins indépendant soutenu par eux.
Hofer est un modéré du FPÖ, parti qui se cherche une respectabilité depuis la mort d'Haider (lequel avait d'ailleurs quitté le parti). Le FPÖ est l'héritier du courant pan-germaniste, il est nationaliste, pour une Europe des Nations et xénophobe, mais pas raciste, en tout cas pas officiellement. L'évolution est assez parallèle avec celle du FN. On cherche plutôt à faire copain-copain avec le Likoud (qui se méfie beaucoup) et à faire oublier l'antisémitisme traditionnel du parti.
Cette élection en Autriche me semble importante car elle préfigure assez bien de ce qui peut se passer en France. La culture politique y est différente - la spécialité autrichienne est notamment la coalition : la région de Hofer, le Burgenland, est gouvernée par une coalition FPÖ - SPÖ (équivalent FN - PS) ! La référence culturelle au 3ème Reich est ultra-fréquente, mais ça ne passe plus vraiment. L'un des principaux messages de van der Bellen était qu'Hofer avait une interprétation autoritaire du rôle du Präsident, ce que Hofer n'a pas vraiment démenti, mais jusqu'à quel point ? Ni le FPÖ, ni le FN, ne se présentent comme des menaces pour les institutions et la démocratie. Leur assimilation à des régimes politiques au pouvoir au milieu du XXème siècle convainc de moins en moins de gens.
Ce que le FN espère du FPÖ, c'est qu'il montre qu'un parti populiste peut aussi être un vote de second tour.
Quant à l'élection en elle-même, s'il faut retenir les 49,7% de Hofer au deuxième tour et sa victoire en dehors des grandes villes, il faut au moins autant retenir le score minable du ÖVP (les Républicains) et du SPÖ (PS), piteusement éliminés au premier tour et complètement discrédités. Le troisième candidat derrière van der Bellen était Gries, une femme conservatrice modérée et jamais passée par la politique.
"La société de surconsommation, fruit d'un capitalisme dérégulé, relève d'une logique compulsionnelle dénuée de réflexion, qui croit que le maximum est l'optimum et l'addiction, la plénitude." Cynthia Fleury