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Voiture de police brûlée à Paris : qui sont les casseurs ?
Éric Pelletier et Stéphane Sellami (avec Solenne Durox À Rennes)
Ils ont entre 18 et 32 ans. La plupart, proches du collectif d'Action antifasciste Paris-Banlieue, sont étudiants en première année d'histoire, de sociologie ou de géographie. Le plus âgé, chômeur, suit une formation d'éducateur spécialisé.
Des militants d'extrême-gauche
Cinq Parisiens se trouvaient toujours en garde à vue, hier soir, dans les locaux du 2e district de police judiciaire, visés par une enquête ouverte notamment pour tentative d'homicide volontaire sur personne dépositaire de l'autorité publique. Ces militants d'extrême-gauche, suivis depuis plusieurs mois par la Direction du renseignement de la préfecture de police (DRPP) de Paris, étaient auditionnés, soupçonnés d'avoir participé, mercredi, aux violences au cours desquelles une voiture de police a été incendiée. Les deux jeunes fonctionnaires qui s'y trouvaient, un homme et une femme, ont pu s'extraire à temps pour échapper aux flammes, sans faire usage de leurs armes.
Présents sur les lieux
« La présence sur les lieux des quatre plus jeunes est certaine », confie une source proche de l'enquête, tout en invitant à la prudence quant au rôle précis de chacun. La suite de l'enquête dépendra notamment de la comparaison entre les vêtements découverts lors des perquisitions aux domiciles des suspects dans les XIVe (là où vivent les frères B.), XVIe et XXe arrondissements avec les effets portés par les agresseurs.
La police technique et scientifique a, pour sa part, été mise à contribution pour relever des empreintes sur des plots en fer et une pancarte en carton retrouvée à terre à côté de la carcasse calcinée : « Poulets rôtis, prix libre. » Enfin, les vidéos mises en ligne sur les réseaux sociaux sont décortiquées image par image.
Les jeunes militants d'extrême-gauche, issus de milieux plutôt favorisés, ont accepté de donner leur identité mais choisi de garder le silence.
Organisés et mobiles
Selon des sources concordantes, ils figurent sur la liste d'une grosse centaine de militants violents, connus et répertoriés par la DRPP. Un peu moins de la moitié, jeunes pour la plupart, appartiennent à la mouvance « antifa » (pour antifasciste).
Les autres, plus âgés, des squatteurs ou des zadistes, se revendiquent anarcho-autonomes. Bon nombre d'entre eux se sont greffés sur le mouvement social opposé à la loi Travail, quitte à affronter le service d'ordre des syndicats. Organisés et mobiles, ils adoptent dans les rassemblements des méthodes rodées, éteignant leurs portables dès leur arrivée, filmant au besoin pour repérer d'éventuels policiers en civil et profitant du terrain pour harceler les forces de l'ordre.
C'est pourquoi trois d'entre eux étaient visés par l'arrêté d'interdiction de manifester la veille pris par le préfet de police Michel Cadot (lire ci-dessous). Mardi, le tribunal administratif avait annulé la décision visant l'un d'eux, partant du principe qu'elle constituait une « atteinte grave et manifestement illégale à la liberté d'aller et venir et à celle de manifester ».
A Rennes, un projet déjoué
A Rennes aussi, les services de renseignement sont sur la brèche. La surveillance d'un noyau d'activistes d'extrême-gauche a, semble-t-il, révélé un projet visant à interrompre le trafic du métro. Hier, vers 6 heures, 19 personnes ont été interpellées alors qu'elles se livraient ou tentaient de se livrer à des dégradations sur les bornes de validation des tickets dans six stations. Le groupe placé en garde à vue était composé de 14 hommes et 5 femmes, âgés de 20 à 30 ans. Des arrestations qui surviennent après plusieurs épisodes de violence dans la capitale bretonne.